Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)

Neil: looking for someone

Notre tournée commence dans trois mois. Notre première tournée internationale.

Je n'y aurai jamais cru. Il y a quelques années, je répétais mes gammes en maudissant mes parents. Et là, je vais me produire devant des milliers de gens.

Dingue.

J'avoue que je dois encore m'habituer à certains débordements du public, les hurlements hystériques ou les fans qui t'attrapent n'importe quand pour une photo ou une dédicace, je n'aime pas beaucoup.

Grâce à ces fans, je peux vivre de ma musique et la leur faire aimer, c'est un fait.

Cependant, je préfère en discuter calmement ou qu'ils se contentent de l'apprécier et pas forcément qu'ils deviennent hors de controle.

Selon notre agent, cela fait partie du jeu. Soit.

Avec les autres gars du groupe, Lorenzo Alario, bassiste et pianiste, et James « Jim » Lochlin, batteur et co-manager, nous cherchons un jeune groupe débutant pour assurer notre première partie. Nous ne sommes plus cette première partie, cette fois. Nous l'avons été et souvent. Place aux suivants, nous avons envie de donner un peu de ce que nous avons tant reçus.

Aujourd'hui, nous sommes invités par le frère de Lorenzo pour assister à une répèt' d'un groupe de pop rock. Beaucoup d'énergie. C'est tout ce qu'il nous a dit. Apparemment, nous risquons d'être surpris...

Le frère de Lorenzo, Luigi Alario, nous a mis le pied à l'étrier : il nous a dégoté des petites salles de concert, nous a secoué les puces pour aller plus loin, viser plus haut. Vu le succès grandissant du groupe, nous lui avions demandé d'être notre agent mais il a refusé car une idée germait dans sa petite tête. Dommage. C'est un chouette gars.

Cependant, son idée avait du génie et a très vite pris de l'ampleur.

La boite qu'il dirige à Brighton est devenue une école des arts où les élèves viennent en extra-scolaire apprendre musique, danse et dessin. Deux spectacles importants sont organisés en cours d'année. Ces spectacles s'organisent carrément à Londres.

De cette école sont sortis des talents prometteurs. Nous n'avons donc pas hésité lorsque Luigi nous a promis de la bombe.

Nous arrivons devant le vieux bâtiment usé par le temps et les intempéries anglais. Nous venons quelques fois ici pour donner un cours ou pour assister aux répétitions.

Nous le devons bien à Luigi. Il porte ses poulains à bout de bras et les encourage vivement à donner le meilleur d'eux-mêmes comme il l'a fait pour nous.

Une minuscule tornade rousse me bouscule lorsque nous franchissons la lourde porte. Elle se retourne en riant.

- Excusez-moi les gars ! Je suis comme le lapin d'Alice, très en retard !

Elle nous fait un signe de la main et redémarre sa course folle.

Silence.

- Beau petit cul, fait Jim d'un ton appréciateur en admirant le spectacle.

En effet.

Lorenzo se met à rire.

- Quel énergumène ! Ça promet ! Espérons que les autres élèves de cette école soient plus sains d'esprit !

Nous nous joignons à lui tout en continuant notre chemin.

- En voilà, des jeunes de bonne humeur !

Luigi arrive derrière nous. Son visage est toujours aussi souriant et sa mine avenante. Lorenzo et lui se ressemblent beaucoup. Ils sont la plupart du temps d'humeur joyeuse et détestent les conflits.