Chapitre XX : Apophis

261 22 5
                                    


- Il y a quelque chose qui se trame, Téti. Il faut qu'on découvre vite quoi.

Dans la chambre qu'elle a dans la maison de Bérénice, Téti regarde l'étrange nuage qui commence à opacifier le ciel. Il arrive bien trop vite pour être naturel.

- Tu crois qu'il y a un problème au palais royal ? Ce nuage étrange, là. Il va y avoir de la pluie.

- Plus que de la pluie, Téti. Il va y avoir...une pluie de malheurs.

- Comme les calamités qui se sont abattues sur l'Égypte ? Ho non, dit moi que c'est pas ça !

- Ce n'est pas ça.

- C'est déjà une bonne nouvelle.

- Oui, mais il y a un revers à la médaille : c'est bien pire que tout ce à quoi tu peux t'attendre. Je t'ai déjà peut-être parlé de ce manipulateur, qui agit dans l'ombre et menace notre monde ; il est bien plus cruel et terrifiant que Seth, aussi irréel que cela puisse paraître.

La chambre sembla d'un coup bien petite et bien sombre. La bougie qui les éclairait d'une douce lumière projetait en réalité des ombres effrayantes.

Perdue dans toute cette noirceur d'un coup révélée, Téti frissonna. Elle alluma une deuxième bougie, et se plaça face à Tikki, lui murmurant :

- Et de qui s'agit-il ?

- J'ai de bonnes raisons de croire qu'un très vieil ennemi des dieux est réapparu. Il était sensé être enchaîné à son domaine, dans le ventre de la terre, dans les profondeurs...Les dieux l'ont scellé avec leur sang ; il tente sûrement de rompre le sceau.

- Par quel miracle le pourrait-il, si tous les dieux...

- Il est plus ancien et puissant que tous les dieux ! Il est l'un des piliers de ce monde ! Mais malgré tout, il s'entête à vouloir le détruire. Notre extermination n'est que le début de son plan.

- Il lui faudrait déjà se réveiller...quel est le nom de ce dieu ?

Tikki, comme inquiète d'un coup, tourna la tête de droite à gauche.

- Les noms ont du pouvoir...les égyptiens lui ont donné le nom d'Apophis...mais en grec, son vrai nom...

- Apophis...l'ennemi du dieu Solei Râ ?

- Lui-même...Je...ça m'arrive rarement, mais...j'ai peur, Téti. J'ai vu beaucoup de monstre autrefois...mais il est peut-être le pire.

Téti la pris dans ses mains en coupe, et sourit, malgré son inquiétude d'égale intensité :

- Ne t'inquiète pas...quoi qu'il puisse arriver, je te protégerais...

- Je ne m'inquiète pas pour moi, Téti...mais après tout, tu as le Fils de Bastet à tes côtés !

Une illumination s'empara du visage de la jeune fille ;

- Mais oui ! Il faut prévenir Fils !

Dehors, le nuage grossissait à vue d'œil. Le monde allait bientôt connaître son heure ultime...ou le reste se déciderais...

@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@

- Une âme pure, des momies, un objet sacré...Qu'est-ce qu'il faut de plus, au juste ?

- Hum...patience, princesse...tu le saura lorsque la Dame Rouge et son paladin arriveront...

Sur le fil de la lame de feu de la déesse flamboyante, des images sinistres défilèrent.

- Cette arme a été utilisée pour vaincre notre maître, n'est-ce pas ? Je l'aime beaucoup, mais elle est en quelque sorte...maudite, non ?

- Tu as versé le sang du dieu soleil, avec. Cela répare tout : je suis certain qu'Apophis est très heureux de savoir que son pire ennemi est mort par sa propre arme !

Le corps de la reine, momifié mais encore intact à l'intérieur, reposait sur la table, digne, les bras en croix sur sa poitrine, telle une reine.

Seth, toujours détenteur du corps de Ramsès II, apposa ses mains sur le corps, respira longuement, accumulant la puissance démoniaque qu'il avait appelée du désert.

Un sarcophage d'or apparut aux côtés du cadavre de la reine. Le masque sur le visage de la momie rappelait la tête d'un faucon, aux yeux de saphir, un bleu si vif et si lumineux...qu'il ne pouvait être que surnaturel. Sur les côtés du sarcophage, une vive lumière semblait vouloir s'échapper du coffret mortuaire.

- C'est...lui, n'est-ce pas ?

- Exactement ! Mon pire ennemi, mon Némésis, le très impuissant dieu des air, que j'ai enfermé dans ce cercueil, comme son père avant lui...

- Tu aurais dû le découper ! Osiris aurait été content : il aurait enfin pu être plus proche de son rejeton !

- Tu es si cruelle ! Mais non, pas cela, pas cette fois. Ça ne marchera pas si je l'envoie dans le monde des morts. J'ai besoin de lui vivant, pour les attirer.

Une moue ennuyée se peignit sur le visage de Sekhmet.

- A mon avis, la tempête aura suffit à les amener ici...

Un grand fracas retentit dans la pièce. Ils entendirent les voix de gardes affolés crier, et courir pour attraper quelque chose qui avait manifestement le dessus sur eux.

Lorsque les portes s'ouvrirent, les yeux de Seth brillèrent d'une lueur rouge maléfique, excitée par l'adrénaline et le sentiment de triomphe qu'il ressentait.

La Dame Rouge, essoufflée mais parfaitement opérationnelle dans sa robe d'un pourpre profond, les yeux à peu près aussi enflammés que ceux de Sekhmet, se dressa face à eux, son yoyo à la main.

Mais c'est Le Fils de Bastet, son bâton tournoyant dans sa main, qui se chargea de poser La question :

- Bon, vous vous rendez et y aura pas de bobo, ou on combat ?

Un sourire narquois glissa sur les lèvres de la déesse renégate, et elle susurra :

- En fait, vous êtes pile à l'heure pour l'apéro, dit-elle en agrippant son épée. On passe à table, mes héros ?


La Dame Rouge et le Fils de BastetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant