La Marque du Diable [Black Butler]

Chapitre 54

"C'est pire que je ne le pensais, soupira Ciel en s'asseyant sur son lit. Aloïs va vraiment mal."

Depuis son arrivée, le blond ne s'était pas réveillé, encore dans le coma. Irène avait beau se montrer calme et posée, Ciel pouvait toujours voir une lueur d'angoisse dans ses yeux. Il pouvait la comprendre. Si Elizabeth lui avait fait ça, il aurait été dans le même état que la vicomtesse.

"Ne parlons même pas d'Irène, ajouta Sebastian, comme s'il avait lu dans les pensées de son maître. Heureusement que lady Sullivan l'occupe un peu.
_ Cette fille est incroyable. Apprendre à parler anglais aussi vite...
_ Je comprends mieux pourquoi Irène l'apprécie autant, sourit Sebastian. Et je pense qu'il n'y a pas que ça qui lui plaît chez elle.
_ Que veux-tu dire ?" demanda le comte, surpris.

Sebastian haussa les épaules et regarda sa montre à gousset.

"Il faut que j'aille aider Wolfram en cuisine. Je reviendrai vous chercher pour le dîner, fit le majordome en sortant de la pièce.
_ Tu n'as pas répondu à ma question !" s'écria Ciel avant de soupirer.

"Echec et mat Sullivan, j'ai gagné ! fanfaronna Grey pour la troisième fois de l'heure.
_ Tu as triché ! l'accusa la sorcière, mauvaise perdante.
_ C'est faux !
_ C'est vrai !
_ Irène ! crièrent-ils en même temps.
_ Vous êtes agaçant", lâcha la vicomtesse, occupée à regarder Emily s'enrouler autour de son bras.

Snake avait eu la bonne idée de lui ramener son serpent, provoquant ainsi l'étonnement de Sullivan, qui n'en avait jamais vu.

"Ce n'est qu'un jeu, soupira Irène.
_ Mais c'est moi le gagnant ! cria Grey.
_ Si tu le dis."

La jeune fille détourna la tête pour ne pas lui montrer son sourire. Sourire qui s'effaça net en voyant l'heure qu'affichait l'horloge.

"Je vais voir Aloïs, fit-elle en quittant la pièce. Et ne m'attendez pas pour le repas."

Grey la rattrapa dans le couloir.

"Irène ! J'ai une question pour toi !
_ Qu'est-ce qu'il y a ?
_ Si... Si Aloïs décide de couper les ponts avec toi et de briser vos fiançailles, qu'est-ce que tu vas faire ?"

Irène se figea, le coeur au bord des lèvres.

"Il ne fera pas ça.
_ Mais s'il le fait, tu...
_ Je l'oublierai, répondit froidement la jeune fille. Il ne sera plus rien pour moi s'il décide de me quitter.
_ Et tu seras capable ? De l'oublier ?"

Irène le foudroya du regard et fit volte-face, ignorant sa question.

"Va rejoindre Sullivan et emmène-la dans la salle à manger. Elle ne peut pas se déplacer seule."

Grey soupira en voyant la jeune fille disparaître dans un autre couloir.

"Allons-y !"

Irène entra dans la chambre d'Aloïs le plus silencieusement possible. Elle s'assit en tailleur sur le lit, juste à côté de son fiancé, tandis qu'Emily se glissait sous le lit. La brunette se mit à jouer avec ses cheveux, les mots de Grey résonnant dans son esprit. Il avait raison. Elle serait complètement incapable d'oublier l'amour qu'elle éprouvait pour Aloïs. S'il la rejetait, elle finirait certainement par épouser Grey, ou même Violet. Tout faire pour ne plus penser à lui.

"Je pensais bien te retrouver ici, fit Sebastian en apparaissant devant la jeune fille, pourtant imperturbable.
_ Si c'est pour me dire que tu trouves l'amour inutile et les humains pathétiques, je pense que je pourrai me passer de tes services.
_ Que de haine, sourit le démon. Moi qui voulait juste aider.
_ Et comment veux-tu m'aider ?
_ Pourquoi ne pas prendre l'âme d'Aloïs ?
_ Il n'en est pas question !
_ Ah oui ? Pourtant, cela réglerait tous vos problèmes, s'amusa Sebastian.
_ Cela ne réglerait rien du tout Sebastian !" gronda Irène.

D'un mouvement brusque, le démon se retrouva accroupit devant la jeune fille et lui saisit le menton, rapprochant son visage du sien.

"N'as-tu pas envie de goûter à son âme une nouvelle fois ? Sans avoir à t'arrêter ? Sans aucune limite ?"

D'un geste, il griffa le poignet d'Aloïs et le plaça sous le nez de sa fiancée. Ses yeux devinrent rouges et elle dut faire un grand effort pour ne pas lui sauter dessus. Elle repoussa le bras et gifla Sebastian.

"Va-t-en ! Maintenant !

Le démon sortit sans broncher, un sourire mesquin au lèvres. Irène secoua la tête, les sourcils froncés et ses yeux de nouveau bleus. Elle arracha un morceau des draps pour l'enrouler autour du poignet d'Aloïs. Elle dut serrer trop fort, car un gémissement la fit sursauter. Le comte se redressa doucement en frottant ses yeux, encore endormi.

"Qu'est-ce qu'il se passe...
_ Aloïs ! hurla Irène en le prenant dans ses bras.
_ Victoire ?"

La vicomtesse le repoussa, le coeur lourd. Aloïs la dévisagea, perplexe, avant qu'un éclat de compréhension ne brille dans ses yeux.

"Irène !"

Le garçon la serra contre lui en souriant.

"Tu m'as tellement manquée ! Tout va bien ? demanda-t-il en voyant la détresse d'Irène.
_ Je... Tu dois me détester, murmura-t-elle. Je... Victoire... Elle est morte par ma faute..."

Des larmes commençaient à couler sur la joue de la jeune fille et elle maudit sa faiblesse.

"Irène... Tu n'as rien à te reprocher, la rassura Aloïs en essuyant ses larmes. Ce que l'ancien comte Trancy a fait n'est pas de ta faute."

Voyant qu'Irène ne réagissait pas, Aloïs prit son visage et l'embrassa.

"J'aimais Victoire, mais elle morte. Je ne peux pas la ramener. C'est avec toi que je veux être Irène. Et personne d'autre. J'ai eu tort de vouloir te détester."

Ne sachant plus quoi dire, Irène bafouilla :

"Je... Hum... Il faut que... J'ai avancé la date du mariage ! cria-t-elle en baissant la tête.
_ Comment ?
_ Je... Enfin..."

Aloïs la serra contre lui en souriant.

"Je suis content de voir que tu m'aimes autant.
_ Ne prends pas la confiance, maugréa sa fiancée en rougissant. Plus vite on se sera débarrassé de ça, mieux je me porterai.
_ Alors pourquoi ne pas se marier dès notre retour ? proposa Aloïs.
_ C'est une plaisanterie ? s'étouffa Irène. J'ai quatorze ans !
_ Et ?
_ Les gens vont dire que...
_ Depuis quand te soucies-tu de l'avis des gens ?"

Irène soupira en roulant les yeux.

"On verra ça à notre retour !
_ Ça veut dire oui ?
_ Ça ne veut rien dire du tout ! Maintenant allons retrouver les autres !
_ Les autres ?
_ Ciel, Sebastian, Snake et Grey... Et Emily, répondit Irène en voyant le serpent glisser sur les couvertures. Tu as dormi longtemps.
_ Et tu as raté pas mal d'informations", ajouta Grey en entrant dans la chambre.

Aloïs le fusilla du regard :

"Qu'est-ce que tu fais ici ?
_ J'étais venu chercher Irène, mais puisque tu es réveillé, viens aussi.
_ Où est Sullivan ? demanda Irène.
_ Elle est allée rassurée les villageois. Ils ont appris que d'autres étrangers étaient arrivés et ils veulent qu'on s'en aille.
_ Mais... On ne peut pas partir avant de comprendre ce qui se passe ici ! s'exclama Aloïs. On a toujours pas trouvé le loup-garou et...
_ Oh que si, le coupa Grey avant de regarder Irène. Il y a des loups-garous dans les sous-sols."