OH ! Arrêt sur image.
Je n'arrive pas à me concentrer. Je ne pense pas à ce chanteur si sexy à la voix envoutante.
Non, c'est bien Neil qui m'embrasse à perdre haleine. Mon monsieur Ours à moi qui sourit si peu, qui râle tant et tant, qui me protège malgré lui, je pense.
Il sent si bon. Je pourrais le respirer jusqu'à la fin de mes jours.
Il est si tendre comme en témoigne la pression de ses lèvres sur mon visage.
Une houle monte en moi, il faut que je m'agrippe sinon je vais me perdre en lui. Il fond sur ma bouche. Impossible de réfléchir.
Et, puis, cet infime changement. Cet instant où je sens que ce baiser va prendre fin et que plus rien ne sera pareil.
Au même moment, il appuie son front contre le mien. Dans la pièce, on entend seulement nos respirations bruyantes et essoufflées.
-Pimprenelle...je suis désolé, tellement désolé. Si tu savais.
Attends... QUOI !?
Je m'efforce de prendre une voix normale.
-Pourquoi ? Tu es désolé de quoi ? Ça ne veut rien dire, c'est ça ? Tu peux embrasser qui tu veux mais c'est moi que tu choisis de tourmenter !
Aie, ma voix repart dans les aigus. Mauvais signe.
Je me dégage de son étreinte et me redresse. Mauvaise idée...nous nous retrouvons de nouveau nez à nez.
-Emilie, grogne-t-il, avant de m'embrasser à nouveau.
Sensation divine. Il est à moi. Au moins quelques instants. Ses mains viennent caresser mes hanches. Non, tu ne t'en sortiras pas comme ça mon bonhomme. Cette fois, c'est moi qui met fin à notre baiser.
- Réponds-moi, s'il te plaît. Lui dis-je plus calmement.
Il passe les mains dans ses cheveux et se décoiffe avec une énergie inutile.
-Notre milieu n'est pas favorable pour débuter une relation. Je t'en ai parlé.
Je secoue la tête.
-Mauvaise réponse, Neil. Je veux la vérité !
Et c'est là que Neil m'offre son regard sombre, profondément déchiré.
-La vérité est sordide, Emilie. Je n'ai pas envie d'en parler, c'est tout.
Et évidemment, c'est la vérité sordide qui m'intéresse, va falloir se la jouer fine, mais je saurais pourquoi il s'obstine dans une relation qui ne lui apporte rien. Ma tête vient se poser sur son épaule pour lui offrir un peu de réconfort mais, aussi, pour échapper à son regard. Je ne sais pas pourquoi ni comment mais j'ai envie de l'aider comme lui m'a aidé tellement de fois.
Une mission toute simple pour Bernard et Bianca, les adorables petites souris détectives, si seulement je pouvais les appeler à l'aide !
-Tu as peur de blesser Luna ?
Un timide essai pour relancer la conversation. Je sens sa main se poser sur ma nuque, son pouce traçant de petits cercles sur ma peau.
-Emilie, c'est toi que j'ai peur de blesser. Tu es jeune et innocente. Tu n'as rien à faire dans mon monde. Tu n'as pas idée de ce que j'ai fait ou vu dans ce milieu. Je tiens grâce à Lorenzo et Jim.
-Et ta famille ? Vous avez l'air proches.
Un pâle sourire apparaît sur le beau visage de mon rockeur.
-Je suis proche de ma sœur mais elle-même ne sait pas tout.
-Et tes parents ? Tu m'excuseras mais avec ta folle de copine je n'ai pas eu vraiment le temps d'avoir une conversation avec eux !
A ces mots, Neil se redresse brusquement et me lance un regard noir et en colère. Mais... qu'est-ce que j'ai dit ?
Il me prend par les épaules.
-Jamais, tu ne devras avoir de conversation avec eux ! Tu comprends, Emilie ? Jamais ! C'est important pour moi !
Une douleur intense me scie l'estomac. Alerte ! Emilie est trop nulle pour parler à ses parents diplomates.
-Ben, ne t'inquiète pas, je n'irai pas leur raconter que tu as trompé ta copine ; je lui réponds, un peu vexée quand même. Ce qui déclenche un sourire amer chez Neil.
-Crois moi, ils ne demanderaient pas mieux, ils ne l'aiment pas du tout. Mais je ne l'ai pas vraiment trompé, tu sais.
Sa main glisse doucement de mon épaule et se dirige vers mon ventre. Oh, ça donne des frissons, j'ai si chaud tout à coup. Il descend doucement de mon sternum vers le creux entre mes deux seins et arrive enfin sur mon ventre où il pose sa main en écartant lentement ses doigts.
Euh, mais je ....
-Ne t'inquiètes pas Pimprenelle, nous n'irons pas plus loin. Une fois pour toutes, tu te mets dans le crâne que ce n'est pas parce que je n'en ai pas envie, ok ? Je n'ai pas vraiment trompé Luna parce que je ne suis pas amoureux d'elle. Ce qui lui convenait bien. Entre nous, c'était simple: pas de déclarations amoureuses, pas de rendez-vous romantiques et surtout pas de mensonges. Ce genre de relation était tout ce dont nous avions besoin. Nous nous complétions bien au pieu et à l'extérieur, elle faisait office de petite amie idéale. Pour nos carrières, c'était tout bon. Seulement, je change et elle doit le sentir. D'où sa réaction disproportionnée au restaurant, notamment. M'explique-t-il tout en gardant sa main sur mon ventre.
Il n'a jamais autant parlé. D'ailleurs, sa voix s'éraille pendant que nous parlons, preuve qu'elle n'a pas l'habitude ! Alors qu'il peut chanter pendant des heures sans qu'elle ne se modifie d'un iota.
Euh... minute papillon!
-Tu changes ? Demandé-je doucement.
Son regard s'adoucit et il se penche pour me donner un bisou tout doux. Il sourit contre mes lèvres.
-Tu me donnes envie d'être libre, de faire des trucs de fou et surtout, de ressentir à nouveau. Je ne peux plus faire semblant avec Luna et pourtant il le faut !
Il me relâche à regret.
-Mais pourquoi...
La porte s'ouvre avec fracas. Toute notre bande d'amis se trouve à l'extérieur. Le soleil perce à nouveau. Apparemment, c'est Lorenzo qui a ouvert la porte et il nous regarde à présent avec un petit sourire moqueur.
-On vous dérange ?
Neil et moi, nous nous regardons. L'interlude est terminé.
...
Le soir venu, nous sommes tous réunis autour de la table dans un jeu de poker endiablé, animé par le grand-père de Jim, ravi d'avoir autant d'attention. Il est adorable et nous régale d'anecdotes concernant la jeunesse de Jim.
Les rires fusent autour de la table. La maman de Jim passe une main affectueuse sur le crâne lisse de son fils.
Cette conversation, ces rires, mes amis et même Neil assis à côté de moi sont tout ce dont j'ai besoin pour ressentir à nouveau de la légèreté.
Il faut l'avouer : cette journée m'a chamboulée au-delà de toute expression. Je ne cesse de penser à la tendresse de Neil et à ce déchirement que j'ai pu lire dans ses yeux.
Mon attention est attirée par la voix de James sénior qui me semble un peu émue.
-Alors, je le vois, mon grand garçon faire une gymnastique incroyable avec ses bras, me produisant les plus beaux sons qu'il m'a été donné d'entendre. Et là, il me fait un clin d'oeil à moi, son vieux grand-père et pas à ces filles hystériques.
Un silence se fait tout autour de nous. Grand-père et petit-fils se regardent en souriant. Une image incroyable. C'est cela aussi, la musique ! L'émotion qu'elle peut susciter est aussi importante que la chanson en elle-même.
Neil presse doucement sa jambe contre la mienne.
Un moment parfait.
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Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)
Roman pour AdolescentsAlors que son enfance n'a pas toujours été des plus faciles, Emilie reprend peu à peu confiance en elle, au sein d'un petit groupe de pop-rock. Lorsqu'elle chante, elle dégage ce petit quelque chose qui fait pétiller ses yeux et qui rend la musiqu...