#1 : Doux secret

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Aloïs et Ciel lisaient tranquillement dans la bibliothèque lorsqu'Irène entra en trombe dans la pièce en déblatérant à toute vitesse :

"Je retourne au manoir pour récupérer des affaires ! A ce soir !
_ Eh attends ! s'écria Aloïs en posant son livre. Tu vas passer toute ta journée chez toi ? Tu as déjà ramené une bonne partie de tes affaires ici. Pourquoi tu veux y repartir ?
_ Parce que je n'ai pas tout ramené, souffla Irène, exaspérée. Et puis, qu'est-ce que ça peut vous faire ? C'est mon manoir, alors si je veux y aller, j'y vais."

Elle sortit de la pièce sans attendre qu'un des garçons ne lui posent d'autres questions. Ils se regardèrent, étonnés.

"C'est bizarre qu'elle veuille à ce point retourner chez elle, murmura Aloïs, songeur.
_ Déjà qu'avant notre départ pour le Campania, elle retournait chez elle toutes les semaines, remarqua Ciel. Et depuis notre retour, elle y va trois fois par semaine.
_ J'ai l'impression qu'elle cache quelque chose. Mais quoi ?
_ Peut-être que si je demande à Sebastian, il pourrait aller voir ce qu'elle fait, tenta Ciel.
_ Non, si elle ne veut pas nous le dire, elle a sûrement une bonne raison", fit sagement le blond en fixant ses pieds.

Il y eut un long silence, et Aloïs se leva.

"Finalement, je veux savoir ce qu'elle fait. Viens !
_ Tu sais, je ne sais pas si c'est une très bonne idée, hésita Ciel. Si elle apprend qu'on a voulu l'espionner, elle risque de nous tuer.
_ Elle n'oserait pas.
_ Elle a tué son père en toute connaissance de cause."

Les deux garçons se regardèrent, soudain peu emballés à la perspective de se faire attraper par une Irène en colère. Un énorme fracas venant du jardin attira leur attention, et Ciel ouvrit la fenêtre en soupirant devant la scène qui s'offrait à lui. Finnian sautillait devant un arbre abattu, horrifié. Il se tourna vers son maître et s'excusa :

"Je suis vraiment désolé ! Je voulais pas !
_ Ce n'est pas grave, soupira Ciel. Tu devrais faire plus attention lorsque tu t'occupes du jardin.
_ Désolé, je pensais à autre chose, gémit le jardinier en baissant la tête. Monsieur, est-ce que c'est vrai... qu'Irène va bientôt partir ?
_ Qu'est-ce que tu racontes ? demanda Aloïs en s'accoudant à la fenêtre. Irène ne partira pas d'ici.
_ Ce matin, quand Bard a récupéré la nourriture pour préparer les repas, il est passé devant le manoir d'Irène et il nous a dit que le manoir semblait être habité, raconta Finnian au bord des larmes. Il s'est approché pour voir et il a vu Irène dans la cour qui enlevait des meubles d'un charriot pour l'emmener dans le manoir.
_ Ce n'est pas parce qu'elle ramène des meubles chez elle qu'elle va y retourner", murmura Aloïs, soudain un peu moins sûr.

Son coeur se serra et il se força à respirer normalement. Elle ne partirait pas en me laissant, pensa-t-il paniqué.

"Je sais, mais lorsque Bard allait partir, il a entendu une voix masculine qui a demandé à Irène si elle comptait dire quelque chose à Aloïs, et elle a répondu que non et qu'il ne sera jamais au courant de ce qu'elle fait.
_ Et après ? s'écria Aloïs, soudain blême.
_ Bard s'est enfui parce qu'ils venaient vers lui. Je suis désolé de vous apprendre ça comme ça Comte Trancy", s'excusa Finn à mi-voix.

Mais Aloïs ne l'écoutait déjà plus. Il se laissa tomber sur le fauteuil et prit sa tête entre ses mains. Pourquoi est-ce que mon coeur me fait aussi mal ? Pourquoi est-ce qu'elle m'a fait ça ? Elle n'a jamais voulu m'épouser, je le sais, mais je pensais qu'après tout ce qu'on a vécu, après le baiser qu'elle m'a donné ... Je pensais qu'elle était vraiment tombée amoureuse de moi. Ciel posa une main sur son épaule, et lorsqu'Aloïs leva son visage vers lui, le brun aperçut le sillon des larmes sur ses joues.

"Ne fais pas attention à ce que Finnian a dit, conseilla le comte. Si tu l'aimes, tu dois lui faire confiance.
_ Mais si Irène est vraiment amoureuse d'un autre homme ? Si elle ne veut plus de moi ? Qu'est-ce que je dois faire moi ?
_ Aloïs, écoute. Je ne t'ai jamais vraiment aimé, je t'ai même haïs autant que je le pouvais, mais... J'ai fini par me rendre compte que ce que tu éprouvais pour Irène était réel.
_ Tu veux dire que tu ne me croyais pas quand je disais que je l'aimais ?
_ Je pensais que tu avais des idées perverses dans la tête, mais finalement, tes sentiments sont vrais. Et réciproques.
_ Vraiment ? demanda le blond d'une petite voix.
_ Oui. Si tu l'avais entendu hurler à Undertaker qu'elle ferait tout pour toi, tu ne serais pas aussi étonné.
_ Mais alors, qu'est-ce qu'elle fait avec cet homme ?"

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant