CLAIRE
C'est pas vrai ! les voilà qu'ils recommencent !
Je me bouche les oreilles des deux mains. Malgré cela, les gémissements de la nana en chaleur, provenant de l'appartement d'à côté, continuent de plus belle. Je regarde mon portable pour la cinquième fois : trois heures du matin ! Ma réunion est dans six heures. Je sais d'avance que je vais être dans un sale état.
Depuis quelques jours et cela grâce aux ébats de mon voisin, je me tape des cernes sous les yeux que je n'arrive même plus à estomper, quand bien même si je me suis acheté une crème de marque qui m'a coûté la peau des fesses. C'est un fait, le manque de sommeil n'arrange en rien mon humeur et encore moins la tronche que je me tape en ce moment. Me voilà encore bonne pour me faire appeler miss panda par les collègues du lycée où je travaille !
Mais bon, depuis que j'ai entendu le propriétaire d'à côté rentrer vers minuit dans un brouhaha de cris stridents, je me suis doutée de ce qui m'attendait !
Même si j'essaye de préserver une bonne entente avec mes voisins, certains d'entre eux ne le méritent pas. À commencer par celui de mon palier : mannequin de son état, il part, fort heureusement, pour ses shootings photo un peu partout dans le monde. Ce qui me permet de ne le croiser que rarement.
Notre concierge se fait une joie de montrer qu'elle est intime avec lui, me racontant la vie de son petit chou, comme elle aime l'appeler... d'où les renseignements que je détiens sur ses absences répétées.
Le superbe duplex, dont il est propriétaire, est en quelque sorte son pied-à-terre parisien. Madame Bertrand, la gardienne, la petite cinquantaine, semble jouer les cougars avec lui, mais en attendant, ce n'est pas elle qui doit se coltiner les ébats sexuels de son gâteau préféré.
Pour ma part, je n'ai jamais eu aucune intention de le côtoyer. Oh, ça non ! Très peu pour moi ! Les paroles que nous avons échangées en un an sont de simples formules de politesse, ni plus ni moins. Contrairement aux autres femmes du voisinage, je n'attends aucune attention de sa part !
Ce mec est le genre de type sûr de son charme, qui s'amuse à séduire d'un seul regard. Il est dans la trentaine, brun, yeux ensorceleurs, doté de beaux pectoraux qui lui donnent une allure folle. Mais bon... normal qu'il soit canon, sinon il n'aurait jamais fait carrière dans le mannequinat !
Son petit jeu aguicheur marche admirablement sur la plupart des femmes, mais... pas avec moi ! Pour ma part, Enrique Martins est un queutard, un coureur de jupons invétéré. J'ai vécu toute ma vie dans cet appartement qui a été légué, par mon grand-père, à mes parents. Ces derniers, artistes, y avaient aménagé leur petit nid d'amour, juste avant ma naissance. Puis, nous y avions vécu heureux pendant quelques années, jusqu'à ce que ma mère décide que Paris n'avait plus rien à lui apporter, question inspiration...
Ils sont donc partis dans un petit village sur la Côte d'Azur. À cette époque, je ne voulais nullement quitter mon emploi dans le lycée où je travaillais, alors ils m'ont offert la possibilité de reprendre le logement.
Une aubaine pour moi, car, aujourd'hui, mon contrat de surveillante arrive à son terme et avec mon salaire, je ne pourrais pas trouver mieux. D'autre part, il va falloir que j'envisage sérieusement mon avenir professionnel !
Je veux continuer à travailler avec les jeunes : ça, j'en suis certaine. Je pense de plus en plus à une formation qui débuterait en septembre, ainsi je pourrais devenir éducatrice spécialisée, comme je l'ai toujours espéré.
Mais, ce n'est pas en passant une nuit blanche que je vais pouvoir être disponible le lendemain.
Bordel ! D'habitude, il ne ramène pas ce genre de donzelle, du moins, pas de si bruyante. Et pourtant, le peu de fois où il est revenu à Paris, il a invité du beau monde.
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L'aimer ? Même pas en rêve ! ( titre disponible en intégralité à la vente).
RomancePrésentation de mes histoires.