Neil: Somebody told me

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Ça n'a pas été facile mais j'ai réussi à trainer la belle au bois dormant sur son divan. Elle a balbutié des remerciements une quinzaine de fois avant de s'endormir profondément. J'ai attendu le retour des autres avant de la quitter.

Mal m'en a pris. Elle s'est relevée brusquement et s'est ruée vers les toilettes.

Non...pas ça.

Je me suis senti obligé de la rejoindre dans la salle de bains pour lui tendre un verre d'eau. En le prenant, elle s'est caché le visage.

-Quoi, tu as du vomi sur la figure ?

-Mais non, c'est juste que j'ai tellement honte... s'est-elle indignée. Puis elle a soupiré.

Ah non pas de larmes, je ne sais pas comment réagir face à une nana qui pleure.

-Ne t'inquiète pas monsieur Ours, je ne pleurerai pas.

Elle a enlevé ses mains de son visage et m'a dévisagé avec son regard aux mille reflets étincelants. Son expression catastrophée a laissé place à son habituel petit air espiègle.

Petite sorcière...

-Pourquoi tu m'appelles monsieur Ours?

-Parce que tu bougonnes sans cesse !

J'aurai pu le deviner tout seul. Et là, elle s'est mise à rire et j'ai retrouvé la petite Pimprenelle. Soulagé, je me suis mis à rire avec elle. Drôle de pouvoirs, cette nana.

Les autres sont rentrés et j'ai pu la laisser entre de meilleures mains que les miennes.

........

Aujourd'hui, nous aidons les roadies à monter le matériel dans le car. La fête s'était prolongée la veille pour Lorenzo qui arbore une magnifique paire de lunettes de soleil et un sourire rêveur.

-Ah, tu as raté quelque chose, Neil !

-Oui, j'imagine... deux nanas, tu as été fort occupé !

Lorenzo opine de la tête et passe la langue sur ses lèvres. Je ris.Nous sommes seuls tous les trois debout devant le car quand Jim pose une main sur mon bras.

-Ok, Neil, on parle et puis tu feras comme tu voudras.

Aie, la conversation redoutée. Celle où ils me demandent des explications concernant ma réaction de hier soir.

-Il se passe quelque chose entre Emilie et toi ?

Bingo ! Je me gratte les cheveux, ne sachant quoi répondre.

- Il n'y a rien entre elle et moi.

Cette réponse-là ne leur plaît pas au vu du scepticisme qu'ils affichent.

-Ne râle pas, Neil. Clairement, cela ne nous regarde pas mais nous voyons bien comment tu la regardes et comme tu es parti la chercher hier. Ça fait du bien de te revoir comme cela. L'impression de revoir un vieil ami, tu vois ?

Son laïus débité, Jim me fait un sourire triste. Il parle d'un gars qui a disparu. Un vieil ami qui aurait gardé sa foi dans les autres. Qui ne se serait pas fermé à ces autres par peur de souffrir encore.

Un autre que moi.

Nous sommes interrompus par deux gars qui portent une grande caisse de matos. Nous nous empressons de les aider.

La matinée se passe relativement vite. Pimprenelle est active pour une nana qui s'est soûlé la veille.

À midi, nous mangeons des sandwichs à même le sol. Le temps est exceptionnellement doux pour Londres. Le concert de demain soir se déroule à Glasgow ce qui enchante Jim, occupé à échafauder des tas de projets.

Dans les yeux d'Emilie( en réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant