Petit à petit mes sens s'éveillent. Je m'éloigne doucement des berges du monde des rêves pour rejoindre celles de la réalité. J'aimerais tellement rester dans cette bulle de coton encore un peu. J'ai l'impression d'être lovée dans un cocon de douceur et de chaleur. Je suis dans un lit fait de barbapapa. J'ai terriblement envie de goûter à mon oreiller. Refusant de me réveiller maintenant, j'enfouis sans hésitation mon visage dans le coussin.
La couette suit mes mouvements. Sa glisse fluide effleure la peau nue de mes reins. Sous mes doigts, je palpe le matelas. Si moelleux, si doux et si chaud. Ah que je suis bien. C'est le genre de matin où on a vraiment pas envie que le réveil sonne ! Mais il va bien falloir se lever à un moment donné. L'université n'attend pas. Je ne sais même pas par quel cours je vais commencer. Peut-être Anglais technique ? Je ne sais même plus quel jour on est.
Il va falloir que je prenne quelques minutes pour examiner mon agenda avant de partir. Je cherche mentalement où j'ai pu le ranger, tentant désespérément de prolonger un peu plus mon état de végétation. Un souffle tiède me réchauffe le front. Je soulève difficilement une paupière pour tomber nez à nez avec mon chat.
-Bien dormi ? me murmure-t-il.
Il m'observe de ses jolies petites prunelles grises, amoureusement affamées. Il va falloir que je le nourrisse avant de partir.
-Magnifiquement bien, souris-je, d'un air béat.
Attendez une minute. J'ai pas de chat ! Qu'est-ce que... Ma mémoire - altérée par une si bonne nuit de sommeil- se remet en place petit à petit. Les champignons. Eel, Miiko, la Garde. Eldarya. Ce voyage dans la forêt et puis cette montagne. Et...
-Nevra ? grogné-je en ouvrant brusquement de grands yeux.
Je me redresse un peu, le libérant de mon poids. Il desserre un peu l'étreinte de son bras. Étrangement, j'ai l'impression qu'il m'arrache une partie de moi en rompant ainsi le contact. Mon flanc est vite sujet à la fraicheur du petit matin et mes mains recherchent instinctivement celle de Nevra pour l'empêcher de s'éloigner. Assise contre lui, je lève les yeux vers les siens.
Nevra me rend mon sourire de tout à l'heure mais affuble bien vite un air moqueur.
-Je constate que tu as bien dormi, en effet, ricane-t-il en essuyant une tache sur son t-shirt au niveau de ses pectoraux.
-Oh bon sang ! Me dis pas que... j'ai... balbutié-je. Non, j'ai pas fais ça ?
-Si, si. Tu as dû faire de beaux rêves pour baver comme ça.
Puis en se penchant vers moi afin que le bout de son nez chevauche le mien, il ajoute en se léchant les lèvres :
-Tu as rêvé de moi ?
Je ne sais pas ce qu'il a fait, mais j'ai l'impression qu'il fait au moins soixante-quinze degrés, tout d'un coup. J'ai chaud. Très très chaud. Je manque d'air, j'ai du mal à respirer. Pourquoi il fait aussi chaud tout à coup ? D'où vient cette fournaise ?
-Je... je... bégayé-je. Je ne sais p-pas. Je me souviens pas de mon rêve.
-Ne te mets pas dans cet état, je te taquine, sort-il en s'éloignant un peu.
Il garde tout de même son regard de braise fixé sur moi. Je ne sais pas où me planquer. Le rouge a dû me monter aux joues. Et peut-être même pas qu'aux joues. Je me sens tellement nulle. Je n'arrive pas à me contrôler. Mais qu'est-ce qu'il m'a fait, ce mec ? Comment a-t-il fait pour m'envoûter comme ça ? Il est électrisant, son regard m'invite à me plonger dans l'abîme de ses yeux, à me perdre dans ses pensées. Sa peau si douce attire mes caresses. Pourquoi ne puis-je pas effleurer son visage sans virer pivoine ? Mes yeux tombent sur son sourire. Ses lèvres. Plus aucun mot ne peut sortir de ma bouche. Ma langue est comme engourdie, refusant d'obéir aux ordres que donnent mon cerveau. Quoique... mon cerveau lui-même est engourdi.
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[Eldarya] Le Secret des Moraï
Fiksi PenggemarLancez vous dans l'exploration des Terres d'Eldarya, vivez une aventure épique, rencontrez de merveilleux personnages pour découvrir le Secret des Moraï... Entre les membres de la Garde d'Eel qui se méfient d'elle et les créatures étranges et b...