Chapitre XV : La Disparue

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La mer se referma sur les valeureux (et bien malheureux) soldats du grand roi Ramsès. Il vit son armée, vantée comme l'une des plus puissantes du monde, être engloutie par l'une des rares choses qu'on ne peux et ne doit dompter : les flots impétueux de la Mer Rouge.

Son regard, mi-horrifiée, mi-surpris par ce prodige (la mer ouverte en deux) avait hésité à entrer entre les deux bras de mer.

Bien lui en pris : il ne fut pas noyé comme les milliers de soldats qui l'avaient précédé.

Il savait qu'à quelques kilomètres de là, Moïse était sain et sauf. Moïse et son peuple étaient libres.

Cette pensée l'écoeura au plus haut point. Lui, grand pharaon d'Egypte, avec tous les dieux à ses côtés, avait échoué ? Contre un vulgaire hébreu ?

Ne se doutant pas de la leçon d'humilité lui étant infligée, il retourna vers la ville, la défaite cuisante et le cœur déçu.

J'aurai dû réussir !

Une double voix résonna en lui.

Au fond de son cœur, un dieu défait et cruel.

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- Fils, va-t'en ! Cria Téti.

Une flèche fila vers lui. Arion avait tenté de relever sa Demoiselle, éreintée après son combat avec Eros, qui ne lui lassait pas de temps pour souffler.

Il n'avait pas vu la redoutable flèche noire voler vers lui.

Elle, elle l'avait vu. Et sans qu'il puisse faire quoi que ce soit, la flèche avait percé le cœur de celle qui faisait battre son cœur.

Elle avait voulu le protéger.

Et à présent, il ne pouvait rien faire pour l'aider. Il allait la regarder se consumer, sans pouvoir châtier le responsable...

Avant de s'effondrer, elle lui lança, une pointe d'ironie dans sa voix brisée :

- T'as pas intérêt à mourir, idiot !

Eros eut un rire des plus particuliers...comme s'il s'en amusait. Arion savait qu'on considérait Eros comme un dieu assez imprévisible, mais là, s'en était trop...

- Pourquoi ? Qu'est-ce que tu gagnes à t'amuser de ça ?

Il fondit comme un aigle vengeur vers le dieu de l'Amour (qui avait décidément une drôle de conception des rendez-vous romantiques), mais fut irrémédiablement repoussé. Sous ses airs de mannequin pour sous-vêtements, il avait une sacrée force.

- Au lieu de joueur les paladins, préoccupe toi plutôt de ta dulcinée. Dans le cas de mes flèches, je craint que ce ne soit plutôt toi qui va avoir mal...au cœur !

- Désolé, je ne suis pas très cardiaque...et toi, monsieur « je m'y connais sur l'Amour », tu es plutôt un char-latant !

- Je t'aurais prévenu !

A ses mots, la Dame Rouge se releva. Il n'y avait plus aucune flèche dans sa poitrine, ni même de traces de blessure. Remarque, sur du rouge, ça ne se serait peut-être pas vu...

Inquiet, il s'élança vers sa partenaire.

Quelque chose n'allait pas.

Elle lui souriait bizarrement. Son sourire ressemblait beaucoup trop à celui d'Eros pour que ce soit une coïncidence.

- Tu sais quoi, Fils ? Lui dit-elle d'une voix moqueuse, ce qui ne lui ressemblait pas. Je te déteste ! Tu es le pire partenaire au monde !

Ho non !

La Dame Rouge et le Fils de BastetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant