Chapitre XII : le terroriste qui prêchait l'Amour

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Y a-t-il quelque chose de plus terrible qu'un cœur brisé ?

Le cœur de Ramsès est vide de toute vie. Mais malgré cela, il déborde d'une haine terrifiante.

Il pose la main sur la tête de son fils ; l'Egypte a perdu son prince cette nuit. Cette nuit, l'Egypte a saigné, a été attaqué dans sa chair, au plus profond d'elle-même. Cette nuit, l'attaque, le dixième fléau, a fait plus de morts que toutes les autres réunies.

Depuis que la reine Néfertari à quitté cette terre pour le monde d'après, pour vivre une vie heureuse et pleine de joie auprès des dieux, jamais Ramsès n'avait pensé qu'il ressentirait à nouveau cette émotion, ce sentiment d'impuissance.

Des larmes de douleur dévalent ses joues. Il se sent faible, misérable et blessé. Et nul ne doit jamais le savoir.

Se composant un masque de colère et de haine, à l'image du dieu Seth, le puissant roi d'Egypte regarde celui qui l'a vaincu et les siens s'en aller le cœur joyeux et léger, des chants et prières s'élevant de la foule, tandis que son propre cœur est lourd comme une pierre qui coule et s'enfonce lentement dans la vase du Nil.

Impuissant, il regarda le peuple de son frère, le peuple qui l'avait dépouillé de sa fierté et lui avait pris tout ce qui comptait pour lui.

Une promesse avait été faite. Il ne pouvait les empêcher de partir. Mais une voix susurrait à son oreille que la vengeance serait la seule chose à pouvoir guérir son cœur blessé.

Il lutta contre le sentiment qui l'envahissait. Mais dans son état actuel, c'était plus que folie. Il ne pu résister à la vague qui le submergea.

Dehors, les hébreux. Il s'en allaient : c'était comme un flot ininterrompu, un large bandeau noir qui s'échappait de la ville.

Et lorsqu'ils furent loin, Pharaon, lassé de lutter contre la voix du Mal, s'écria :

- Préparez les chars ! Nous allons les rattraper ! Ils ne sortiront pas d'Egypte vivants...

Lorsque Téti vit sortir les chars et le Pharaon, escorté par son armée toute puissante, elle ne pu que sentir la colère qui habitait le pharaon.

Elle sentit l'empreinte de Seth, une fois de plus, dans cette affaire. La colère et le désespoir étaient pour lui le meilleur atout.

Elle se transforma. Si Seth allait, dans le corps du Pharaon, à la recherche des Hébreux, se n'était certainement pas pour palabrer, hélas...

Mais bien pour semer mort et destruction.

Saisissant son yoyo, elle se mit à se balancer de toits en toits, espérant arriver avant l'armée.

Et affronter Seth, le Manipulateur, en chair et en os, pour une fois...

Alors qu'elle montait sur un autre toit et courrait dans la rue, elle aperçut une voiture* devant elle ; elle la reconnaissait !

Ces armoirie sur la diligence : c'était celle d'Arion.

Et, le rideau protégeant le passager du regard de la foule étant levé, Arion était là, en chair et en os lui aussi, les cheveux légèrement ébouriffés, son air fragile et naïf encore plus accentué par le sourire timide et radieux à la fois qui faisait trois fois le contour de son visage.

Et alors, une flèche atterrit aux pieds de la diligence.

Et explosa.

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Blessée à l'épaule, la jeune fille aux cheveux noirs saignait abondamment. Elle ignorait pourquoi : il lui semblait que la blessure était d'une origine magique.

La tête tournait à Cat. Elle titubait légèrement au milieu de la foule, s'éloignant dans les rues de la capitale.

Mais au même instant où elle s'apprêtait à entrer dans une rue déserte, elle entendit un sifflement assourdissant.

Celui qui avait lancé la flèche aurait certainement pu se faire discret ; mais il avait fait exprès d'attirer son attention.

Alors qu'elle lançait un regard à la foule, une explosion retentit.

Et deux cœurs battaient à la folie.

L'ennemi le savait. Comme Anubis incarnait la Mort, deux forces de la nature, leur ennemi incarnait une autre force de la nature, plus terrible encore peut-être.

Tournant la tête, Hécate plongea son regard dans celui, brûlant, du jeune homme aux yeux d'un rouge sanglant et brillant.

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Arion la regardait d'un air fixe. C'était à la fois grisant et un peu gênant.

Le plus gênant, c'était qu'elle avait du tomber sur lui pour le protéger. Cependant, ça n'avait pas l'air de le déranger particulièrement.

Alors, elle regarda en arrière.

Un homme se tenait plus loin. Vu l'immense arc qu'il tenait à la main et son carquois, c'était sûrement lui qui venait de faire le coup.

Téti était d'ores et déjà fatiguée, découragée à l'idée de devoir tenir tête à quelqu'un tandis qu'un autre événement important se préparait – et qui pourrait bien changer le monde –.

Mais de plus, l'homme en face d'elle n'était certainement pas ordinaire. Il avait des yeux d'une brillance incroyable, et était d'une beauté surnaturelle. Voire même plus que ça : si elle n'avait pas été amoureuse d'Arion (qui heureusement se tenait juste à coté d'elle), elle aurait été attirée par cet homme extraordinaire.

En plus, son apparence semblait rendre la moitié des femmes de la foule émerveillée, et la plupart des hommes terriblement envieux et jaloux. En jetant un coup d'œil à Arion, elle vit que celui-ci n'avait pas vraiment été epargné.

- Qui êtes-vous, pour nous avoir tiré dessus ? Un dieu certainement, mais j'aimerai savoir qui je combat. Apollon, peut-être ? Dit-elle en avisant son arc.

- Très chère Dame Rouge...dit-il d'une voix collant parfaitement à son apparence charmeuse. On me compare souvent à la Mort, et croit moi, tu préfèrerait avoir affaire à elle !

- Non, c'est...dit Arion d'une voix pleine d'incompréhension...et d'épouvante.

L'homme s'inclina légèrement, avec un sourire ironique aux lèvres, plein d'insolence.

- J'avais désiré voir qui a mis en déroute de nombreux dieux se prétendant tout puissant...la mortelle ayant fait face aux éternels et tout-puissant dieux d'Egypte ! Mon nom est Eros, enchanté.


*Voiture est un mot utilisé pour un déplacement avec un attelage (à l'époque)


La Dame Rouge et le Fils de BastetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant