Chapitre 2

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"Je suis... votre fiancée."

Le comte s'attarda sur le visage d'Irène, avant d'esquisser un sourire.

"Ah oui, Claude m'en avait parlé. Je suis Aloïs Trancy. Suivez-moi."

Irène serra les dents, furieuse. Cet Aloïs ne semblait pas se préoccuper d'elle plus que ça. Elle était quand même sa fiancée nom de Dieu ! Ils montèrent les escaliers, et la vicomtesse sentit un regard brûler son dos. Curieuse, elle se retourna et manqua de percuter un homme habillé en noir.

"Excusez-moi.
_ Ce n'est rien, assura l'homme avec un sourire. Alors, vous êtes la fiancée de mon maître, c'est ça ?
_ Hum... Oui, et vous êtes... son majordome ?
_ Je suis Claude Faustus, majordome de la famille Trancy.
_ Ah, remarqua platement la jeune fille. Vous êtes donc le fameux Claude.
_ Irène ! appela Aloïs. Venez !"

Irène obtempéra à contre coeur. Elle prit quand même son temps pour observer une dernière fois les yeux bordeaux du majordome. Il y avait quelque chose dans les yeux de Claude qui... l'intriguait ? Elle secoua la tête pour chasser ses pensées, et elle s'assit sur la chaise qui lui était destinée, à droite de son fiancé. A cette vue, Irène claqua la langue d'un air désapprobateur. Mais elle devait respecter ce choix. Elle observa silencieusement les hommes s'asseoir et regarda l'assiette posée devant elle. Elle avait perdu tout appétit, et voir le festin qui l'attendait face à elle lui donnait la nausée. Mais elle n'eut pas besoin de manger, car le curé commença à poser une multitude de questions à Aloïs sur sa disparition. Et ce qu'il raconta glaça le sang d'Irène. Il avait vécu dans un petit village, au nom inconnu pour lui, où il avait dû travailler comme un esclave. Un jour, il s'était retrouvé seul au milieu des cadavres des villageois. Un garçon dont il s'était lié d'amitié était mort, et c'était à ce moment que son père était arrivé, et qu'il l'avait sauvé de cette vie horrible. Mais il était mort peu après. Il les rassura cependant en disant que son oncle serait toujours là pour lui.

Même si son histoire l'attristait, Irène ne ressentait aucune compassion pour le jeune blond. La jeune fille ne cessait de le détailler du regard en grimaçant, lorsqu'il se tourna vers elle. Ils se jaugèrent du regard pendants quelques secondes, et Aloïs détourna la tête. Irène releva la sienne, un air vainqueur sur le visage, avant de grimacer de nouveau. La conversation s'orientait maintenant sur son cas.

"Votre mariage aura lieu dans quatre ans, commença Arnold.
_ Quatre ans ? s'écria Irène, les yeux écarquillés.
_ Oui, affirma Aleister. Vous avez l'air impatiente."

Irène se fichait pas mal du mariage. En quatre ans, elle avait largement le temps de trouver un moyen d'échapper à son destin. Elle pourrait essayer de trouver un autre homme, un homme qu'elle aimerait vraiment. Au pire, elle s'enfuirait. Vivre seule ne lui faisait pas peur. C'est alors qu'une phrase la figea :

"Votre mère aurait été fière de vous.
_ Je l'imagine bien, acquiesça le curé. Qui ne voudrait pas que sa fille ait un bon parti ? Si elle était encore de ce monde...
_ Mais elle ne l'est plus, siffla Irène en baissant la tête.
_ Elle est au côté de Dieu...", commença-t-il.

Irène se leva en trombe de sa chaise, et siffla :

"Je vais prendre un peu l'air. Pardonnez-moi, messieurs."

Elle sortit de la pièce, au bord de la crise de nerf. Elle déambula un moment dans le jardin, avant de s'asseoir sous un arbre, excédée. Une voix la fit relever aussitôt :

"On vous cherche, vous savez ?"

Claude se tenait devant elle, et lui souriait. Irène secoua la tête en se rasseyant.

La Marque du Diable [Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant