La Dame Rouge et le Fils de Bastet

Chapitre VIII : L'Eau et le Sang

L'ombre souriait, et contemplait l'œuvre parfaite qu'il avait créée. Le monde entier se souviendrait pour très longtemps des sorts qui s'abattront bientôt sur l'Egypte.

Même la Dame et le Fils ne sauront l'arrêter. Ils sont perdus, ils pensent avoir perdu. C'est à moitié plus vrai, à présent qu'ils en sont convaincus.

Oui, Seth jubile à la face du monde, et l'Ombre sourit dans...l'ombre. Ironie ?

Sans doute. Mais l'Ombre n'a pas le temps pour l'ironie. Elle souhaite la domination absolue du monde, tout comme le diabolique Seth. Mais celui-ci n'est qu'un pantin. Une mise en scène.

Si les héros s'en doutaient...

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Une brume de terreur semblait avoir recouvert l'Egypte. Personne ne souhaitait voir jusqu'où le hébreu pouvait aller pour libérer son peuple.

Le serpent blancs et les serpents noirs ressemblaient vraiment à un présage, maintenant.

Et Téti ne pouvait intervenir si rien ne se déclarait. Mais elle attendait le pire. La peur s'insinuait partout : aux yeux de certain, cette psychose avait tout l'air d'être la première malédiction.

La cour tremblait : Pharaon lui-même n'était plus aussi respecté.

Téti sortit se baigner dans le Nil sacré (à un endroit sans crocodiles, bien évidemment), et vit plusieurs personnes en faire autant. La chaleur avait redoublé d'ardeur.

Elle plongeait doucement dans les eaux bienveillante d'Hâpy, dieu du Nil et de la fertilité, qu'elle failli ne pas s'apercevoir qu'un bateau passait le long de l'eau.

- Dégagez ! Place à Pharaon ! dit une voix à bord du magnifique bateau blanc lumineux qui empruntait la voix du fleuve.

Si le navigateur n'avait pas dit le nom du divin Roi, tout aurai pu être différent.

La foule, transie de peur depuis l'incident du palais (n'amenez jamais de serpents chez vous !), leva des yeux furieux sur la barque du Pharaon.

Et Téti pu presque sentir l'aura de colère qui émanait de la foule. Elle était poussée par Seth, sans aucun doute. Il n'avait sûrement pas eu grand-chose à faire pour pousser à bout les égyptiens, vivants dans la peur des calamités à venir.

Ils s'accrochèrent au bateau, tentèrent de le couler, par la force de leurs bras, leurs pieds...

Téti s'apprêtait à intervenir, quand elle sentit...autre chose. Une aura encore plus terrible, plus forte.

« Seth ! »

- Ramsès, renonceras-tu à ton projet ? Laisse partir mon peuple, je t'en prie. Je ne souhaite pas le malheur de ton peuple, seulement le bonheur du mien. Laisse mon peuple et l'Egypte en paix.

« Non ! C'est Moïse ! Que fait-il là ? »

Le jeune homme s'avançait sur la berge. Il était pareil que lorsqu'Arion l'avait vu au palais (bien que Téti ne puisse pas le savoir).

Téti savait d'instinct que c'était lui. Une intuition le lui soufflait ; et peu de gens en Egypte auraient osé appeler Pharaon par son nom.

L'homme assis sur la nef s'inclina vers Moïse. A son regard haineux et la double couronne posée sur sa tête, on devinait aisément qu'il s'agissait de Ramsès.

- Va-t-en, Moïse. Aujourd'hui, je suis magnanime, mais demain, si tu reviens m'embêter, je serais sans pitié. Pars, et abandonne ces rêves insensés !

Moïse ne bougea pas. Alors, entrant dans une rage folle devant ce qu'il prenait pour du mépris envers lui – le Pharaon ! – S'empara du sceptre qu'il portait avec lui. Il le tendit vers son frère, qui portait le sien, le bâton serpent, et prononça ses ordres :

- Attrapez cet homme ! Et amenez le moi !

Sa rage allait le pousser au pire : peut-être à tuer son frère !

Téti en frissonna, et attrapa sa boucle d'oreille. Mais en regardant autour d'elle, elle ne vit aucune traces de Tikki.

- Tikki ! Vient vite ! Dit elle à voix haute, suffisamment pour que Moïse et ces compagnons l'entende : voire même Ramsès sur sa barque.

Tikki n'eu pas le temps d'arriver avant que le sang ne se répande.

Et pas le sang que vous imaginez.

Moïse avait plongé son bâton dans l'eau, et inspiré profondément, regardant le ciel. Il invoquait son Dieu.

Et l'eau devint rouge. Un rouge poisseux, collant, et d'une horrible odeur métallique.

Téti se leva, et cria. L'eau était devenue du Sang.

Elle était la Dame Rouge sans vraiment l'être. Sa robe de bain était couverte de sang.

Au milieu du fleuve, surgirent de nombreux poissons puants, et indubitablement morts. Ils avait été tués par l'eau, par le sang.

Moïse avait fait couler le sang sans tuer un seul homme. Mais il avait profondément entaillé l'estime de lui de Ramsès ; et pire, le cœur des Egyptiens était brisé par la peur. Ils avaient vu ce dont était enfin capable l'adversaire de leur roi.

Et aucun de ses magiciens n'avaient pu refaire le prodige qui s'était déroulé au Nil.

Le Nil était de Sang : l'Egypte saignait profondément.

Alors, Téti se transforma. Son pays avait de nouveau besoin d'elle.

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- Ô Sobek, dieu des eaux, purifie le fleuve de vie ! Ô Hapy, dieu du Nil, chasse le Mal qu'a fait venir Seth ! Purifie l'Egypte !

Ainsi parla Nephtys, la déesse-sœur d'Isis, reine du ciel.

Elle supplia les autres dieux de se battre à ses côtés.

Bien qu'elle aime Seth, elle ne pouvait pas le laisser détruire l'Egypte. Ils devaient intervenir.

- Ma sœur, il semble que d'autres miraculous seront sans doute nécessaires à la lutte contre le dieu maléfique. J'irai chercher le miraculous du Papillon sacré.

- Mais on ne sait pas où il est ! Ou plutôt, il est très très loin, Isis...reformula-t-elle.

- De nombreuses vies seront perdues si nous ne faisons pas de sacrifices, Nephtys. J'appellerai Psyché : c'est elle, la conceptrice originale de ce miraculous. Et la Dame Noire se joindra bien à nous, sans doute...pour protéger l'avenir du monde, elle le doit !

Une larme amère coula sur la joue de Nephtys, qui se retourna. Elle sentait un poids horrible lui peser sur le cœur.

- La Dame Noire viendra peut-être, mais elle se contentera d'observer. Elle ne peut briser le destin. Et le destin qui s'annonce est des pires !

- Je sais, ma sœur.

Le poison de Seth et de son Ombre encercle l'Egypte avec sa propre peur. L'eau est devenue de sang, symbolisant la plaie qui vient de s'ouvrir au sein du cœur du Royaume d'Egypte.

Un bruit se fait entendre...est-ce un coassement d'une grenouille ?

Les dix fléaux de l'Egypte on commencé.

Du haut des cieux, une reine pleure la disparition de son fils bien-aimé, et le dieu soleil continue son combat contre son plus vieil ennemi.

Et au plus profond des enfers, une reine noire déploie sa sombre magie...