Chapitre 9

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Les deux jeunes gens se mirent à courir dans les couloirs, et ils finirent par descendre dans une cave. Ciel s'arrêta, essoufflé, et les yeux exorbités.

"Sebastian, murmura-t-il.
_ Où ?"

Mais le jeune homme était déjà parti. Il s'arrêta en regardant autour de lui.

"Je connais cet endroit, fit-il avant de se plier en deux pour vomir sur les pieds de la jeune fille.
_ Dégoûtant, commenta la jeune fille en grimaçant. Mais ce n'est pas grave, je détestais ces chaussures."

Sa tentative d'humour ne réconforta pas le garçon, qui commençait à paniquer.

"Je dois sortir d'ici."

Il courut vers la sortie, Irène sur les talons. Mais ce n'est pas possible ! songea la jeune fille. Qu'est-ce qui se passe ici ? Ils finirent par débarquer dans le parc, et Irène conduisit Ciel jusqu'à la forêt. Il s'adossa à un arbre, le souffle court. Irène glissa contre l'arbre et lança :

"Je peux avoir des explications ?
_ Mais bien sûr, ma chère Irène."

La jeune servante était face à eux, et Irène s'étrangla en la reconnaissant:

"Aloïs !? Joli déguisement, railla-t-elle.
_ Merci beaucoup. Le tien est pas mal non plus.
_ Que veux-tu ? demanda Ciel.
_ Je te veux."

Irène se figea, avant de réagir :

"Tu peux répéter ? Il me semble que je n'ai pas très bien compris.
_ Je veux Ciel. Tout simplement.
_ Suis-je la seule à qui cette phrase fait réagir ?"

Claude surgit de derrière son maître, ainsi que trois garçons. Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau, se dit la brune. Enfin, plutôt trois. Pourquoi mon esprit essaye de faire de l'humour dans des situations critiques ? Ciel s'avança :

"Tu croyais que j'allais te sous-estimer ?"

Sebastian sortit de l'obscurité et se plaça à côté de Ciel. Irène grimaça :

"Vous croyiez que j'allais tout comprendre d'un claquement de doigt ?
_ Tu es hors de cette histoire Irène, lança Claude. Tu devrais t'en aller.
_ M'en aller ? Vous n'êtes pas sérieux ? Mon fiancé et mon ami vont faire un combat de majordome pour savoir qui aura qui. Je vais rester."

Claude secoua la tête et Aloïs annonça :

"Si tu ne réagis pas comme il le faut, tes amis vont mourir. Les gens que tu aimes, les gens qui t'aiment, ta fiancée,...
_ Tu as une fiancée ? s'écria Irène. Pourquoi tu me l'as pas dit ?"

Ouhouh ! Tu viens de casser le monologue du méchant ! Irène secoua la tête face à sa conscience. Elle commençait vraiment à devenir agaçante. Ciel haussa les épaules :

"Vas-y, si tu l'oses."

Irène le dévisagea, lorsqu'elle sentit quelque chose de loud heurter le haut de son crâne. Elle s'effondra sur le sol, au pieds de Ciel.

Toujours dans le néant. Irène flottait, légère comme une plume. Elle s'attendit à retrouver ses cauchemars habituels, mais une voix vibra dans son esprit :

"Irène Blackbird ?
_ Oui, c'est moi, répondit la jeune fille. Que me voulez-vous ?
_ Alors, ça fait quoi d'être une meurtrière ?"

Irène resta sans voix, et sentit son souffle s'accélérer. Elle répondit d'une voix neutre :

"Je ne vois pas de quoi vous parlez !
_ Ah bon ? Pourtant, reprit la voix, tu sais exactement de quoi je parle.
_ Arrêtez !
_ Tu l'a tuée ! Tu l'as tuée !
_ Stop !
_ Comment peux-tu le nier ? Tout est de ta faute !
_ Non, cria Irène en secouant la tête. Je n'ai rien fait...
_ Si, tu l'as fait ! Tu l'as tuée, et tu t'es condamnée par la même occasion. N'oublie pas Irène, les gens le sauront tôt ou tard. Et tous ceux qui t'aiment t'abandonneront."

"Irène... Irène réveille-toi... Irène !"

La jeune fille envoya un coup de poing à la personne au-dessus d'elle et ouvrit les yeux. Aloïs se tenait le nez en grimaçant :

"Tu es forte.
_ Que s'est-il passé ? Où est Ciel ?
_ Pourquoi t'occupes-tu plus de Ciel que de moi ?
_ Parce que c'est toi qui t'es attaqué à Ciel. Où est-il ?
_ Il est retourné dans la salle de bal. Il n'a rien."

Irène souffla de soulagement et Aloïs hurla hargneusement :

"Qu'a Ciel de plus que moi ? Pourquoi le préfères-tu à moi ? Tu es ma fiancée, tu dois m'aimer !"

Il attrapa Irène et se mit à la secouer et la jeta à terre. Irène se releva immédiatement et gifla Aloïs de toutes ses forces.

"Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Ciel est le seul ami que j'ai eu de ma vie.
_ Ami ? répéta Aloïs.
_ Compagnon, j'ai dit compagnon. Écoute un peu quand je te parle. Il sera peut-être le seul que j'aurai, alors ne viens pas me hurler dessus en me reprochant de rester avec lui ! Et ce n'est pas parce que je suis ta fiancée que je dois t'aimer ! J'ai le droit d'aimer qui je veux, comme je veux et quand je veux !
_ Tu le préfères à moi ? murmura le blond.
_ Peut-être bien."

Le garçon baissa la tête, attristé, avant de lancer hargneusement :

"Tu peux rester avec Ciel si tu le veux ! Moi j'ai Claude !"

Le majordome s'avança pour se retrouver derrière son maître et Aloïs l'enlaça, le regardant avec envie. Irène croisa le regard de Claude et elle fut formelle : il n'aimait pas le comte. Ça se voyait dans ses yeux.

"Si vous le dites !" lâcha froidement Irène en s'éloignant.

Attends, attends, réagit la conscience de la jeune fille. Il attaque Ciel, te réveille de ton coma, te hurle dessus, avant de t'avouer qu'il aime son majordome. Il n'y a pas quelque chose qui te gênes là-dedans ? Franchement, non, ironisa l'adolescente. Elle ne comprenait pas Aloïs, et ça, c'était ce qu'elle détestait le plus. Ne pas comprendre les gens. Parce qu'Aloïs n'était pas comme les autres. Elle était sûre que Claude était son démon et qu'ils avaient certainement une relation un peu plus... intime, cela ne faisait aucun doute. Mais elle voulait savoir ce qui l'avait poussé à faire ce pacte. Même si elle se répugnait à le dire, Aloïs Trancy l'intriguait. Et elle comptait bien découvrir le secret qu'il cachait.

Lorsqu'elle retourna à la salle de bal, Aloïs dansait avec Elizabeth. Le comte la remarqua et lui lança un sourire goguenard. Irène haussa les sourcils, se dirigea vers Ciel et lui tendit sa main.

"Comte Phantomhive, m'accorderiez-vous cette danse ?
_ Vous ne devriez pas danser avec votre fiancé ?
_ Mon fiancé est avec la vôtre. Alors ?
_ Avec plaisir, Irène.
_ Par contre, attendez-vous à ce que je marche sur vos pieds."

La brune entraîna le comte entre les danseurs, et ils se mirent à danser, sous les yeux furieux d'Aloïs. Pendant ce temps, Vladimir flânait dans le jardin. Il finit par s'adresser à la silhouette qui se tenait derrière lui :

"Tu sais que la protéger devient de plus en plus dur ?
_ Ça ne m'étonnes pas, lança Claude. Si elle savait qui elle était vraiment.
_ J'aimerai bien le savoir aussi Claude. Pourquoi veux-tu à ce point la protéger ? Serait-ce pour son âme ?
_ Ne me dis pas que..., commença Claude en serrant les poings.
_ Je n'ai pas goûté son âme, répliqua Vladimir, même si cela devient de plus en plus dur de ne pas céder à la tentation. Son odeur est divine. Une pointe de colère, un soupçon de tristesse,... Et les deux ingrédients les plus enivrants sont la culpabilité et le remord. Un délicieux cocktail de saveurs.
_ Tu n'as pas intérêt à la toucher, gronda le majordome des Trancy. Je suis la seule personne qui mangera cette âme.
_ Si tu le dis, grimaça Vladimir. Mais elle est courageuse. Et elle se battra jusqu'au bout pour que personne ne touche son âme. C'est une Blackbird, ne l'oublie pas."

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant