Chapitre 27

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Nisrine

Je suis les instructions de Sabrine à la lettre. Je réveille les enfants, aide Zahra à se préparer, toque chez la voisine, dis au revoir aux autres plus ainé, m'habille et sort enfin pour amener Zahra à l'école. Je n'ai jamais exécuté autant de tâches de bon matin. Mais j'aime faire tout ça. J'aime être dans la peau d'une sœur et d'une fille. C'est comme si cette tendresse était mon énergie, mon carburant. Je ne sais pas pourquoi Sabrine a dit qu'elle n'aimait pas sa vie. Je la trouve géniale.

Zahra est très attachante. Je crois que c'est un peu la préférée de Sabrine. Depuis que je suis venue, elle est toujours collée à moi. Elle est adorable. Ses yeux noisette sont magnifiques.

Je ferme la porte de la maison et lui tient la main. L'école primaire n'est pas très loin. Il faut aller tout droit et tourner à droite. Je sors de la maison pour la première fois depuis mon arrivée.

C'est à peine que je m'éloigne de la maison, qu'un garçon très mignon me barre le chemin. Euh, d'accord, tu veux peut être me sortir une réplique de drague bidon mais j'ai une petite fille à ramener à l'école. Je ne le dis pas fort. Bien sûr.

Il me regarde toujours quand Zahra lui saute dans les bras en criant un « JAD » très fort.

Jad ? Jad ? Le meilleur ami ?

« Le très beau et musclé Jad » susurre ma déesse intérieure d'un ton dégoutant.

Oui peut être qu'elle a raison, mais ce n'est pas le problème. Je ne suis pas prête à le voir maintenant. Je croyais que j'allais le faire tout à l'heure à l'école. C'est totalement différent. Je me serais préparée psychologiquement sur le trajet.

-          Ne fais pas attention à Sabrine, me sortit de mes idées la douce voix de Zahra. Elle est bizarre depuis ce matin. Elle m'a même fait des couettes, regarde.

-          Je vois, il la pose, et me fixe pendant un instant du regard.

Moi aussi je n'arrive pas pas me détacher de son regard. Ses yeux tellement noirs, tellement sauvages. Ces derniers changèrent tout à coup de position pour me scanner de la tête aux pieds. Je me sens mal à l'aise, pas bien, mise à nu. Comme s'il pouvait lire dans ma tête, décrypter mes pensées. Comme si j'étais un livre ouvert. Et je n'aime pas ça.

-          Tes couettes sont très belle papillon, la complimenta Jad.

Je souris à l'attention de Zahra, mais je ne dois plus le regarder d'avantage. Je dois me ressaisir et jouer mon rôle. Mais je ne sais pas qu'est-ce que je dois faire. Le prendre dans mes bras ? Lui faire un high five ? Cette situation est trop bizarre.

-          Contente de te revoir Jad.

C'est tout ce que je dit. Pas d'accolade amicale. Rien. C'est normal qu'il me trouve bizarre. Mais ce garçon me déstabilise. Sa présence me déstabilise. Son regard me déstabilise. Tout en lui me rend 'bizarre'.

Ressaisis-toi Nisrine ! Depuis quand tu es si fleur bleue?

-          Pas de câlin ? lance-t-il donnant fin à ma torture mentale.

Comme réponse, je m'avance vers ses bras grands ouvert qu'il enferme sur moi. Dès que ma peau touche la sienne, je frissonne et il le ressent. Je me détache de lui vite fait et détourne le regard. Cet instant à l'air de durer une éternité alors que quand je vois ma montre, seulement quatre minutes se sont écoulées.

-          Allez Zahra on va être en retard, dis-je pour mettre fin à ce moment gênant.

On dépose Zahra devant son école. Elle est toute contente. Ça me fait chaud au cœur. Je souris et lui envoie pleins de petits bisous pendant que je sens le regard de feu de Jad braqué sur moi.

J'avance comme si de rien n'était. Il engage la conversation.

-          Ta sœur t'as donc tant manqué ?

-          Pourquoi tu dis ça ? lui dis-je en souriant. Bravo Nisrine, maintenant je reconnais la Nisrine sûre d'elle, et capable de tout, me félicite ma conscience.

-          Non rien, c'est juste que tu es plus affectueuse et moins dans les nuages comparé à avant ton départ. Et j'adore ton look. Dit-il d'un ton taquin.

Cette dernière phrase allume une braise dans mon estomac, et je sens que mon visage est tout chaud.

-          Ça ? Je fais allusion à mes cheveux lâchés et à  mon pull que j'ai entré dans mon jean qui épouse parfaitement mes formes. Les formes de Sabrine, je veux dire. Ce n'est trois fois rien, m'efforcé-je de dire en ayant une allure confiante, fin je l'espère.

-          En tout cas, l'air de Casa te va à merveille, à toute à l'heure, ajoute-t-il avant de s'en aller.

Oui, il s'en va tranquillement me laissant rouge comme une tomate.


Le lycée n'est pas comme je l'imaginais. C'est vrai que j'exagérais un peu en pensant qu'ici le lycée serait un endroit paisible où tout le monde était gentil avec tout le monde. Où il n'y avait pas de différences ni de cliques, et surtout pas de garces. Même si à vrai dire maintenant que j'y pense, j'ai honte d'avoir trainé et été classifiée comme une garce pendant toutes ces années en Angleterre. Aria avait une mauvaise influence sur moi.

En trainant dans les couloirs de ce lycée, je réalise que le stéréotype existe bel et bien partout, même dans un lycée public. Je retrouve facilement mes salles de cours et la journée se passe plutôt pas mal. C'est toute une nouvelle vie et je me donne un malin plaisir à la découvrir. Quelques filles sont venues me complimenter sur ma tenue et mes cheveux. Les compliments j'en ai l'habitude. Mais aujourd'hui je n'ai fourni aucun effort sur mon look que d'habitude, ce qui veut dire que Sabrine est celle qui ne fait vraiment AUCUN effort et pourtant elle a du potentiel. Je commence à stresser à propos de ce qu'elle met comme habits en étant moi, je l'ai pourtant prévenue.

La sonnerie qui indique la fin des cours retentit. Une sonnerie identique à celle d'une prison dans Prison Break. Je sors un peu frustrée par le cours de maths auquel je viens d'assister. Le prof parlait un peu trop vite, ce qui me déroute moi qui a l'habitude à des cours en anglais. Heureusement que je maitrise toujours aussi bien le dialecte marocain. Mais ce prof je n'arrive pas à le déchiffrer. Jad est debout à côté du portail de sortie, ses mains dans les poches en train de chercher quelqu'un. Quand il me voit, il sourit. Un sourire tellement craquant que j'ai l'impression de fondre sur place.

Et ça recommence, j'ai réussis toute la journée à rester confiante et classe et il réussit avec un sourire et une fossette à me rendre toute rouge et troublée comme une fille de 14 ans devant son boy band favori. Et pourtant de beaux garçons j'en ai vu des tonnes. Evan était un beau garçon et pourtant jamais quelqu'un n'a pu si facilement me troubler.

-          Prête pour trois petites heures de travail ? dit-il le sourire toujours aux lèvres.

-          Quel travail ?

Je ne me rappelle pas avoir entendu parler de travail, sauf si c'est en relation avec ce que m'as dit hier Sabrine à propos d'une librairie. J'étais assez fatiguée hier. Néanmoins, il faut que je me rattrape.

-          Je veux dire oui le travail ! à la librairie ! bien sûr que je suis prête !

Et j'ajoute :

-          Je suis toujours prête.

Je lui fais un clin d'œil et tourne les talons.

Ma déesse intérieur tape des mains et siffle: Ma Nisrine est enfin de retour !

What if ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant