Chapitre 30

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"Et si quelqu'un te voit habiller comme ça ?
_ Personne ne me reconnaîtra, et au pire, je n'en ai rien à faire de leurs remarques.
_ Tu me désespères Irène.
_ C'est pour ça que tu m'aimes, non ?"

Irène remontait les couloirs, en chemise et en pantalon, tandis qu'Aloïs trottinait derrière elle. Lors de sa dernière remarque, Irène se mordit les lèvres et accéléra, au grand dam de son fiancé.

"Ralentis un peu !
_ On doit retrouver Ryan !
_ Et pourquoi est-ce qu'on descend dans la soute ?
_ Depuis tout à l'heure, j'ai des impressions, avoua la brune. Ne me demande pas comment, mais je sais que Ryan est quelque part en bas. Fais moi confiance."

Les deux adolescents finirent par arriver en bas des derniers escaliers, et Aloïs se cramponna à sa fiancée.

"Il fait noir, j'ai peur.
_ Je suis avec toi, le rassura Irène. Je ne te lâche pas."

Elle le prit par la main et avança doucement, pour ne pas se cogner contre les parois. Un liquide poisseux lui arrivait jusqu'au dessus des chevilles et entrait dans ses chaussures. Une forte odeur métallique régnait dans la pièce et Irène bredouilla :

"C'est... C'est du sang !
_ Qu'est-ce que vous faites ici ?"

Irène frappa l'inconnu avec force, avant de balbutier :

"Sebastian ?
_ Irène ?"

La voix de Lizzy paraissait sortir de nulle part, et celle de Ciel ordonna :

"Sebastian ! Il nous faut de la lumière !"

Une flamme orangée illumina la pièce et Irène sursauta :

"Snake ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
_ Cela faisait longtemps, c'est-ce que dit Emily, répondit le dresseur de serpent.
_ Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce qui se passe ici ?  C'est quoi tout ce sang ?
_ Est-ce que tu peux d'abord nous dire pourquoi tu es habillée en homme ? grinça Ciel.
_ Les morts revivent ! coupa Elizabeth, horrifiée. Il y avait des tas de cercueils et...
_ Attends, un instant, la coupa Irène. Ceux sont les seuls cercueils de ce bateau ?
_ Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Ciel.
_ Il y a deux cales sur ce paquebot, se remémora Irène, c'est mon oncle qui me l'a dit. Un sous le pont, et un à l'avant.
_ Ça voudrait dire, énonça calmement Aloïs, qu'il y a d'autres morts de l'autre côté ?
_ Nous n'avons qu'à demander à Ryan", fit Sebastian avec un sourire.

Il arracha une toile de tissu qui cachait le médecin et l'attrapa par le bras.

"Alors Ryan, est-ce que cette jeune fille a raison ?
_ Oui, bredouilla-t-il, mais... Dans la soute avant, nous avons entreposé dix fois plus de spécimens que dans celle-ci."

Un long silence s'ensuivit et Irène répéta calmement :

"Dix fois plus de spécimens, c'est ça ? Vous êtes idiot ? Si les morts se réveillent... Nous mourrons tous ici !
_ Comment avez-vous combattu les mort ? demanda Aloïs.
_ Leur point faible est la tête. Mais il y avait beaucoup trop de créatures... Si Sebastian n'était pas intervenu, nous serions morts, réfléchit Ciel. Alors combattre contre deux fois plus d'adversaires...
_ On doit se séparer. Un groupe est chargé d'arrêter les morts, décida Irène en prenant la tête des opérations. Ciel et Lizzy, vous vous en occupez ?
_ D'accord ! s'écria la blonde.
_ Emmenez Sebastian et Snake, conseilla Aloïs. ils vous seront utiles si les morts vous attaquent. Et ils pourront garder un oeil sur Ryan. Irène et moi...
_ Nous allons prévenir tout le monde pour faire évacuer le bateau. Allons-y !"

Les deux groupes se séparèrent et Irène se dépêcha de gravir les escaliers, entraînant Aloïs dans son ascension.

"J'espère qu'ils vont bien en haut !" souffla la brune en s'arrêtant sur le palier des premières classes.

Elle se figea en voyant les corps ensanglantés éparpillés sur la moquette. Aloïs la prit par la main et l'éloigna doucement de la scène macabre.

"Tu n'y peux rien.
_ Je suis impuissante."

Irène posa une main sur sa bouche et recula, avant de se pencher pour vomir sur le sol. Aloïs retint ses cheveux dans son dos et lui murmura :

"Chut, Irène. Calme-toi. Tu es forte, ils ne peuvent rien te faire. Tu vas te lever et tous les tuer. D'accord ?"

Irène releva la tête et serra les poings.

"Ils vont le regretter."

Irène se tenait au milieu de la pièce, les mains crispées sur deux couteaux à viande, et contemplant l'amoncellement de corps qui se tenait devant elle. Ses vêtements étaient tachés de sang et Aloïs sortit enfin de l'armoire où l'avait enfermé sa fiancée. Il resta sans voix en pensant à l'ampleur du combat : une mare de sang lui arrivait aux mollets et Irène semblait à bout de force. Elle chancela vers lui avant de souffler :

"Il faut... Il faut faire évacuer les survivants. J'imagine que ça a déjà commencé... Mais il faut les aider.
_ Tu entreras dans le premier canot de sauvetage.
_ Non ! refusa la jeune fille. On doit... On doit les aider !"

Le bateau trembla et Irène sentit son corps lâcher. Elle tomba dans ses bras et Aloïs la déposa sur un divan qui avait échappé au massacre.

"Qu'est-ce que c'était que ça ? gémit Irène.
_ Je n'en ai aucune idée ! Ça va ?
_ Ça va, mais je ne partirai que dans le dernier canot !" s'entêta la jeune fille.

Il voulut la résonner, mais une voix le coupa net :

"Quel rouge flamboyant teint les murs de cette pièce ! Un beau rouge écarlate digne de la plus belle rose de ce monde.
_ Grell, murmura Irène. Tais-toi.
_ Pauvre petite Irène, s'apitoya le shinigami en s'approchant d'elle. Besoin d'aide ?
_ Une Blackbird n'a jamais besoin d'aide."

Irène se releva et s'accrocha à Aloïs pour ne pas tomber.

"Vous le saviez, qu'il y allait avoir autant de morts ce soir. C'est toi le collègue que Ronald attendait.
_ Bien joué, mais ce qui est fait est fait.
_ Je sais, murmura Irène. Je sais.
_ Oh tiens ! Mais qui vois-je ? ironisa Ronald en entrant dans la pièce. Notre belle Irène est en mauvaise position à ce que je vois. Regarde ton côté droit."

La jeune fille obtempéra et s'aperçut avec horreur qu'une profonde balafre barrait son ventre. Aloïs tira le col de sa chemise jusqu'à révéler l'oiseau noir sur son épaule et annonça d'un ton sans réplique :

"Tu vas dans le canot de sauvetage. C'est un ordre."

Irène le regarda, choquée. Pour la première fois depuis leur pacte, Aloïs lui donnait un ordre. Battue, elle baissa la tête et murmura :

"Yes, your Highness"

Irène serra des poings et détourna la tête lorsqu'Aloïs la prit dans ses bras. Grell ricana et lorsque les deux adolescents sortirent de la pièce, ils entendirent la voix de Ronald les prévenir :

"Faites vite ! Si mes calculs sont bons, ce paquebot va couler dans l'heure."

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant