Chapitre XII : éclats de rire et vive douleur

356 33 2
                                    


Un visage sombre mais souriant s'avance dans l'ombre du temple. Une force puissante anime l'homme de l'Ombre.

- Comment as-tu osé revenir ici ? Comment ?

C'est une femme qui a parlé. Une fille aux cheveux noirs et aux yeux verts désespérés. Elle le défie des yeux, mais ne tiendra pas longtemps face à lui.

Elle n'a ni l'envie ni la force de le battre. Autrefois, peut-être aurait-elle pu...Mais pas maintenant, alors qu'elle contemple en tremblant légèrement les yeux de son galant maudit.

- Ma très chère...Je n'allais pas te laisser là...J'ai besoin de toi. Je t'aime, vois-tu...

- Menteur ! S'écrie-t-elle. Tu me l'as répété cent fois, cette phase enjôleuse qui m'a tournée vers toi, qui m'a conquise...Mais plus cette fois. Tu es plutôt versé dans la domination, que ce soit avec les pays et les déserts qu'avec ta propre femme ! J'ai maudit cent fois aussi cette fille venue d'ailleurs...cette grecque dont tu t'étais entiché...

- Une grecque ? Feignit l'homme aux yeux de braise.

- Oui, elle. Ne fait pas mine de l'avoir oubliée ! Mais je me rends compte que c'est toi à qui j'aurai dû en vouloir !

Et elle se mit à courir, pour fuir le visage haineux et si beau de l'homme. De Seth.

- Je te rattraperai un jour, ma belle Nephtys ! Cria une voix, faisant sursauter la jeune déesse.

¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨

C'était le jour du marché à Pi Ramsès.

Et Téti se promenait en chaise à porteur, accompagnant Bérénice à une énième demeure.

- Mon dieu, Téti ! J'y croit pas, regarde ! Dit Bérénice, les yeux pleins de malice – Ce dont Téti se méfiait en général –.

Elle n'était pas à l'abri d'une farce un peu douteuse de la part de sa meilleure amie.

Mais la jeune femme la pencha vers le bas, là où elle avait tiré sur un bout du drap leur servant de rideau, les masquant au regard de la foule.

Téti, intriguée, aperçut un autre véhicule, tiré par un solide âne dans son cas.

Une main avait légèrement tirée le rideau qui drapait le cortége, à l'identique de ce qu'elles venaient de réaliser.

Bérénice tourna sa tête vers elle, et montra du doigt un emblème. Au même moment où le propriétaire du cortége écartait le drap assez largement. Une tête blonde comme auréolée de lumière – du moins Téti l'imaginait ainsi –, et ses yeux rencontrèrent ceux de Téti. Un sourire amical étira son visage.

La jeune fille aurait souhaité être partout, sauf précisément Ici. A écouter les blagues foireuses de Fils, combattre une deuxième fois Chioné la glaciale...

Arion, dans toute sa splendeur et sa perfection, un petit et gentil sourire sur le visage, lui glissait un geste de la main. Il paraissait si mignon et...incroyablement naïf.

Et lui, il la retrouvait en train de regarder avec instistance son cortège, comme une voyeuse. Elle se sentait honteuse – et les magnifiques abdos bien dessinés du jeune homme ne l'aidaient pas à se concentrer.

Elle lui envoya un sourire avec un petit signe de la main, et s'apprêta à rendre l'âme dans son propre cortège – et tuer Bérénice, par la même occasion.

Mais une autre main, nettement féminine, écarta le rideau de son côté.

Et si un regard avait pu tuer, Téti serait morte en plongeant ses yeux dans ceux de la fille blonde et apparemment furieuse qui écarta d'une seule main le jeune homme.

Elle lança sa tête en avant – sûrement pour mieux la voir. De son côté, Téti rentra sa propre tête dans son habitacle, entraînant une Bérénice hilare sur son sillage.

Et devant les yeux ahuris d'Arion, elle s'écrasa sur le sol, les vêtements couverts de poussière. Elle se releva et cracha dans le sable.

Téti aurai juré qu'une silhouette noire – un homme ou une femme – était passé et avait provoqué la chute de la jeune fille.

Tandis que Celeste, la sœur pourrie gâtée d'Arion, tentait de comprendre ce qui lui était arrivé, Téti entendit une voix fine et claire pouffer. Un rire mélodieux et rafraichissant.

Alors, elle sourit.

¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨

Alors qu'elle s'éloignait des deux cortège et laissait la fille qu'elle avait volontairement fait tomber sur le sol, la fille aux cheveux noirs souleva son capuchon. Elle était entièrement vêtue de noir.

Ses yeux violet, pleins de sagesse mais aussi d'amusement, fixèrent d'un air plus grave le ruban d'hébreux qui sillonnaient le chemin, emmenant avec aux leurs troupeaux et toutes leurs affaires. Nul n'osait les approcher.

Alors qu'elle se déplaçait dans la foule, elle sentit un courant d'air chaud la frapper de plein fouet. Quelque chose la frôla.

Elle se retourna prestement, mais rien n'y fit.

Quelque chose l'avait touchée. Et marquée. Elle connaissait depuis suffisamment longtemps la magie pour savoir que le danger l'avait frôlée de très près.

« Qui ose agir ainsi ?»

Mais le danger ne s'écarte jamais pour rien. S'il s'écarte un jour, c'est toujours pour revenir plus fort ensuite...

Troublée, elle s'écarta, et ressenti une vive douleur à l'épaule droite. La dénudant, elle vit qu'elle saignait.

Sur sa peau pâle, le sang formait une ligne rouge, presque noire.

Une flèche à l'empennage rouge était plantée dans le sol, à quelques mètres d'elle.

Plus loin, un sourire diabolique s'étira sur les lèvres d'un homme armé d'un arc, en haut d'un bâtiment.

Lorsqu'elle l'aperçut, la jeune femme blêmit.

La Dame Rouge et le Fils de BastetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant