What if ?

Chapitre 28

Sabrine

Les secondes durent des années, et les minutes des siècles. Je me concentre sur le tableau en face de moi. Puis je passe aux écritures sur la table. Je me force à ne pas regarder ailleurs. A ne pas LE regarder. Ces deux heures de colle sont une trop dure torture. Tout en lui m'attire. Comme un aimant. Mais je ne dois surtout pas céder. Jusque-là j'ai désobéis à la majorité des règles de Nisrine, en commençant par les habits, Monsieur Lindman... Mais je me suis fais la promesse de ne pas désobéir à celle concernant Evan.

Les conditions sont dures pourtant. Je sens son regard qui me brûle le dos et sa respiration se fait entendre. Je lève mon poignet pour consulter l'heure et ... Super, j'ai oublié ma montre. Je suis coincée pendant deux heures avec un garçon extrêmement attirant et auquel il m'est interdit de parler et je ne sais même pas quand cette torture va prendre fin.
Tout à coup, sa chaise bouge. NON. J'ai envie de lui crier : Reste ou tu es .. Mais je n'arrive même pas à bouger la tête. Vous connaissez cette sensation? Une sorte de paralysie quand vous entendez un bruit dans le noir juste après avoir regarder un film d'horreur très terrifiant. Vous commencez à vous imaginer quelle sorte de monstre ou d'esprit a fait bouger la chaise. C'est exactement ce type de paralysie dont je parle. Avec une seule petite différence. Le monstre ressemble à un mannequin d'Elite.

Une main me touche l'épaule et sans trop savoir comment, je me lève et lui assène un coup de poing dans le ventre qu'il esquive comme un pro. Il s'éloigne tandis que je regarde ma main ahurie.

- Je sais que j'ai été un connard mais je ne m'attendais pas à une telle rancoeur, dit-il en esquissant un sourire.
Oh un sourire tellement beau.. Mon coeur fond dans ma poitrine. Soudain, je me rappelle de la photo, et du fait qu'il a fait souffrir Nisrine et je me ressaisis.

- Tu as donné ta langue au chat aujourd'hui ou quoi ? Ajoute-t-il en voyant que je ne parle pas.

- Nonmaisjen'aipasenviedeparler, dis-je un peu trop vite. Brûlée, cramée c'est ce que tu es Sabrine.

- Écoute Nisrine, je ne sais vraiment pas quoi te dire. C'est cette vipère d'Aria qui m'a tendu un piège et tu sais à quel point je suis vulnérable quand je bois. C'est elle qui t'a trahit en y repensant. Certes, je ne devais pas m'afficher devant tout le monde en embrassant une fille à cause de l'accord entre nos pères et surtout ta meilleure amie m..

- Ex. Ex meilleure amie l'interrompis-je fière d'avoir jouer mon rôle à la perfection.
- Ce que je veux dire Nisrine, c'est que j'admets avoir commis une erreur, je ne le nie pas mais tu ne crois pas que tu exagères un peu ? On est seulement amis, je ne me trompe pas ?

Pendant tout son discours, je ne regardais que ces beaux iris gris électrisants, et sa fine bouche toute rose jusqu'à ce qu'il me sort ça. On dirait un seau d'eau froide qu'on vient de vider sur mon crâne. C'est une réplique que sort d'habitude un mec à une fille pour la classer dans la friendzone. Mais il se croit qui ? D'accord t'as une jolie tête et des cheveux qui feront jalouser même les filles mais qui t'as dis qu'on voulait de toi Nisrine et moi ? Alors là sans avoir besoin de me mettre dans la peau de cette dernière, je lui réponds illico:
- Biens...su..sûr qu'on est amis.

Quand je me rends compte que je viens de bégayer, je deviens doublement en colère. En colère contre lui, ça on le sait. Et en colère contre moi, parce wue ma réponse sonnait tellement mieux dans ma tête.
- Écoute moi bien à ton tour Evan Wild, on est évidemment bel et bien amis. Mais après ce que tu as fais j'en doute fort. Au lieu d'insinuer que tu me plais ou un truc dans le genre, fais travailler ton cerveau dans le bon sens pour trouver le moyen de rattraper ta bêtise.

Wow, deuxième essai sans bégayer ni parler trop vite. Je me félicite intérieurement.

Jusque-là tout allait bien, jusqu'à ce que je perds le contrôle de ma main droite qui elle par contre ne perdit pas de temps pour flanquer immédiatement une claque à Evan. Oups, qu'est ce que je viens de faire ?

Je relève tout doucement mes yeux, honteuse mais surtout mortifiée. J'ai pas envie de voir sa réaction. Tout s'est déroulé trop vite. S'il me demande maintenant pourquoi j'ai fais ça, je ne saurais quoi lui répondre. J'ai voulu me défendre où plutôt défendre Nisrine d'être accusée de le voir plus qu'un ami mais ce que je viens de faire est la prestation inédite d'une fille jalouse. Je n'ai pas envie de le voir. Mon Dieu faites que la terre m'engloutisse ou que quelque chose arrive et interrompe ce moment.

Ma prière est exaucée : la porte s'ouvre et un homme que je suppose être le surveillant général nous annonce la fin de la retenue. Sans me faire désirer, je cours vers la porte et disparais.

Nisrine va me tuer ...

A moins ... a moins que je ne lui dise rien .