Chapitre 25

10 1 0
                                    

Nisrine:

J'ai du prétexter une constipation sévère aux parents de Sabrine pour qu'ils me laissent parler tranquillement avec leur fille.

Dès mon entrée à la maison, sa maman m'a bombardé de questions. Ce n'était même pas des questions puisqu'elle ne me laissait pas répondre. Tant mieux, je ne saurais pas quoi dire exactement. La voyant dans cet état, les sourcils froncés, les bras croisés, en train de bouillonner à l'intérieur m'avais fais sourire. Elle s'arrêta brusquement de crier, pour me jauger et essayer de comprendre ma réaction totalement absurde. Cependant, ce qu'elle fit fut seulement de lever les bras en un geste théâtral, s'adressant au ciel ou au plafond je ne su dire lequel des deux en lâchant un " Qu'est ce qu'ils ont fait de ma fille ", pour enfin se diriger vers la cuisine.

Après cette scène à laquelle je n'était pas habituée, je pu enfin avoir l'occasion de visiter l'appartement. Ce qui ne me pris pas beaucoup de temps, puisque l'espace était petit. Voir très petit.

J'arrivai à une chambre dont j'appuyai sur l'interrupteur et sursauta en entendant une voix grave s'adresser à moi.

- Oh, je ne voulais pas te faire peur ma chérie. Par contre, toi tu n'as pas pensé longtemps au fait de me donner une crise cardiaque à cause de ta fuite.

Mes yeux venaient de s'adapter à la lumière, quand un homme aux cheveux gris et au visage sympathique apparut devant moi. Ce qui me choqua le plus était de le voir dans un fauteuil roulant. Sabrine ne m'avait jamais parlé de l'handicape de son père.

- Mais dis-donc ton vieux papa ne t'as pas manqué ? Dit-il en me tendant ses bras.
Peu habituée à ces gestes d'affection, je pris un temps de réflexion avant de me blottir dans ses bras. La sensation est indescriptible, jamais je n'ai senti personne m'aimer à ce point. Je sentis mes joues humides; je venais de lâcher quelques larmes. Est ce que c'est parce qu'il est dans un fauteuil roulant? Ou parce qu'il est si tendre avec moi ?
Je me sépare brusquement de lui quand je me rappelle que ce n'est pas moi qu'il aime mais Sabrine sa fille. Je ravale mes légers sanglots et me ressaisis.
- Qu'est ce que tu as aujourd'hui pour que tu sois aussi fleur de peau? Ta petite escapade t'as fais réalisé à quel point tu nous aimes ? Se moqua-t-il doucement.
Il a l'air si compréhensif. Il ne me demande même pas pourquoi je me suis enfuie.

- Tu .. tu ne vas pas me demander pourquoi je suis partie à Casa ? Demandé-je le coeur battant.

- Jad m'as tout raconté, avant même que tu n'y ailles.

Le traître..

- Tu vois ? Tu n'es pas la seule à pouvoir  jouer de la comédie, glousse-t-il. Je serais toujours là pour toi Sabou, quelque soient tes décisions. Maintenant, est ce que tu peux rendre service à ton vieux papa et me mettre au lit?  J'ai eu une longue journée.

J'acquise, le mets au lit, le borde, la boule dans la gorge. Je ne suis pas habituée à cette dose de tendresse et d'inquiétude. D'abord la maman, les petits frères et soeurs et maintenant le pauvre papa.

Je ne peux pas croire que demain je dois aller à l'école de Sabrine, puis travailler à la bibliothèque. Je n'ai jamais travaillé de toute ma vie. Comment vais-je faire demain ? Sabrine m'a rassuré en me disant que Jad son meilleur ami, serait là avec moi. Mais il ne sait pas que je ne suis pas elle. Tout ça me rend confuse, je préfère ne pas y penser. Je dis toujours que ce qui arrivera , arrivera.

Je me mets un des fameux pyjamas joggings de Sabrine. Ceux dont  je me suis moqués auparavant, et surtout ceux que j'adore porter maintenant. Mon téléphone vibre. Quand on parle du loup. Le sois-disant meilleur ami a envoyé un message.

Jad, 22:36 : Prête pour le retour à la réalité demain ?
Moi, 22:36 : si tu savais...
Jad, 22:37 : oh je sais très bien, bonne nuit !

J'ignore l'autre message provenant d'un opérateur téléphonique et me blottis dans ma petite couette.
Le lendemain matin, pleine de courbatures et une magnifique odeur me chatouillant les narines, je me sens partagée entre me lever et me rendormir.
Je finis par céder à mon instinct animalier, que je précise être la faim, et suit l'odeur en la reniflant jusqu'à la cuisine. Ma nouvelle maman est en train de préparer des crêpes. Des crêpes. J'adore les crêpes.

J'avance en reniflant l'odeur qui me mène jusqu'à la cuisine. Ma mère cherche qelque chose dan le frigo. Je saisis l'occasion pour la regarder en détail. Je finis par conclure qu'elle n'a vraiment rien à voir avec ma maman. Je ne suis là que depuis quelques heures et je constate déjà que ma mère et cette femme n'ont rien en commun. Ni au niveau du physique, ni au niveau du comportement.

Je peux dire que les séances de botox de maman sont efficaces, car ayant à peu près le même âge, la maman de Sabrine a déjà pleins de rides autour des yeux et d'autres sur le front. Ses mains, comparés aux mains manucurés de maman, sont la preuve de longues heures de travaux ménagers. Et c'est sur qu'elle ne pratique pas de sport, sa rondeur et sa taille un peu difforme en dit long. Malgré toutes ces petites imperfections, et son air exténué, quelque chose de sympathique se dégage d'elle. Une espèce d'aura qui flotte autour d'elle, et qui attire les gens vers elle. Contrairement à toutes ces petites anglaises riches.


- Sabrine, ma chérie, tu peux continuer à préparer le ptit déj. Je dois filer sinon je n'attraperai pas le bus à temps. Et ne crois pas que j'ai oublié ta petite escapade, on en reparlera après, ajoute-t-elle d'un ton mi sévère mi maternelle.

Je souris. Mais qu'est ce qu'il me prends de sourire à chaque fois qu'elle me gronde ? Ce n'est pas la récation de quelqu'un de normal, s'il te plait cerveau ressaisis-toi!

La porte se ferme, signe que la dame est partie. Je continue de préparer le petit déj tout en souriant. On dirait que ma tête n'en fait qu'à sa tête!

What if ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant