XLVII. Touché... Coulé

81 9 0
                                    

Après une demi-heure de pause, les coups de feu avaient recommencés à raisonner depuis le camp. Tony avait bizarrement repris espoir en les entendant de nouveau. La fin de la bataille signifiait la victoire pour eux... Ou pour leurs ennemis. Il agitait sa jambe droite, concentré à conduire droit, suivant le véhicule de Nicolas.

- Calme toi, demanda Amélie d'un air calme.

- On va pas gérer, c'est la merde là.

Le cœur de Tony battait à une vitesse incroyable. Il sentait sa gorge nouée, il avait envie de vomir, il voulait avoir un accident et ne pas pouvoir rejoindre le camp. « Arrête d'être égoïste, Tony, arrête ! », se reprit-il sans beaucoup de conviction.

- On va gérer, ils ne savent pas qu'on vous a récupéré, ils pensent que tout le monde est au camp, ils ne s'attendront pas à voir débarquer des renforts.

Tony voulut répondre quelque chose mais rien ne sortit de sa bouche. Ils roulèrent encore un quart d'heure avant que Tony ne soit sûr de reconnaître la route. Les coups de feu étaient clairs, à présent. Ils étaient proches. Plus proches qu'ils ne le pensaient d'ailleurs, puisque Tony dû appuyer violemment sur le frein pour éviter de percuter Nicolas qui venait lui aussi de s'arrêter brusquement. Il ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait et dû observer devant lui quelques secondes avant de se rendre compte. Alors il vit tout au ralenti : Devant eux se dressait l'école, dont la cours semblait remplie de table renversées, comme se des barrages de fortune avaient été dressés, en face, à environ 200 mètres, depuis un talus irrégulier parallèle à l'école, des Hommes tiraient avec des fusils d'assaut, ou en tout cas des armes imposantes. Il voyaient le champ de bataille de côté, « comme un film », pensa Tony. Et lorsqu'ils s'étaient approchés, une légère rafale avait balayé le par-brise de Nicolas, qui ne donnait aucun signe de vie depuis son véhicule.

- Baisse toi ! Hurlait Amélie pour la deuxième fois.

Tout les deux se penchèrent. Elle attrapa un fusil d'assaut posé à l'arrière et le tendit à Tony avant d'en saisir un autre pour elle-même.

- Tony, appela-t-elle.

Celui-ci, penché derrière le volant, ne savait plus où donner de la tête. Il avait vu un corps dans la cours. Mais il ne savait pas très bien s'il s'agissait d'un rôdeur ou d'un des leurs. Une nouvelle rafale percuta le véhicule de Nicolas et quelques projectiles firent apparaître des trous dans leur par-brise.

- Tony, regarde moi.

Il la regarda, essayant toujours de réaliser ce qui était en train de se passer.

- Ils ont besoin de nous, là-bas, ok ? Alors on sort, on se met à couvert derrière le véhicule de Nicolas et on tente de le sortir de là. Tu me suis ? Oh !

Il ne réussi à parler, mais hocha la tête en signe d'approbation. Elle parut satisfaite et, tout en restant à couvert, sortit de la voiture pour rejoindre l'abri prévu. Tony secoua la tête et fit de même. Il n'eut aucun problème, aucune rafale ne vint le déranger. Il s'accroupit auprès de Amélie qui semblait déjà réfléchir. Tony leva rapidement la tête pour voir les sièges avant où il aperçut un corps allongé. Il ne resta pas longtemps comme ça puisqu'une nouvelle rafale frappa. Amélie l'interrogea d'un regard, il haussa les épaules. Elle paraissait si inquiète... Et en même temps, elle semblait déterminée à ne pas laisser tomber Nicolas. « Prend exemple Tony, tu n'as jamais sauvé personne toi, c'est toujours les autres qui t'ont sauvés ». Il eut un pincement au cœur. C'était vrai, Emma l'avait sauvé, ce groupe qui les recueillait et prenait soin d'eux l'avait sauvé, Amélie, Nicolas et Fabrice par leur savoir et leur expérience devaient l'avoir sauvé plus d'une fois au cours de la journée... Tout le monde lui apportait des choses, et lui n'avait jamais rien pu faire pour les aider. Tout ce qu'il espérait, c'était de pouvoir revoir Emma, lui dire à quel point il était désolé d'être si inutile, la remercier de l'accepter malgré tout. Et surtout, il voulait lui dire qu'il allait changer. Parce que maintenant, il allait être un survivant que les gens pourraient remercier pour ses actions. Emma était vivante, Nicolas devait être vivant, Amélie, qui le regardait avec cette fameuse étincelle dans les yeux, Mike était vivant, sa copine, Perrine, elle aussi était vivante... Et ils allaient tous le rester parce qu'ils étaient les bons survivants, le camp des gentils.

- Tony !

Amélie se leva, au ralenti. Elle se levait et saisit son arme à deux mains. Tony, toujours accroupis derrière la voiture et maintenant couvert par Amélie, aperçut sur le côté un homme grand et barbu qui courait, une arme de poing à la main. Il leva l'arme vers eux, le regard froid. Amélie était entre l'homme et Tony, elle commença à lever sa propre arme. « Trop tard », pensa Tony, les yeux remplis d'effroi. Cet homme qui avait tenté de les contourner tira un coup dans leur direction.

BAM !

Tony répliqua immédiatement.

BAM ! BAM ! BAM !

Puis deux corps s'écroulèrent au sol.

- Merde ! Hurla Amélie. Elle tentait difficilement de se relever, tout en récupérant son arme tombée à terre.

- Fait chier ! Grogna Tony. Ça fait plus mal que ce qu'on pense.

Étalé sur le sol, toujours abrité derrière la voiture, Tony pressait sa main droite contre sa poitrine. Il sentait un liquide chaud se propager. Il rigola en regardant sa main rouge écarlate.

- Tu vas bien ? Demanda-t-il à Amélie.

Elle semblait sous le choque. Elle retira le foulard qui lui entourait la gorge pour le presser sur la blessure de Tony.

- Tu vas t'en sortir.

- Je crois pas.

Il avait du mal à parler, sa voix était faible et il toussait entre chaque pose. Il avala difficilement puis repris :

- Tu sais, j'ai pas toujours été un exemple, loin de là -tousse-, Amélie ?

Elle le va les yeux vers lui. Ils étaient humides.

- Oui ? Dit-elle d'une voix tremblante.

- Merci.

- C'est toi qui m'a sauvé, tu n'aurai jamais dû...

- Non, coupa-t-il, je suis sincère. Merci pour-tousse-m'avoir permis de te sauver. J'aurai pas été un si mauvais compagnon de survie finalement.

- Ne dit pas de bêtise.

Tony se sentait faible. Et même s'il entendait encore les coups de feu au loin et s'il voyait le visage triste d'Amélie, il se sentait partir, comme s'il s'endormait.

- Dit à Emma que j'avais raison.

Il sourit.

- Vous en valez la peine, dit lui ça, dit lui de-tousse- ne jamais l'oublier.

- Tu en vaut la peine aussi, Tony.

Il esquissa un sourire vite remplacé par une grimace de douleur. Il n'arrivai plus à garder les yeux ouverts, c'était plus fort que lui.

- N'abandonnez jamais aucun espoir. Battez vous. Bat toi, Amélie. Tu en vaut la peine, vous en valez tous la peine... Vous...

Tony toussa un coup puis il senti sa tête tomber en arrière. Amélie criait quelque chose. Il l'entendait légèrement. Tout était devenus noir. Il senti avec soulagement la fin arriver. Comme lorsque l'on finit un long livre pesant. Les derniers mots venaient d'être écris. Maintenant il pouvait fermer son livre.

Silence.

*

*

*

IMPORTANT : Après réflexion, j'ai décidé de ne publier que la suite d'Humanité la semaine prochaine, le chapitre suivant étant déjà rédigé. Pour les lecteurs de "Leur Histoire, Vos choix", la suite n'arrivera que plus tard durant le mois de Juin. Merci de votre compréhension.

Humanité : Tome 1 - ConfianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant