Chapitre 1

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Pensive, Irène regardait par la fenêtre les oiseaux s'envoler. Qu'elle aurait aimé être comme eux. Mais...

"Irène ! Vous m'écoutez ?" demanda son professeur.

La jeune fille baissa la tête, et son professeur soupira. Il s'assit sur une chaise et la sermonna :

"N'oubliez pas Mademoiselle que vous êtes une vicomtesse, et que vous avez des obligations. Vous ne pouvez..."

Et le voilà parti sur une longue tirade qu'Irène écoutait à moitié. Ça elle le savait. Elle avait eu droit au même discours le jour d'avant. Et celui d'avant aussi. Et d'aussi loin qu'elle se souvienne, on lui avait toujours tenu ces mêmes mots. Mais elle aurait tellement aimé être libre. Lorsque le professeur eut fini de parler, Irène hocha la tête, avant de se lever, prête à sortir de la pièce pour courir dans le jardin, mais son professeur l'arrêta net :

"Allez donc vous préparer pour la visite des Trancy."

Le coeur de la jeune fille se mit à tambouriner dans sa poitrine à l'entente du nom, mais elle ne laissa rien paraître. Elle se rendit à la salle d'eau, où l'attendait Lucy, une jeune Irlandaise de vingt-huit ans qui était à son service depuis sa plus tendre enfance. Irène se déshabilla et plongea son corps dans l'eau chaude de la baignoire. Elle profita de ce moment de paix pour réfléchir. Une boule de stress tordait son ventre en pensant à ce repas tant redouté. Elle ne voulait pas y aller. Et Lucy ne faisait rien pour l'aider.

"Mademoiselle doit être heureuse. Vous allez rencontrer votre fiancé aujourd'hui."

Heureuse ? Si elle avait pu, Irène se serait enfuie depuis bien longtemps. Mais sa position l'en empêchait. Fille unique, elle était à la tête de plantations de thé en Inde. A treize ans, la plupart des filles s'amusaient dans leurs jardins, sans se préoccuper d'autres choses que de leurs habits. Elle, elle restait dans son bureau, à s'occuper des affaires que sa famille avait laissé avant elle.

Irène soupira et sortit de l'eau. Lucy lui tendit une serviette et alla chercher les vêtements de sa maîtresse. La vicomtesse se regarda dans le miroir avec une moue boudeuse sur le visage. Ses longs cheveux coulaient le long de son dos et ses yeux bleus brillaient d'un éclat terne. Elle se retourna légèrement en dégageant son cou. Une étoile noire marquait sa peau. Irène secoua la tête, en laissant ses cheveux cacher sa marque. Une stupide marque de naissance qu'Irène préférait taire. Elle n'aurait pu dire pourquoi, mais elle sentait que cela risquait de lui poser des problèmes. Elle fut coupée par Lucy qui entra dans la pièce, les habits de sa maîtresse dans les bras. Irène grimaça au moment où le corset comprima son ventre. La minceur était la mode cette époque pour toutes les femmes. La brune préférait cent fois être ronde et pouvoir respirer librement. Déjà qu'elle luttait pour trouver de l'air en temps normal, là, elle était au bord de l'asphyxie. La servante l'aida à se vêtir d'une robe noire, ainsi que de gants et de bottines, noirs aussi. Son accoutrement faisait jaser les langues, et la plupart des gens la surnommaient "La Dame Noire", en référence à la couleur qu'elle n'avait jamais cessé de porter. Le noir de la souffrance, de l'horreur, de la colère, de la tristesse qu'elle portait en elle. Mais ça, personne ne le savait. Lucy commenta doucement :

"Vous savez... Vous n'êtes plus obligée de continuer de porter le deuil de votre mère.
_ Je le sais."

Lucy coiffa sa maîtresse en l'informant :

"Votre oncle vous attend en bas."

Irène hocha la tête, et dès que Lucy eut fini, elle alla retrouver son oncle à l'entrée.

"Voilà le magnifique petit rossignol qui s'envole loin de son nid.
_ Moi aussi je suis contente de vous revoir, oncle Aleister", fit sa nièce d'un ton morne.

Lord Aleister Chamber lui sourit, et elle lui répondit par son air blasé qu'elle affichait au quotidien.

Il la conduisit au carrosse, où attendait deux autres hommes, un homme blond et un prêtre

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Il la conduisit au carrosse, où attendait deux autres hommes, un homme blond et un prêtre. Irène s'installa sur la banquette en tournant son visage vers la fenêtre. Elle n'avait pas envie de parler. Pourtant, la curiosité l'emporta et elle finit par demander au blond :

"Qui êtes-vous ?
_ Je suis Arnold Trancy. Vous êtes sûrement la fiancée de mon neveu.
_ Oui, acquiesça Irène avant de se retourner vers le prêtre. Que faites-vous là, mon Père ?
_ Le comte Trancy m'a invité. Nous devons en savoir plus sur sa disparition."

Disparition. Parfois, Irène le maudissait d'être revenu. Tout aurait été plus facile dans ce cas. Elle ne voulait pas de ce mariage. Elle ne voulait pas de cette union qui la retiendrait prisonnière d'une vie qu'elle n'aurait pas choisi. Depuis toute petite, on lui rabâchait sans cesse que cette alliance était très importante, que c'était un bon parti.  Et elle n'avait jamais cessé de demander pourquoi. Pourquoi ? Ce mot était ce qui la reflétait. Une fille curieuse, s'intéressant à tout, se posant des questions sur la vie, et son sort en général. Le petit Trancy avait disparu, pourquoi lui parler de mariage ? Il y avait peu de chances qu'on le retrouve. Et pourtant. Le garçon de son cauchemar était réapparu brusquement, brisant tous rêves d'échappatoire.

Le carrosse s'arrêta et Irène sortit en vitesse, ignorant la main que lui tendait son oncle. Elle faillit s'écrouler sur le sol, mais elle se retint de justesse. Elle devait rester digne en toutes circonstances. Les portes du manoir s'ouvrirent et un cri retentit :

"Oncle Arnold !"

Un garçon blond sauta dans les bras d'Arnold Trancy, sous les yeux éberlués d'Irène

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Un garçon blond sauta dans les bras d'Arnold Trancy, sous les yeux éberlués d'Irène. Il avait des yeux bleu ciel et un sourire malicieux. Il salua Aleister et le prêtre, avant de se tourner vers Irène. Il la contempla un moment, nota son air blasé, et demanda ;

"Qui êtes-vous ?
_ Je suis Irène Blackbird, vicomtesse de Blackbird. Et... je suis votre fiancée."

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant