01 - 385 miles

120 11 2
                                    

385 miles les séparait depuis plus de trois mois. Le métis était à la moitié de son nouveau job. Il avait le choix, à la fin, entre rester ou retourner chez lui. Et il ne savait clairement pas encore quoi choisir. Il était dans son lit, sur le dos avec les mains croisées derrière sa tête sur ses taies d'oreillers. Il ne savait pas vraiment ce qu'il pourrait choisir comme option parce qu'ici, dans cette chambre de Bruxelles, il s'y plaisait pour le moment. Mais il ne savait pas si dans trois mois, il s'y plairait encore. Il ne le savait comme pour beaucoup d'autres choses, mais tout semblait le ramener à Cardiff, tout exactement tout.

Il y avait Quentin et Finnegan, tout d'abord, qui lui manquait à qui ils manquaient. Il ne le disait pas vraiment lorsqu'il les avait au téléphone ces sentiments-là, parce qu'il n'avait pas envie de leur faire du mal ni de se faire du mal. Alors il préférait parler de sa petite vie au milieu de personnes parlant le français, le néerlandais, l'espagnol, l'arabe, l'anglais, l'allemand et beaucoup d'autres langues encore venant des quatre coins du monde. Il disait qu'il s'était fait des amis là-bas et qu'il prenait encore du bon temps malgré que son travail lui prenne tout ce temps-là. Il essayait d'éviter de parler des sujets qui fâchent, parce que ce n'était clairement pas le moment de se mettre ses jumeaux à dos, alors qu'ils sont à 619 kilomètres de lui.

Il y avait aussi sa famille qui lui manquait. Cela faisait déjà pas mal de temps qu'il n'avait plus prit ni sa mère ni aucune de ses dernières autres sœurs dans ses bras et ce fait lui tordait littéralement le cœur rien qu'à y repenser. Il avait envie de les revoir mais en même temps, son boulot le clouait au sol bruxellois, alors il n'avait pas vraiment le choix. Il les appelait de temps à autre, leur envoyait quelques messages par-ci par-là et félicitait constamment ses sœurs qui avaient toutes quittés la maison sans exception. Il se faisait du souci pour sa mère qui n'arrêtait pas de lui dire que ça allait bien alors que ce n'était pas vraiment le cas, mais il se retenait bien de lui faire un sermon parce qu'il n'était pas vraiment mieux dans son cas. Parce que oui, c'était qui entre sa mère et lui qui était partit de l'autre côté de la mer pour fuir une vie de couple hasardeuse et se remettre en question sans avoir un regard désapprobateur intense fixé sur son visage ? Lui, pas elle.

Mais il y avait aussi –et surtout- Liam. Le beau, magnifique, sexy et séduisant Liam James Payne. Il y avait son mari, en gros. Son époux qui lui manquait énormément et dont il rêvait chaque soir, dans un rêve chaque fois un peu plus charnel et érotique parce que s'il était irrépressiblement en manque de sexe, il était surtout en manque de Liam. Comme si celui qu'il aimait depuis toujours –enfin c'était l'impression qu'il avait- était une drogue dont on lui refusait l'achat alors qu'il n'en avait plus consommé depuis un certain temps, comme s'il était une drogue dont il ne pouvait plus se passer. Il lui manquait atrocement mais ça encore, il n'osait pas l'avouer sûrement parce qu'il avait une dignité énorme, un égo surdimensionné et une fierté gigantesque qui l'empêchaient de prononcer ces maudites paroles que sont ; « Tu me manques ».

Zain tapota doucement le bout de sa cigarette pour en faire tomber les cendres. Il s'en voulait un peu, parce qu'il ne pouvait pas surveiller si son époux et ses enfants fumaient ou non, mais d'après leur dire, ils n'ont plus touchés –pour chacun d'entre eux- à une clope depuis qu'il est partit. Il prit une taffe et rejeta la fumée dans la chambre. Il sentit la nicotine emplir ces poumons et cette sensation ouvra ses bronches et lui permit de respirer à nouveau.

C'était le samedi, il ne travaillait pas et ça allait mieux comme ça pour lui aussi. Ça allait toujours mieux comme ça, de ne pas travailler le samedi et de pouvoir faire la grasse matinée. Mais il ne savait pas pourquoi, mais aujourd'hui, il avait eu du mal à dormir et c'était même réveillé très tôt au petit matin. Il ne savait pas pourquoi mais une boule s'était formée dans sa gorge pendant son sommeil et elle était toujours là lorsqu'il s'était réveillé. Depuis peu, elle était partie mais il la sentait déjà revenir.

Zain se leva de son lit et alla sur le petit balcon de sa chambre. De là où il se trouvait, adossé à la rambarde, il pouvait voir sa voisine d'en face se déshabillé et être en sous-vêtements fins en dentelles. Et si auparavant cela avait eu de l'effet sur lui, et si auparavant une bosse se serait probablement former dans son pantalon ; aujourd'hui ce n'était pas le cas. Il avait beau la regarder intensément, fixer ses courbes alléchantes et ses formes proéminentes, rien n'y faisait. Cette femme ne l'attirait pas alors que n'importe quel homme normalement bien constitué aurait déjà commencé à baver depuis longtemps et aurait déjà une bosse énorme dans son pantalon.

Mais lui, non, comme quoi l'homosexualité l'empêchait presque totalement d'aller voir ailleurs. Rien n'y faisait, il n'y avait plus que l'anglais pour lui faire de l'effet et personne d'autre. La jeune femme était presque totalement nue lorsqu'elle remarqua le métis, une mine surprise sur le visage elle essaya de cacher son corps mais en voyant la tête de Zain et le fait qu'il lui fit un signe de la main, elle comprit que cela ne servait à rien, qu'il en avait déjà assez vu et qu'elle ne l'intéressait pas. Elle remarqua même l'absence d'une bosse au niveau de l'entrejambe et comprit qu'il était homosexuel en moins de secondes qu'il aurait prit pour le lui dire. Elle lui sourit et retourna à ses affaires tandis que l'anglo-pakistanais balada ses yeux sur la route en contrebas.

Mais quelque chose le sortit rapidement de son éloignement mental, ce fût le téléphone qui sonnait dans sa chambre. Il écrasa sa clope et retourna dans la chambre en s'étirant tous les membres ou en tout cas le plus possible. Il bâilla même au passage. Il prit son cellulaire dans sa paume droite et regarda le contact qui s'affichait sur l'écran. Il ne fût pas étonné de voir que c'était son époux qui l'appelait. Il sourit doucement, maigrement, parce qu'il restait cette pointe de nostalgie qui l'empêchait presque de respirer correctement. Il décrocha et colla l'appareil à son oreille pour pouvoir entendre à nouveau la voix de son époux même s'il était à 385 miles –our 619 kilomètres- de lui.

La distance pourrait détruire deux cœurs parce que comme on dit ; « Loin des yeux, loin cœur ». Mais ça n'avait pas l'air de fonctionner pour eux, cette citation. Parce que le fait qu'ils étaient proches les empêchait de s'aimer totalement et correctement, les ramenait tout le temps à cette fameuse nuit ; au moins la distance ne faisait plus vraiment cet effet-là. La distance les aidait à surmonter –jusqu'à maintenant- ce qui les éloignait auparavant.

***

Musique ; Youth - Troye Sivan

Disaster//Ziam [Hater 3]Where stories live. Discover now