Chapitre 52

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Aloïs resta un moment étonné, avant de demander :

"Comment ça ?
_ Je sais que tu n'es pas le vrai fils d'oncle Trancy. Je suis même sûre que tu es un des garçons qu'il à l'habitude de ramener au manoir. Tu dois forcément être son favori s'il t'a fait passer pour son fils perdu. J'ai tort ?"

Irène s'étrangla face aux mots de la jeune fille. Comment avait-elle fait pour savoir tout ça ? Aloïs devait certainement penser à la même chose, car ses yeux exprimaient l'incompréhension la plus totale.

"Je suis déjà venue ici quand j'étais petite. Je ne devais pas avoir plus de cinq ans. Il me laissait jouer avec les garçons qu'il ramenait. Sur le coup, je trouvais ça totalement normal. Je n'avais aucune idée de ce qu'ils vivaient. Pour moi, c'était des orphelins dont mon oncle s'occupait. Mais un jour, une femme m'a posée énormément de questions sur ces garçons. Je crois qu'elle était comtesse, ou vicomtesse de je-ne-sais quoi. Ça avait un rapport avec un oiseau je crois."

Irène était sidérée devant le débit de paroles de la jeune blonde. Elle semblait tout à fait honnête et innocente. Irène ne put s'empêcher de se dire qu'elle était absolument adorable.

"Bref ! Je m'égare ! s'écria Victoire en tapant dans ses mains. Le fait est que j'ai parlé des garçons à une inconnue, et lorsque mon oncle l'a su, il a prétexté que ce n'était que des amis imaginaires et que j'avais tout inventé. Et tout le monde l'a cru. Ce qui n'est pas étonnant lorsqu'on parle d'une enfant."

Victoire esquissa une grimace triste.

"Et pour être sûr que je ne traîne plus dans ses pattes, il a réussi à convaincre mon père de m'envoyer chez une nourrice en Allemagne, puis dans un pensionnat en Suisse. Quand j'en suis revenue plusieurs années plus tard, les garçons que j'avais connu étaient tous morts."

Les yeux de Victoire étaient brillants de larmes.

"C'est là que j'ai compris qu'ils n'étaient que des jouets pour mon oncle. J'ai essayé de lui faire entendre raison, mais il m'a menacé. Il m'a dit que si j'en parlais, il trouverait de nouveaux garçons et qu'il les tuerait."

Il y eut un grand silence. Aloïs regardait la jeune fille, perdu.

"Pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ?
_ Parce que je veux t'aider ! Quand j'ai appris que l'on avait retrouvé mon cousin, je me suis dit qu'il fallait que je le mette au courant d'une manière ou d'une autre.
_ Et tu savais vraiment que je n'étais pas son fils ? demanda Aloïs, intrigué.
_ Non ! avoua Victoire avec un sourire gêné. J'ai tenté le tout pour le tout.
_ Je vois ça."

Aloïs se détendit et sourit à Victoire. Irèbe sentit son cœur se serrer.

"Il y en a encore ? questionna Victoire. Des garçons ? Ils y en encore qui sont là ?
_ Non, j'ai demandé à Claude de tous les libérer.
_ Claude ?
_ Mon majordome."

Irène se sentit bouillir. Aloïs avait été dans les mains de pervers, dont un à qui il faisait confiance. Elle luttait pour garder son calme, lorsque le reflet lui avoua :

"Tu as vu qui elle était. Ce n'était pas une fille très intéressante, mais elle était très gentille. Assez irréfléchie et directe, très spontanée. Même s'il ne la supportait pas au début, Aloïs est vite tombé amoureux d'elle. C'était la seule de son entourage à être pure.
_ Je comprends", murmura Irène.

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant