[Eldarya] Le Secret des Moraï

Chapitre 35 - La Perfection Incarnée

Merci à EleaLoutre pour ce superbe gif ! ♥

Contre toute attente, j'ai réussi à fermer l'œil. J'en suis la première étonnée. Je m'attendais à être tourmentée toute la nuit. Par mon comportement d'une part, et par les paroles d'Ezarel d'autre part. Ça a été le cas, au début. Mais finalement, la fatigue m'a assommée avant que je ne puisse me torturer l'esprit davantage.

Je me suis réveillée aux premières lueurs de l'aube. Je ne me suis pas levée du lit pour autant. Je n'en avais ni la force, ni l'envie. Je n'ai pensé à rien, je n'ai ni pleuré, ni souri. En fait, je me sentais vraiment vide, comme si on m'avait arraché le cœur et qu'il m'était impossible de ressentir à nouveau des sentiments.

Mais le jour s'est levé depuis au moins un quart d'heure maintenant et je me souviens qu'Elfïen nous a dit qu'on partirait en direction de la Source dès ce moment de la journée. Il est donc temps de remballer mes affaires qui traînent sur le plancher. Je m'active rapidement pour remettre de l'ordre dans la petite maisonnette avant de la rendre à leurs propriétaires, quand une douce voix m'interpelle à la fenêtre, me faisant sursauter.

-Bonjour, Élue.

Il s'agit d'une jeune fille, probablement un peu plus jeune que moi. Tout du moins, en apparence. Si ça se trouve, elle a trois cents ans de plus... Ses longs cheveux de couleur platine tombent en cascade contre ses épaules nues. La demoiselle ne dispose que d'un simple châle en satin habilement entrelacé sur sa poitrine pour la vêtir et de quelques lambeaux d'étoffes qui cachent sa nudité. Elle m'observe avec de ses grands yeux verts comme si j'étais un joyau rare au milieu de vieilles pièces de cuivre. Ça me met mal à l'aise, mais je suis certaine que cette fille ne me veut aucun mal.

-Appelle-moi Waïtikka, s'il te plaît, la supplié-je en m'approchant d'elle.

-D'accord, sourit-elle, visiblement enchantée. Pardonne mon intrusion, mais je voulais te parler et Elfïen ne me l'aurait pas permis si je le lui avais demandé.

-Pourquoi souhaites-tu me voir ? interrogé-je, curieuse.

La jeune Sylphe se mord la lèvre inférieure, marquant clairement son hésitation. Elle grattouille quelques plumes qui ont poussé sur son bras, juste avant l'épaule et se lance :

-J'ai une faveur à te demander. Un jour, quand j'aurai trouvé mon âme-sœur, j'aurai un bébé et j'aimerais...

La demoiselle marque un temps d'arrêt. Visiblement, ce qu'elle a à me demander la gêne vraiment. Si c'est pour être la marraine, je ne suis pas convaincue que ce soit une bonne idée. Je ne la connais pas le moins du monde. Je sais pas m'occuper des bébés, je ne sais même pas quel est le véritable rôle d'une marraine. Tout ce que j'ai en tête, ce sont ces contes pour enfants, où les gentilles marraines agitent leurs baguettes au dessus du berceau pour offrir des qualités au nouveau-né. Autant dire que ce n'est pas de mon ressort.

-J'aimerais que mon enfant, si c'est une fille, porte ton nom.

-Pardon ? relevé-je la tête, n'étant pas sûre d'avoir bien compris.

-Je veux que mon enfant porte ton nom, ou tout du moins, qu'il y fasse allusion. Que penses-tu de Tikka ?

-Oui, c'est très joli, mais... pourquoi ? m'enquis-je, ne comprenant pas son intention.

-Parce que tu es l'Élue. Tu es celle qui nous sauvera tous. Je veux que ma fille porte le nom de la personne la plus vertueuse de ce monde. Peut-être ainsi sera-t-elle aussi belle que toi.