A peine réveillée, je bondis sur mes pieds. Je suis dissimulée par Malachite, il me protège de cette nouvelle menace. Dans mon dos, je peux voir la plaine qui s'étend à perte de vue et ondule en rythme avec les vents.
-Tu l'auras bien cherché, menace la voix. Kairos, fais-m'en du gravier !
Un grognement alourdit l'atmosphère. Malachite étend ses mains sur ses cotés pour m'éviter un coup, me servant de bouclier.
-Arrêtez, m'écrié-je. Ne vous battez pas !
Je joue des coudes avec mon Golem pour me mettre à vue de notre assaillant mais je tombe nez à nez avec une créature que je ne connais pas.
-Kairos, je présume, couiné-je.
Le fauve, haut comme un petit cheval, est pourvu d'une mâchoire puissante aux dents acérées, dont les babines sont férocement retroussées. Malgré cela, son museau reste d'une finesse sans pareille. Les pupilles mauves de la bête me fixent d'un air de défi et tout aussi atteint d'un complexe de supériorité que son maître. Deux billes noires suivent mes mouvements. J'en ai froid dans le dos.
Ses longues oreilles touffues et mobiles sont à l'affût du moindre bruit suspect. La créature attend l'ordre de son maître pour poursuivre son attaque. Il semble parfaitement dressé. Une chance pour moi. Je suis prête à parier qu'un coup de griffes de sa part ne pardonne pas. J'ai l'impression de voir les pattes d'un tigre tant elles sont musclées. Et pourtant, l'aspect global de la créature ne donne pas l'impression d'avoir affaire à un félin.
Son corps effilé est celui d'un prédateur rapide et rusé. Son pelage magnifique se divise en deux parties. Le dessus de son corps est éclatant d'une couleur verte, comme l'herbe qui danse au printemps dans les champs. Puis, sous une ligne qui part de sa truffe et s'enfuit entre ses pattes avant pour rejoindre sa queue en plumeau, la fourrure est beaucoup plus claire, comme les jeunes pousses n'ayant pas encore goûté au délice des rayons du soleil de la belle saison. Sur son dos, sont tendues deux ailes d'une beauté à couper le souffle. Elles ne sont pas faites de plumes, mais je parviens à distinguer les nervures de la fine membrane, matérialisation physique du vent lui-même. A n'en pas douter, cet animal peut atteindre une vitesse fulgurante dans les airs, comme sur terre.
Je ne sais que penser de cette créature. Sa magnificence m'éblouit, et pourtant sa posture, sa stature m'effraie. Il s'agit là d'un Renard ailé verdoyant. La malice se lit dans son regard, si bien que je ne peux m'en détacher. Je n'ai même pas la force de diriger mon attention sur son maître, jusqu'à ce que sa voix, ayant retrouvé son calme, ordonne :
-Kairos, reviens. N'attaque pas.
La bête tique. Ça le titille de désobéir, mais l'autorité de son maître étant plus forte, il abdique. Ses longues oreilles se couchent sur sa nuque et son pelage perd un peu de son ampleur. Il replie ses ailes contre ses flancs et rejoint son gardien. Alors seulement, mes yeux glissent de Kairos pour monter vers ces prunelles turquoise qui brillent sous la pâle lueur de l'aube. Il ne dit rien et se contente de m'observer, comme s'il ne me reconnaissait pas.
Ses longs cheveux sont attachés plus haut que d'habitude pour, j'imagine, ne pas le gêner pendant sa chevauchée. Il ressemble à un samouraï, comme ça.
Ses fins sourcils se froncent, je vais avoir droit à un sermon...
-Que fais-tu avec un Golem ? Te rends-tu compte du risque que tu encours ?
Bah tiens donc. Je devrais écrire des histoires, j'ai un don pour deviner les scénarii...
-Oh bonjour Waïtikka, ironisé-je. Je suis tellement content de voir que tu vas bien ! Quelle surprise de tomber sur toi pendant ma promenade matinale !
VOUS LISEZ
[Eldarya] Le Secret des Moraï
FanficLancez vous dans l'exploration des Terres d'Eldarya, vivez une aventure épique, rencontrez de merveilleux personnages pour découvrir le Secret des Moraï... Entre les membres de la Garde d'Eel qui se méfient d'elle et les créatures étranges et b...