[Eldarya] Le Secret des Moraï

Chapitre 22 - Un Nouvel Ami

Oui, je sais, encore cette musique... n'oublions pas qu'elle est la musique thème de la fiction. Et puis, perso, je ne m'en lasse pas, j'espère que vous savourerez d'autant plus le passage qu'elle anime !

Bonne lecture, mes chers/chères lecteurs/lectrices ♥

Je ne pensais pas que la mort ressemblerait à ça. Il fait noir. Et humide aussi. Je ne vois rien si ce n'est des formes vaguement lumineuses danser devant mes yeux. Comme si j'observais un paysage les paupières closes. C'est tellement absurde !

J'entends le clapotis de l'eau. Mourir par noyade deux fois d'affilée... J'imagine que le bruit des vagues est ma sentence. Je me sens lourde. Je suis engourdie, comme si mes mouvements étaient retenus par quelque chose d'invisible et pourtant j'arrive à ressentir la lourdeur de mon corps, affalé sur une surface visqueuse et malodorante. A chaque inspiration, une matière franchement pas ragoutante entre dans ma bouche. J'essaie de cracher pour la faire sortir mais je m'éclabousse le visage. Prise d'une soudaine quinte de toux, je parviens à ouvrir les paupières et à m'appuyer quelque peu sur mes membres engourdis.

Je suis dans une marre de boue. C'est écœurant, l'odeur est à vomir ! Je tente de me redresser mais mes mains s'enfoncent dans le sol meuble.

-Qu'est-ce que... toussé-je.

Ce n'est pas de la boue, mais de la vase mélangée à de la glaise. Ça sent tellement l'eau croupie et les algues que j'en ai un haut le cœur. Rapidement, je porte mes mains sales à ma bouche mais je suspends mon mouvement lorsque je remarque que je tiens quelque chose, emmêlé entre mes doigts. C'est un long ruban de tissu doux et soyeux. J'ai l'impression de caresser un nuage tellement l'écrin est léger et délicat. Sa couleur noire n'en est que plus profonde à cause de l'humidité. Je le reconnais instantanément. Je porte l'écharpe à mon nez et en hume l'embrun. Malgré un temps incertain passé dans l'eau du lac et son triste état, je parviens quand même à trouver et m'imprégner de sa fragrance.

Son écharpe, son odeur. J'ai l'impression que Nevra est là, à coté de moi. Mon cœur bat plus fort, plus vite. Je me ressaisis et parviens à me relever. Je titube à cause de mes appuis fragiles. J'ai les jambes rouillées et j'adopte une démarche de godiche quand j'entreprends de sortir de cette berge marécageuse.

-Nevra ? appelé-je en regardant frénétiquement autour de moi pour trouver sa silhouette. Nevra, où es-tu ? Réponds !

Ma voix s'étrangle quand, au bout de quelques minutes, je ne reçois toujours aucune réponse. Je scrute les environs et constate que je suis au bord du Lac aux pépites. Les Chutes du Couard ne sont pas très loin, je vois leur brume qui glisse encore sur la surface froide de l'eau. Derrière moi, il y a des arbres étranges aux troncs entrelacés. Nevra m'avait pourtant dit que Dorin était dans une plaine et que nous n'aurions pas à traverser de nouveau la Forêt Profonde.

L'angoisse s'empare de moi. Où suis-je ? Je ne connais rien à ce lieu. Et me voila seule. De la cascade, mes yeux courent sur la surface miroitante et imperturbable du lac pour en faire le tour. Mon cœur s'effondre dans ma poitrine quand je remarque, pile de l'autre coté de l'étendue d'eau, des petites tâches colorées et fumantes.

Dorin.

De l'autre coté du lac...

Le courant m'a emporté à son opposé. Je suis damnée. Est-ce humainement possible d'avoir autant de malchance ? Je réfléchis à toute allure pour trouver une solution à mon problème. Je dois rejoindre Dorin. Faire le tour du lac à pied est exclu, ça prendrait trop de temps. N'oublions pas que la situation du Royaume est critique. Même si Nevra n'est plus avec moi pour me le rappeler, je garde notre mission en tête. Plus déterminée que jamais, j'enroule l'écharpe de Nevra autour de mon cou et inspire une bouffée d'air à travers. Je conserverai l'étoffe aussi précieusement que s'il s'agissait de la source de maana elle-même. Je lui rendrai quand je le retrouverai. Parce que je le retrouverai, j'en suis certaine. Et puis, son odeur à mes cotés me donnera l'illusion de l'avoir, lui.