Chapitre 30 : Rencontre Sylvestre

2.2K 156 278
                                    

Dessin : l'Apollon par Skiinny.

Dessin de la tenue (plus bas) : de moi



Ezarel et moi restons immobiles, le souffle coupé. Tout autour de nous, hésitant, un peuple sort des recoins du refuge. Notre arrivée les a-t-elle effrayés ? Je peux constater avec certitude qu'il ne s'agit en aucun cas d'une espèce de chenilles ou d'araignées géantes. Ils ressemblent même plutôt à des êtres humains, de loin.

Alors que certains, moins timides que leurs confrères nous approchent, je remarque qu'ils ont tous l'air très jeunes, aucun d'eux ne semble avoir plus d'une vingtaine d'années. La vieillesse n'existe-t-elle pas ici ? De plus, ils sont tous d'une incroyable beauté, éblouissante de simplicité. Ils ne portent aucun artifice. Ils n'en n'ont visiblement pas besoin. Leur port est élégant et gracieux. Leurs jambes sont effilées et leurs membres délicats.

Leur peau de lait est à nue, seules quelques fines bandes d'étoffe fluides et vaporeuses dissimulent leur intimité.

Ils sont tout proches, à présent. Ils nous observent comme si notre présence relevait tout simplement du miracle. Personne n'est donc jamais venu ici ? Le comportement du Pixie avant la traversée du lac converge plutôt dans ce sens.

Alors qu'ils nous encerclent tous, certains de ces êtres tendent les bras vers nous pour nous toucher. L'une d'elle me caresse la joue, tandis qu'un autre examine le bleu des cheveux d'Ezarel. Mal à l'aise, je me rapproche de l'Elfe, jusqu'à trouver son contact. Je le surprends à en faire de même. Il préfère visiblement que ce soit moi qui le touche plutôt que ces inconnus étranges.

Guettant les réactions de ce nouveau peuple, je constate que leur peau est parsemée de magnifiques plumes d'une blancheur éclatante. Tantôt sur les cuisses, tantôt dans le creux des reins et dans le dos, les plumes de ces êtres paraissent tout simplement les rapprocher vers le ciel et sa grâce aérienne. A tâtons, je cherche la main d'Ezarel et enserre ses doigts. Je le sens tiquer, mais il ne me repousse pas, conscient de la peur qui monte en moi. Cette boule dans mon ventre se fait toujours plus pesante.

Même si ce peuple n'a pas l'air hostile, je ne suis pas des plus rassurées. Ils ne prononcent pas un mot, seul le tintement des gouttes de rosée éternelle cristallisées dans les fils de soie nous berce d'une mélodie mystique. Le silence de ces êtres gracieux, semblables à des anges me met mal à l'aise. Qu'attendent-ils pour engager le dialogue ? Je n'ose même plus respirer.

Ezarel se penche vers moi et tout près de mon oreille, il murmure :

-Ce sont des Sylphes. Une race extrêmement en marge des autres Faeries. Je n'étais même au courant qu'il y en avait encore en vie.

-Ce sont eux les Moraï ? Savent-ils parler ? Pourquoi ils nous observent comme ça, Ez' ? quémandé-je, perdue.

-Nous ne sommes pas les Moraï, répond une voix dans la foule.

Son murmure est proche du vent, comme s'il s'était adressé directement à mon âme. Ezarel se tourne dans la direction de la voix et je suis son mouvement. Un homme se détache des autres. Sa démarche féline le porte jusqu'à nous. Il est presqu'aussi grand qu'Ezarel et me surplombe d'une demi-tête.

Malgré mon émerveillement quant à leur rencontre, je ne peux dissimuler une certaine déception. Je m'attendais tellement à rencontrer enfin les Moraï. Ces divinités dont les légendes font des montagnes. Ces divinités qui, par un coup de poing, ont pu retourner le sol et l'éparpiller en centaines d'îles flottantes. Ces mêmes divinités qui ont su donner la magie à notre monde. Magie, qui, à présent, se tarit.

[Eldarya] Le Secret des MoraïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant