Chapitre Un : Téti, ou le Grand Amour

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Sous le terrible soleil d'Egypte, la frêle Téti ruisselait de sueur.  Ses yeux mi-bruns, mi-dorés, étincelaient. 

Assise dans le siège à porteur de son amie et maîtresse, Bérénice, surnommé « La Nubienne » par les gens peu avisés, elle contemplait le marché bondé de monde de la belle ville de Thèbes.

- J'adore cette ville, dit franchement Bérénice. Je pourrais la contempler des heures en me faisant transporter...

- Moi, je la trouve un peu trop grande...c'est un peu effrayant, répondit Téti.

- Evidement, tu as vécu loin des villes telles que celle-là. Ici, c'est un peu la « Cour des grands », si tu veux.

Téti se posait une question, depuis qu'elles étaient parties. A présent, Bérénice devait lui répondre. Et peu lui importait son rang.

Depuis qu'elle était arrivée à Thèbes pour tenter sa chance (et ne pas devoir travailler dans les champs toute sa vie), elle avait rencontré la très généreuse Bérénice, courtisane de prestige à la Cour. Elles étaient vite devenues les meilleures amies du monde, lorsque Bérénice avait défendu sa servante contre les foudres d'une autre courtisane perfide et peu scrupuleuse.

Téti s'employait à servir Bérénice aussi bien qu'elle le pouvait, comme pour la remercier. Et Bérénice, elle, s'avérait être bien plus une amie qu'une supérieure.

Et Téti posa sa question.

- Où allons-nous ? Tu ne me l'as toujours pas dit.

- Mm...Chez un ami de longue date de ma mère. Il aimerait que j'introduise son fils à la Cour. C'est un ordre de ma mère, je ne peux pas le lui refuser...malheureusement.

- Et qu'est-ce que moi, j'ai à voire dans tout çà ?

- Hum...je crois que son fils sera tout à fait à ton goût !

C'était ça, l'inconvénient avec Bérénice : elle voulait à tout pris trouver l'Ame Sœur de toutes ses amies. Mais parfois, elle oubliait que Téti n'était qu'une servante issue d'un milieu paysan. Jamais le fils d'un noble ne s'enticherait d'une fille au rang social si bas.

Quand elle arrivèrent, Téti pu admirer un décor presque encore plus enchanteur que la maison au bord du Nil que possédait son amie.

Une femme les accueilli à l'entrée.

- Bonjour, Demoiselle Bérénice. Je m'appelle Natalis, et je suis la gérante de la maison de mon maître.

C'était une femme brune, trop pale pour être une égyptienne.

- Mon maître ne peut pas vous recevoir, mais Arion, son fils, vous attend impatiemment. Veuillez me suivre.

Téti se tenait derrière Bérénice, la tête courbée et le visage docile, comme toute servant se doit de se présenter. Elle ne leva que légèrement les yeux pour apercevoir brièvement le visage maigre et neutre de Natalis.

Dans la pièce où elle les amena, après avoir traversé un paradis de merveilles que Téti n'avais jamais vues, elles virent un jeune adolescent blond s'avancer vers elles.

Téti du reconnaître que Bérénice ne s'était pas trompée. Arion était un très beau jeune homme, à la peau presque aussi pale que Natalis et aux yeux d'un vert d'émeraude magnifique.

Arion adressa un sourire à Bérénice, avant de se tourner vers elle.

- Qui êtes-vous ? dit-il gentiment à la jeune servante.

Téti n'en cru pas ses yeux baissés obstinément dans l'espoir d'échapper à ce supplice. Jamais un noble ne questionne une servante ainsi. Il aurai bien besoin des leçons de Bérénice pour ne pas se faire happer par la Cour et ses règles dures.

- Je m'appelle...Téti.

- Vous êtes la sœur de Bérénice.

Cela termina d'intriguer la jeune servante. Ce beau grec ne connaissait vraiment rien à l'étiquette ! Si Téti avait pu éclater de rire – ou fuir en courant – elle l'aurai fait avec joie.

Son expression interloquée interpella le jeune homme.

- Non, monseigneur, dit froidement Natalis, il s'agit de la suivante de Demoiselle Bérénice. Elle n'a pas d'importance.

Si les paroles de Natalis n'avaient pas été aussi blessantes, Téti l'aurai remerciée. Ce jeune homme d'une beauté troublante, au-delà de son aspect physique, exerçait une attirance certaine sur Téti.

Encore une fois, Téti maudit – Involontairement – l'idée saugrenue que Bérénice avait eue en venant dans ce palais.

 - Pardon, dit Arion à Téti. Je croyais...


Derrière lui, les yeux de Natalis semblaient lancer des éclair.

Téti déchiffra le message sans peine : « fait toi encore remarquer et tu est morte ! »

« Génial », se dit-elle en son fort intérieur.

Comme s'il n'était pas déjà suffisamment pénible d'être sous le charme de ce sublime grec !

Les heures qui suivirent passèrent à une lenteur terrible.

« Par les dieux, aidez-moi, je vous en supplie ! Il est tellement...irrésistible ! »

Du point de vue de Téti, Arion était un être quasi-parfait. Son seul défaut était sa maladresse avec l'étiquette. Mais d'un bref coup d'œil vers – En évitant de croiser le regard d'Arion – Téti comprit que cette lacune serai facilement comblée.

Maladroit, et légèrement timide, mais tellement gentil, attentionné. Il avait fait attention à sa présence, elle, une servante !

Au début, si elle avait vu cette attention comme une gène, à présent, un seul regard et elle fondrait, comme les cônes d'huiles parfumées qu'elle déposait sur la tête de Bérénice pour parfumer ses cheveux.

Elle était folle d'Arion, un garçon qui ne la remarquerai sûrement plus, et qu'elle ne pourrai jamais avoir.


La Dame Rouge et le Fils de BastetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant