03 - Bar bruxellois

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Zain ne calculait même plus le nombre de verres qu'il s'était déjà enfilé. Et il s'en foutait éperdument, parce qu'il avait le cœur en miettes et totalement déchiqueté. Il y avait son cœur, qui manquait de s'arrêter de battre un peu plus à chaque seconde. Il avait mal, putain de mal, et son cerveau qui n'arrêtait pas de faire répéter les dernières paroles que son époux lui a littéralement craché dessus avant de raccrocher dans sa boîte crânienne, encore et encore comme un vieux disque rayé qui ne cesse pas de faire des sons soupçonneux et de se griffer encore un peu plus.

Zain claqua sa langue contre son palais après avoir but d'une traite un verre d'une boisson alcoolisée forte dont il ne se souvenait même plus du nom. Puis, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, hein ? Ce n'était plus un verre d'alcool qui allait lui faire du mal après tout ce qu'il avait enduré dans sa vie, après son enfance difficile, après le viol de sa plus jeune sœur et le suicide de cette dernière, après les hauts et les bas vécus avant que Liam et lui se trouvent, après les hauts et le bas vécus en tant que couple, après le retour de Marcel Dino Guido dans sa vie et maintenant, après les paroles bien plus que blessantes de celui qui est son époux depuis bientôt 5 ans. Il fit une grimace et commanda directement un autre verre sans même se souvenir de ce qu'il venait de prendre. Il savait juste que le liquide était ambré et avait un glaçon qui glissant dans le fond du récipient.

Zain était sûr d'au moins une chose –avec le fait que les paroles de son mari l'avait blessé jusqu'au plus profond de son âme- c'était que dans ce bar de la capitale belge, il ne trouverait pas de James McLay. Et il ne trouverait pas de personne semblable à ce James et à son Liam. Il se mordit l'intérieure de la joue lorsqu'il repensa à son époux et but –pour se consoler, principalement- d'une traite son verre sans broncher ni faire une quelconque grimace.

Le breuvage lui brûla la gorge mais il s'en foutait complètement, parce que ce n'était pas cela le plus important, même si cet alcool était encore plus fort que le précédent. Le plus important à ses yeux était qu'il venait sûrement de perdre à tout jamais le seul être qu'il a véritablement aimé, la seule personne dont il a été réellement amoureux de sa toute sa vie. Et ça, ça fait plus que mal. Ça déboussole complètement, mais surtout, ça tue à petit feu jusqu'à la dernière respiration.

Zain sortit du bar après, laissant quelques billets sur le comptoir que le premier barman qui passa par là prit à la hâte avant qu'un autre client ne s'en empare. Il prit une grande inspiration, gonflant ses poumons d'air frais parce que nonobstant les grammes d'alcool qu'il a dans le sang, il étouffait quand même dans ce bar bruxellois. Il avait l'impression de se retrouver coincé dans un étau et de manquer véritablement d'oxygène. Et c'était sans compter le fait qu'il y ait de la nicotine, des nappes blanchâtres et une odeur épouvantable d'alcool, de vomi et de sueur qui empestaient le bar.

Pourtant, l'endroit était beau mais c'était sûrement le caractère des gens qui y allaient mais aussi l'odeur qui y figurait et imprimait carrément les lieux qui empêchaient au métis d'en admirer la beauté et de s'y sentit totalement à l'aise, totalement à sa place comme dans l'un de ses bars anglais se trouvant autant à Liverpool lorsque Liam et lui y habitaient du temps de la sortie de prison de leurs trois anciens ennemis, autant à Cardiff où c'est là où ils vivent maintenant et autant à Wolverhampton lorsqu'il allait encore à l'université même s'il connaissait déjà l'anglais.

Il aimait bien ces endroits, mais ce bar ci ne lui inspirait clairement pas confiance ou alors, c'était parce qu'il avait le cœur totalement déchiqueté qu'il ne pouvait pas le supporter étant donné qu'il y avait un enterrement de vie de garçon juste derrière lui, dans son dos et que les jeunes hommes ne cessaient jamais de crier et de gueuler comme des malades mentaux tellement qu'ils étaient bourrés et déjà bien entamés même si la nuit n'avait fait que commencé autant pour eux que pour la pays tout entier. Il n'avait pas le mal du pays, juste une douleur qui grossissait dans son cœur et qui n'avait pas l'air de vouloir se retirer ; la douleur de l'amour lorsqu'il se fracasse comme une merde sur le sol en bitume.

Zain sortit son téléphone de sa poche en même temps que son paquet de clopes. Il en tira une qu'il plaça directement entre ses lèvres charnues et déjà gercées par la température extérieure. Il n'en pouvait plus de cette douleur, de cette putain de boule qui continuait encore de grossir et de prendre de plus en plus de place en lui. Il regarda l'heure sans vraiment la regarder, la luminosité de ce dernier lui crevant littéralement les pupilles et la rétine. Il alluma le bout du cylindre dont il tira une première latte directement avant de recracher la fumée comme il le faisait si bien depuis des années déjà. Il se décida de compter le nombre d'années qui séparait le moment présent et celui du jour où il a commencé avec cette drogue, cette merde. Il prit du temps à calculer parce qu'il ne se souvenait plus vraiment de lorsqu'il avait commencé, même s'il se souvenait parfaitement –malgré l'alcool qui emplit ses veines- de toutes les fois où sa mère a pété une durite en trouvant un mégot.

Presque 15 ans, voilà presque 15 ans qu'il a touché à sa première clope. Il n'en revenait pas qu'il avait réussit à tenir tout ce temps sans avoir de cancer et sans attraper une pneumonie qui l'aurait littéralement cloué sur son lit de mort. Il ne comptait même plus le nombre de personnes qui étaient mortes alors qu'elles méritaient plus de vivre que lui. Elles méritaient plus de vivre que lui parce qu'elles n'avaient jamais commit autant de conneries. Mais c'était sûrement parce que leur maladie les clouait sur place, les collait au sol ou encore parce qu'elles n'en avaient pas eu le temps qu'elles n'en avaient pas fait autant que lui. Mais de ça, il s'en foutait. Il repensait à sa sœur, qui de là-haut, doit sûrement le réprimander et l'insulter de tous les noms pour le fait du fumer et de se conduire comme un abruti de première avec Liam et ses deux gosses.

Zain ne voyait pas pourquoi il devrait se battre pour récupérer ce qu'il avait déjà perdu dans sa tête. Mais tout n'est jamais réellement perdu, et encore moins d'avance. Il y a une infime partie de l'espace, du temps, de l'histoire qui permet de rattraper ce qui est « perdu » et lorsqu'on récupère quelque chose, c'était que c'était ce moment-là qui est passé. Par contre, si ça ne fonctionne pas, c'était que ce n'était pas cette situation-là qui se déroulait. Le métis divaguait complètement avec tous ces grammes d'alcool dans le sang et avec toute cette nicotine dans ses bronches et poumons, qu'il en venait à croire aux dimensions parallèles et d'autres choses encore auxquelles il n'avait jamais même pas prétendu y croire une seule seconde de sa vie.

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Musique ; Kodaline - High Hopes
NDA ; Hello ! Comment allez-vous ? Comment se passe vos vacances ? J'espère que les réponses à ces deux questions sont affirmatives ! D'ailleurs, qu'en pensez-vous de ce chapitre ? J'espère qu'il vous a plut ! Et comme toujours, la dédicace du prochain chapitre reviendra au "meilleur" commentaire sur celui-ci !

Disaster//Ziam [Hater 3]Where stories live. Discover now