XIII. Transformation

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Le corps brûlant, Emma avait pensé un instant que le poison parcourait ses veines à grande vitesse, que la mort l'entraînait peu à peu, que cette chaleur était due aux assauts des dents pourries sur sa peau, dans ses muscles. Mais ce n'était pas ça, elle le compris dès l'instant où, sans s'en rendre compte, elle poussa violemment sur ses jambes afin de se projeter en avant. Un peu comme si elle s'était donné de l'élan, Emma avait ensuite couru droit devant, cherchant seulement à ne pas se faire dévorer. Elle était alors partie se réfugier dans l'arbre près duquel était la voiture quelques secondes plus tôt. Puis, fermant les yeux, elle avait attendu. Attendu que les créatures se lassent de gratter l'arbre, qu'elles prennent la décision de faire autre chose de plus intéressant. Elle dû attendre le lendemain matin pour se rendre compte que le groupe de mort-vivants s'était éloigné d'une cinquantaine de mètres, se rapprochant de la ville.

Elle fit un résumé rapide de sa situation, chose importante à faire régulièrement en survie. Le tour était vite fait, elle avait son couteau de chasse, ses vêtements,-ce qui était déjà beaucoup- ainsi qu'une haine sans égale envers les survivants qui ne pensaient qu'à eux. Ils croyaient quoi ? Que tout le monde voulait leur mort ? Après tout, maintenant Emma le pensait aussi. Elle descendit prudemment de l'arbre, gardant un œil sur la foule endormie qui traînait des pieds non loin de là. Le plan était simple, elle devait trouver une arme, un sac puis de quoi manger. Et boire évidemment. Elle repoussa ses cheveux blonds derrière ses oreilles avant de mettre les mains sur les hanches, postée face à la petite ville en mauvais état. Elle hocha la tête, comme pour se donner du courage. C'est alors qu'elle entendit un bruit de moteur en approche, probablement en direction de la dite ville. Si seulement elle avait toujours son fusil de précision. Alors, tout en écoutant attentivement, elle commença à contourner les mort-vivants, espérant trouver ces personnes et leur emprunter du matériel.

Elle mit une bonne heure à réellement entrer et se rapprocher du véhicule qui semblait être en déplacement presque continue. Elle entra dans une ruelle et s'accroupit derrière une benne à ordure, observant d'un œil la route qui passait à côté. Elle aperçut alors le fameux véhicule, un fourgon blanc sale. Celui-ci s'arrêta devant un bar tabac, laissa descendre deux hommes puis continua sa course vers d'autres points, plus éloignés. Ni une ni deux, Emma sortie de la ruelle et se dirigea vers le bar. Elle n'avait pas eu le temps de voir si les hommes étaient armés. Étaient-ce des hommes ? Dans tout les cas, elle allait jouer stratégique. Elle entra dans le bar, prenant l'air le plus désespéré possible et prononça d'une voix faible :

- S'il vous plaît ?

Un homme apparut derrière le comptoir, avec de gros yeux surpris. Tout de suite il leva une hache au dessus de sa tête et tenta de paraître menaçant :

- N'approchez pas !

- J'ai besoin d'aide, insista Emma, jouant toujours le même rôle.

- Je...

L'homme se retourna vers une ombre qui venait de sortir des toilettes, une machette à la main.

- Il se passe quoi là ?

C'était une femme, elle devait avoir la quarantaine d'années, noire avec des cheveux noirs bouclés ébouriffés sur son crâne. Elle avait de petits yeux marrons, qui laissaient paraître de la méfiance. L'homme quand à lui était le contraire, tout pâle, portant un bob sur un crâne sans doute chauve, il avait aussi une légère barbe rousse et des yeux noirs. Il était maigrichon et semblait avoir du mal à tenir sa hache. Il se tourna de nouveau vers Emma et dit :

- Cette fille à besoin d'aide.

- Alors quoi ? On l'invite à prendre un café ? Ou tu préfère un truc plus intime ?

La femme ricana, laissant son ami rougir.

- Carmen s'il te plaît ! On ne peut pas la laisser comme ça, elle n'a aucune arme.

- Je m'en fous, je veux pas de problèmes avec Will. On a dit qu'on acceptait plus personne, point final.

Sans attirer l'attention, Emma avait sortit son couteau de son étui.

La fameuse Carmen approcha doucement de Emma, la machette le long du corps, et la regarda de haut -et pour cause, elle faisait bien une tête de plus.

Les deux femmes se fixèrent pendant de longues secondes, à quelques centimètres l'une de l'autre, et ce que Emma vit la poussa à faire ce qu'elle fit par la suite, ce qui représentait aussi la chose qui allait la changer pour le restant de sa vie. Elle vit de la haine, de la rancœur, du dégoût devant cette jeune fille faible qui ne méritait pas de survivre, qui ne méritait pas leur attention. En un clin d'œil, Emma leva sa main gauche pour enfoncer la lame luisante dans la gorge de Carmen, qui, surprise, n'eut que le temps d'émettre un hoquet étouffé. Le rouquin hurla, lâchant sa hache, les mains sur le visage. Emma regarda le corps de Carmen s'écrouler au sol, le sang sortant de sa bouche à flots. Elle était en train de se noyer dans son propre sang, suppliant Emma de son regard. Celle-ci resta l'observer sans rien dire. Puis, quand Carmen arrêta de s'agiter, Emma lui transperça le crâne. Enfin elle se leva et observa l'autre, des larmes sur les joues, le regard horrifié...




Humanité : Tome 1 - ConfianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant