Chapitre XVI : Pari Risqué

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- Enfin...je touche au but, ma chère. J'ai réussi à pénétrer dans le corps de ce stupide, capricieux et ronchon roi d'Egypte. Tu sais ce que ça signifie ?

Seth, possédant l'enveloppe mortelle du plus grand des rois d'Egypte, Ramsès, regarda d'un air amusé la jeune femme clouée au mur par quatre lames lumineuses rouges.

Ses yeux verts luisent d'une lumière brisée. C'est ce qu'elle est, Brisée.

- Tu es de plus en plus odieux. Tu l'as toujours été. Comment ai-je fais pour ne pas m'en apercevoir ?

- L'amour y joue peut-être un rôle important...lorsqu'on est aveuglé par l'amour, on a du mal à voir les défauts de l'autre...

- Qu'on me maudisse pour t'avoir un jour aimé ! Tu as toujours voulu mieux...alors que tu m'as moi !

- Qu'elle ironie...quand on sait que c'est un cœur brisé qui m'a fait gagner la guerre !

Elle écarquilla les yeux, peinée et surprise.

- Que lui as-tu promis, Orgueilleux ? Qu'as-tu osé faire ?

- Il aimait sa femme plus que sa propre vie...je lui ai promis de la ramener. Elle est quelque part, là-haut.

- Tu es fou !

- Tssss...je suis un dieu, Nephtys. J'ai ce droit.

- Pas de ramener les morts à la vie !

- Tu oublies que c'est moi qui ai découpé ce vieil Osiris en quatorze morceaux et l'ai balancé dans le fleuve du Nil. Je m'en fiche des règles. J'ai toujours été un laissé pour compte. Maintenant, c'est fini. je vais régner sur le monde !

Le rire dément du dieu maléfique vint emplir la pièce.

- J'ai reçu un peu d'aide, ses temps-ci. J'ai de nouveaux alliés que tu ne soupçonnerais même pas...d'ailleurs, j'ai demandé à l'un d'entre eux de me faire une petite course.

Il s'éloigna à grand pas, triomphant.

- Tu n'as pas gagné la guerre...

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- Ils sont beaux mes poissons ! Ils sont tous frais !

- Venez goutter mes dattes ! Elles sont bonnes mes dattes !

- Les filles ! Venez donc sentir quelques saveurs de l'orient ! Approchez...

Téti rendit un sourire confus au marchand de parfum, qui la regarda s'éloigner avec un air vaguement déçu...pour se tourner vers une autre pauvre jeune fille ayant eu le malheur de se retrouver dans les environs.

- Tu veux que je t'aide à porter ? Demanda Akhera, la petite coursière aux cheveux pointus et à l'œil vif, à Téti, qui avait été envoyée au marché avec elle.

- Non ! Je suis là pour t'aider toi, pas le contraire...

Akhera éclata de rire. La jeune fille de quatorze ans avait beau être plutôt menue, elle aurait pu passer pour un jeune garçon avec des vêtements adéquats.

- Sans vouloir te vexer, tu es un peu lente...

- ...et horriblement maladroite, je sais. Je ne suis probablement pas assez habituée à ça...

- T'inquiète...et puis, moi, je pense que Bérénice te ménage un peu trop. Autant se faire un peu d'expérience ! En même temps, tu es probablement plus faite pour être une femme de chambre. Bérénice dit que tu es une super créatrice !

- N'exagérons pas...

Soudainement, un grand sourire se peignit sur le visage d'Akhera.

Elle décrocha une petite bourse de son sac, et en sortit un sablier.

- Tu vois ça ? C'est un cadeau de mon père.

Connaissant l'esprit de compétition d'Akhera, Téti commença à s'inquiéter.

- On va faire une course ! La première arrivée à la maison a gagné ! Et il y a un gage.

- Ho non...j'ai l'horrible impression que c'est Bérénice qui t'as donné cette idée stupide...

- Tu devras dire à Arion ce que tu ressens pour lui !

- Misère...c'est déloyal ! Je cours comme une tortue...

- Je te laisserais de l'avance...mais même comme ça, je suis sûre de gagner ! Et si par miracle tu parviens à me rattraper et...gagner, tu n'auras plus à m'aider pour faire les courses !

Quelques minutes plus tard...

Téti se disais qu'elle n'aurait jamais dû accepter ce marché. Elle était quasiment bloquée au milieu de la foule, à la fois par les gens et les marchands, qui ne savaient plus quoi inventer afin d'attirer des clients...

Elle aborda une ruelle étroite, ou il y avait peu de monde...cependant, à un moment, elle se rendit compte qu'elle était perdue...

« Maudite Akhera ! Si je la tenais ! »

- Ne t'en fait pas, Téti ! Dit une petite voix étouffée dans les plis de sa robe.

- Tikki ! Je t'avais oubliée ! Holala, Tikki, qu'est-ce que je vais faire ! Je serais obligée d'avouer à Arion que je...je l'aime !

- T'inquiète ! Puisqu'Akhera t'a un peu embobinée, on va aussi devoir employer les grands moyens !

- Quoi ?

- Tu pourrais grimper sur les murs et apercevoir la maison, de là-haut, non ?

- Nooon !!! Tikki, tu me conseilles de...tricher !!!?

Cependant, la petite coccinelle n'eut pas le temps de répondre. Des voix retentirent dans la rue d'à côté, et s'intensifièrent, signifiant que leurs propriétaires approchaient.

Il s'agissait de trois grands lourdauds, à l'œil peu vif mais au regard plein de méchanceté.

- Tient, dit le plus grand (et sans doute le plus bête) en apercevant Téti. Un joli petit insecte s'est fourré dans la toile d'araignée...

Téti recula, anxieuse. En temps que Dame Rouge, sans doute qu'aucun de ces débiles n'aurait osé l'approcher. Mais là, elle n'était que Teti, une pauvre jeune fille sans défense.

Alors qu'un des acolytes du grand gaillard s'approchait pour la soulever, un éclair, un mouvement tellement rapide qu'on pouvait à peine le voir, vint plaquer l'homme de main à terre.

Une silhouette nettement plus frêle que les trois en face s'était interposée entre eux et la jeune fille.

Une silhouette qu'elle reconnaissait entre mille.

C'était le Fils de Bastet qui l'avait protégée.

Les grands lascars se mirent à reculer à leur tour, sous la menace du redoutable bâton extensible marqué du symbole de la déesse chat...

Il s'écria d'une voix railleuse :

- Bon, qui es le suivant ?

La Dame Rouge et le Fils de BastetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant