Chapitre 58

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"Irène ? Réveille-toi", lui murmura Aloïs.

La jeune fille entrouvrit les yeux, à moitié endormie.

"Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en se levant.
_ On est arrivé chez Diedrich, l'informa Grey avant de voir le visage livide de son amie. Ça va ?
_ Je ne me sens pas bien, avoua la jeune fille, la bouche pâteuse.
_ Tu vas pouvoir te reposer", la rassura Aloïs en la portant dans ses bras.

Irène posa sa tête sur l'épaule de son fiancé, trop fatiguée pour tenter de parler ou de comprendre ce qui se passait autour d'elle. Elle réagit seulement lorsqu'on la posa sur un lit moelleux.

"Où est Sullivan ? Je veux la voir, murmura la vicomtesse.
_ Je suis là, s'écria une voix à côté d'elle. Bon vous autres, sortez un instant, je vais la soigner.
_ Mais..., commença Ciel.
_ Allez-vous en, grogna Irène. S'il vous plaît."

Ses derniers mots inquiétèrent les garçons, qui finirent par sortir. Irène rouvrit ses yeux et Sullivan lui sourit.

"Tu es affreuse, rigola l'allemande.
_ J'aime quand tu me complimentes", ironisa Irène.

Sullivan posa sa main sur le front de son amie, et la rassura :

"Je pense que c'est de la fatigue, tout simplement. Tu as passé la plupart des nuits à veiller sur ton fiancé puis sur Wolfram. Tu dois juste te reposer."

Elle couvrit son amie et s'allongea à côté d'elle.

"Je suis impatiente d'arriver en Angleterre, avoua Sullivan. Je pourrai en savoir plus sur les remèdes et aider les gens. Peut-être même les sauver.
_ Tu réussiras à coup sûr, sourit Irène en se tournant vers elle. Tu es très intelligente. Tu vas faire une révolution à toi toute seule !"

Sullivan sourit et prit les mains d'Irène sous les couvertures.

"Est-ce que je peux t'avouer quelque chose ? Tu es la seule ici qui pourrait peut-être me comprendre...
_ Je t'écoute.
_ Je n'ai jamais vu aucun homme avant que vous n'arriviez au village, toi et Aloïs. A part Wolfram, mais il ne compte pas. Dans les livres, on parlait toujours du fait que les hommes et les femmes étaient liés, qu'ils devaient être ensemble parce que c'était ainsi mais... Et si les femmes étaient attirées par le même genre ?"

Irène se redressa, surprise.

"Qu'est-ce que...
_ Je n'ai jamais rien ressenti pour des garçons mais... Pour les filles oui, finit Sullivan dans un murmure.
_ Je vois..."

Sullivan la regarda, paniquée.

"Tu me détestes ?
_ Non ! s'écria Irène. Ce n'est pas ça... Je comprends ce que tu vis, mais il vaut mieux que ça ne se sache pas.
_ Pourquoi ?
_ C'est très mal vu Sieglinde. Et très dangereux. Les gens ne sont pas d'accord avec ça. C'est... impur pour eux."

Sullivan hocha la tête, blême.

"D'a... D'accord.
_ Mais ça ne changera rien entre nous, lui promit Irène. Je t'accepte comme tu es."

La sorcière se mit à pleurer de soulagement et serra la vicomtesse contre elle.

"Merci... Merci infiniment", sanglota son amie.

Irène caressa ses cheveux, pensive. Si seulement tu savais...

Lorsqu'Irène se sentit un peu mieux, elle descendit dans le salon où l'attendait Ciel, Grey et Aloïs. Ils lui apprirent qu'Undertaker était allé chez Diedrich et qu'ils avaient parlé de Vincent Phantomhive, et surtout du fait que d'après lui, le comte vivait toujours.

"Il faut que nous sachions ce que Undertaker a en tête..., commença Ciel.
_ Nous ?"

Les garçons regardèrent Irène, surpris.

"Oui... Tu nous accompagneras...
_ Non merci, sans façon, répondit Irène, sans se démonter devant les regards ébahis des garçons. J'arrête tout.
_ Mais, tu es une noble du mal ! s'écria Grey. Tu ne peux pas quitter ton poste comme ça. Personne ne l'a jamais fait.
_ Je serai la première alors !"

Irène se leva fièrement et sortit de la pièce, suivie d'Aloïs.

"Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il, perplexe. Pourquoi..."

Il faillit percuter sa fiancée qui s'était retournée et se dressait maintenant face à lui, les bras croisés.

"Je ne veux plus être une noble du mal. Je ne veux plus souffrir. J'ai vraiment cru que j'allais te perdre et... Je ne veux plus que tu risques ta vie.
_ Et donc, qu'est-ce que tu comptes faire ? Quand la Reine apprendra ça, elle ne nous laissera pas partir aussi facilement.
_ Sauf si elle perd notre trace, sourit la vicomtesse. J'ai eu le temps de penser à tout ça en Allemagne, et je suis sûre que Niina acceptera sans problème de nous héberger pendant quelques temps.
_ Tu veux qu'on s'installe en Bretagne ?"

Irène perdit son sourire.

"C'est une mauvaise idée ?
_ Non ! Je suis totalement pour ! Mais tu es sûre que tu seras capable de t'éloigner de ta famille ? Ton oncle, Redmond, Ciel...
_ Ne te préoccupe pas d'eux, ils se débrouilleront très bien sans moi et inversement."

La jeune fille saisit la main de son fiancé et s'agenouilla lentement devant lui. Aloïs étouffa une exclamation de surprise tandis qu'Irène rayonnait, incapable de retenir son sourire.

"Aloïs Trancy, fit cérémonieusement sa fiancée, veux-tu m'épouser pour le meilleur et pour le pire ? Je t'avoue que ça sera plutôt pour le pire, mais...
_ Oui ! cria Aloïs en la prenant dans ses bras et en la faisant tourner. Mille fois oui !"

Il l'embrassa passionnément et la reposa sur le sol. Il enleva les mèches qui tombaient devant les yeux de sa fiancée et lui murmura :

"Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie.
_ Dans la mienne aussi", susurra sa fiancée en riant.

Elle posa sa tête sur l'épaule d'Aloïs et susurra :

"Le prochain train est dans quatre heures."

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant