Humanité : Tome 1 - Confiance

II. Meurtriers

Sous la pluie battante, Emma avançait prudemment en direction de la maison voisine. Le 4×4 n'était plus là. "Mais il y a encore une personne à l'intérieur", murmura-t-elle pour elle-même. En effet, avant de quitter son refuge, Emma avait observé quelques temps les mouvements des trois personnes. Deux d'entres eux avaient prit le véhicule puis s'étaient éloignés en direction d'une ville qui se trouvait à quelques kilomètres d'ici. Par contre, la troisième personne était rentrée et personne n'avait remarqué qu'a quelques centaines de mètres se trouvaient quelqu'un de bien vivant, comme eux. Quelqu'un qui réfléchissait, contrairement aux "zombies".

Arrivée debout devant la porte, la jeune femme se demanda comment elle devait réagir. Frapper ? Et si quelqu'un tirait des rafales de balles à travers la porte afin de lui percer le corps ? Entrer en défonçant la porte ? Dans ce cas, faire du copinage deviendrait compliqué.

Emma hésita un instant puis se décida enfin : elle leva le poing et frappa trois coups secs et distincts avant de se placer sur le côté, la main à sa ceinture. Elle perçu des mouvements derrière le panneau. Puis elle prononça d'une voix assez élevée pour être entendue de l'intérieur :

- Je ne veux pas de problèmes. Puis, ne recevant aucune réponse :

- Je ne suis pas mordue, je vais bien, je cherche juste de l'aide.

Surtout, passer pour quelqu'un de fragile, cela va rassurer la personne à l'intérieur.

- Mettez vous face à la porte, les mains sur la tête ! cria une voix masculine à l'intérieur.

Emma hésitait... elle n'avait pas confiance. On était plus dans des jeux vidéos, une seule balle pouvait la tuer, la paralyser à vie... alors elle se décida et fit ce qu'on lui avait demandé.

- Parfait, maintenant met toi dos à la porte !

Elle se retourna et presque instantanément elle entendu un cliquetis qui indiquait l'ouverture de la porte. Emma était à deux ou trois mètres de cet inconnu qui, à sa voix semblait avoir plus peur qu'autre chose. Emma saisi l'occasion du silence :

- Tu as déjà été confronté à des êtres humains... je veux dire, encore vivants ?

- Je... ou... oui bien sûr.

Les derniers mots se voulaient sûrs et persuasif, ce qui ne fonctionnait pas avec la jeune femme.

- Écoute je ne veux pas de soucis. Si je suis venu, c'était pour tenter, pourquoi pas, une éventuelle alliance ?

Elle entendu les bruits de pas s'approcher d'elle. L'homme se trouvait maintenant juste derrière elle. Elle senti une main tenter de lui retirer le fusil qu'elle avait placé dans son dos. Sans hésiter elle fit volte-face tout en balançant son coude dans la tête de l'homme. Celui-ci, surpris, tomba au sol, complètement abasourdis.

Emma le regarda de haut, avant de dire sèchement :

- C'est MON arme, si j'avais voulu te tuer avec, ce serai déjà fait, compris ?

Toujours sonné, le jeune homme (il ne devait pas avoir plus de 20 ans) tenta de répondre quelque chose que Emma ne saisi pas tout de suite.

- On peut parler maintenant ? demanda-t-elle.

Le jeune homme hocha la tête tout en se relevant, plein de boue.

- Je... je m'appelle Kévin, prononça-t-il tant bien que mal.

- C'est cool , on peut rentrer Kévin ?

Il eu l'air surpris puis ils entrèrent tout les deux dans la maison. Kévin n'était pas très musclé, les cheveux bruns, les yeux bleus clairs, il ne semblait pas très malin. Il invita Emma à s'assoir, à la table qui trônait au milieu de ce qui semblait être la cuisine.

- Bon écoute, là je suis seul mais j'ai deux amis qui vont bientôt revenir et...

- Ils viennent de partir.

- Euu... ouai... mais tu vois, d'ici une heure ou deux ils seront là et vaut mieux pour toi que tu sois loin.

Emma se leva d'un coup, le regard sombre.

- C'est des menaces ? Demanda-t-elle froidement.

Kévin eu l'air surpris.

-Non pas du tout, pardon je me suis mal exprimé. C'est juste que... disons que les autres, ils sont partisans du truc de n'avoir confiance en personne. Mais vraiment en personne.

- Toi, ils t'ont fait confiance non ?

Kévin annonça difficilement :

- L'un d'eux est mon frère, l'autre c'est son meilleur pote. S'ils m'avaient croisé en tant que parfait inconnu, ils m'auraient...

Kévin se racla la gorge.

- Enfin voilà quoi... dans tout les cas s'ils reviennent et qu'il y a embrouilles, je serai avec eux. Alors je préfère que tu parte.

- Ils ont déjà tué ?

Emma gardait toujours une voix froide et distante, presque menaçante. Sans répondre, le jeune homme fixa ses pieds.

Emma soupira puis se tourna vers la porte.

- Attend ! Kévin avait la voix qui tremblait.

Emma se tourna de nouveau vers lui. Il évita son regard et dit :

- Ils ont déjà tué... juste pour tuer. Tu sais, moi je suis pas pour. Je ne fais que suivre parce que si j'avais été seul, il y a longtemps que je serai là, quelque part, dehors, à errer à la recherche de chair fraîche. Et ça je veux pas.

Maintenant, Kévin tremblait physiquement, son regard était plongé dans ses souvenirs, comme s'il revoyait toutes ces scènes horribles.

- Cet homme qu'on a croisé, il était âgé mais était encore en pleine forme. Il nous a vu et avait sourit, le genre de sourire que ferai un papi devant son petit fils. Il a tendu les bras, les yeux brillants, puis...

Kévin leva son regard vers celui de Emma.

- Puis ils l'ont abattu.

Ses yeux brillaient, Kévin était totalement secoué par ce retour en arrière qui semblait l'avoir marqué à vie.

- Je suis désolée, prononça simplement Emma, réellement touchée par le jeune homme. Si tu veux, tu peux venir avec moi, prend des affaires et viens, j'ai déjà tout ce qu'il faut. On part loin.

Il secoua la tête.

- C'est mon frère.

- Il s'en sort parfaitement tout seul, et ce qu'il fait ne te plaît pas. Tu as bien vu, je ne suis pas comme ça.

- C'est mon frère !

Cette fois, Kévin avait crié. Il avait de la rage dans les yeux.

Emma recula de deux pas, surprise par sa réaction.

- Comme tu veux.

Cette fois elle se retourna et, sans hésitation ouvrit la porte, rejoigna le terrain trempé avant de la claquer. Elle s'arrêta quelques secondes, pensa une dernière fois à Kévin, au sort auquel elle l'avait abandonné. Puis elle haussa les épaules et se dirigea de nouveau vers sa dernière demeure...

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