Chapitre 26

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Les premières choses qu'entendit Irène furent les supplications chuchotés d'Aloïs.

"Allez, réveille-toi idiote. S'il te plaît.
_ Elle va se réveiller, ne vous inquiétez pas, rassura la voix de Sebastian. Elle est juste évanouie. C'est sûrement dû au choc, personne ne sait ce qui lui est arrivé.
_ Nous n'avons même pas besoin de lui demander pour savoir ce qui s'est passé, réagit Ciel.
_ Est-ce que vous pouvez-vous taire ? J'essaye de dormir", grogna Irène en se retournant dans son lit.

Elle ferma les yeux avant de les rouvrir de suite et de se redresser :

"Ça fait combien de temps que je dors ?
_ Deux jours, répondit Sebastian. Mais vous devriez vous reposer un peu...
_ Elle n'a pas besoin de se reposer Sebastian, siffla Ciel. On doit lui poser quelques questions... Sur ce qui s'est passé.
_ Ce qui s'est passé, murmura Irène, les yeux écarquillés d'horreur tandis que les événements lui revenaient en mémoire. Je... Je ne veux pas en parler.
_ Oh que si tu vas parler, répondit Aloïs. Comment on-t-il fait pour t'enlever ? Tu étais censée te rendre au manoir de Phantomhive !
_ J'ai..., hésita la brune en baissant la tête. J'ai voulu faire un détour par le cirque. Ne me dites rien ! s'écria-t-elle face aux têtes sidérés des garçons. Je voulais en savoir plus sur Ciel, et j'ai pensé que le papier que j'avais trouvé là-bas pourrait m'aider à en savoir plus sur son passé. Mais Joker m'a découverte, et je crois qu'il m'a assommée, je n'ai aucun souvenir de comment je suis arrivée au manoir de Kelvin.
_ Tu es une idiote ! cria Aloïs. Pourquoi est-ce que tu fais toujours des choses insensées ? Tu aurais pu mourir. Pourquoi as-tu tué ces enfants ? Ils ne méritaient pas de mourir ! Tu n'as pas pensé que...
_ Tais-toi !" rugit Irène.

Elle prit sa tête entre ses mains, ses yeux rubis brillants de larmes. Elle les laissa couler et Ciel soupira :

"Aloïs, sors.
_ Mais...
_ Sors. Sebastian aussi."

Le blond lança un dernier regard à sa fiancée avant de sortir de la pièce, accompagné de Sebastian. Ciel s'assit à côté d'Irène et la prit dans ses bras, maladroitement.

"Chut, ne t'inquiète pas. Tout va bien maintenant.
_ Non, sanglota la brune. Ça ne va pas bien ! Je suis désolée pour ces enfants. Je te le jure, je ne voulais pas les tuer, mais... Il y avait une petite fille avec moi. Nous étions dans la même cage. Elle devait avoir cinq ans, peut-être quatre. J'ai essayé de lui parler, mais... Ces yeux étaient vides. Il n'y avait plus rien Ciel. Plus le moindre espoir. Elle était si jeune. Vivre sans espoir... Ce n'est pas vivre. Il y en avait tellement. Prisonniers, humiliés, perdus..."

Sa voix se brisa et elle enfouit sa tête contre le torse du jeune homme. Ciel caressa ses cheveux et murmura :

"J'ai vécu comme ça moi aussi."

Irène releva la tête, ahurie. Le noble hocha la tête et continua :

"Lorsque mes parents sont morts, la même nuit, je me suis fait enlevé. C'était le jour de mon anniversaire. Je suis resté dans cette cage tellement longtemps. On m'a humilié. On m'a souillé. J'ai été marqué au fer rouge comme du bétail."

Il souleva sa chemise et lui montra sa marque, dans le dos. Irène la toucha du bout des doigts, avant de baisser la tête.

"Lorsque j'ai fait mon pacte avec Sebastian, j'allais mourir. Je n'avais rien à perdre.
_ Je suis désolée Ciel. Si je n'avais pas tenté de...
_ Tu voulais savoir, j'aurai dû te le dire, te faire confiance. Tu es ma cousine. Tu fais partie de ma famille maintenant."

Ciel embrassa son front et lui chuchota :

"Tu vas rester ici, avec le prince Sôma et Aghni. Tu dois te reposer, et un banquet n'est pas le genre d'endroit où tu peux être tranquille.
_ Un banquet ? répéta Irène. Chez toi ? Depuis quand es-tu sociable ?" ricana la vicomtesse.

Elle tentait de dédramatiser la situation, mais Ciel voyait bien qu'elle était mal. Tuer des enfants, Irène devait s'en vouloir énormément. Même si c'était la seule chose à faire. Elle était une meurtrière.

Oui, tu es une meurtrière. Tu l'as toujours été et tu le seras toujours.

Irène frissonna en se souvenant de cette phrase. Claude le savait, il savait ce qui allait arriver. Tuer était propre à un démon, et elle en était un. Ciel lui pinça la joue pour la sortir de ses pensées et expliqua :

"La reine sait que tu as tué les enfants. Elle ne sait pas que c'est toi, mais elle est sûre que ce n'est pas un accident. Le comte Grey m'a demandé d'organiser un banquet pour un ami de la reine, pour nous racheter. Ah, et il te souhaite un bon rétablissement.
_ Que lui avez-vous dit ?
_ Que tu t'étais fait enlevé par le ravisseur d'enfants, que tu avais réussi à t'enfuir et à nous prévenir, mais nous sommes arrivés trop tard. Tu as été dévastée de ne pas avoir pu aider ces enfants, donc tu déprimes.
_ Je vois. Ciel, est-ce que je peux voir Aloïs ?"

Le brun hocha la tête et sortit de la pièce. Moins d'une minute plus tard, Aloïs entra dans la pièce et lâcha d'une traite :

"Tu n'as pas besoin de m'expliquer, j'ai tout entendu. J'ai écouté à travers la porte.
_ Oh.
_ Je suis un piètre fiancé, ricana Aloïs, les larmes aux yeux. Tu te souviens de la première fois où nous sommes rencontrés ? Je t'avais dit que tu n'avais pas besoin d''être forte, que je te protégerai. Je n'ai pas réussi.
_ Aloïs."

Irène le prit dans ses bras et le serra contre lui de toutes ses forces. Elle enfouit sa tête dans son cou et susurra :

"C'est moi qui dois te protéger, pas l'inverse. Tu n'as pas à t'en faire pour moi. J'ai promis de te servir jusqu'à ta mort. Je ne mourrai pas avant toi."

Le ton décidé de la jeune fille fit sourire le comte et il l'embrassa sur la joue. Il regarda la jeune fille, et sécha les larmes qui coulaient de ses yeux bleus.

"Allez, dors. Je reste à tes côtés. Je veille sur toi."

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant