Prologue

2.7K 103 3
                                    

Les fumées épaisses m'entourent de plus en plus. Elles ne tarderont pas à complètement me boucher la vue et nous garder prisonniers ici. Il faut sortir et vite. Je n'entends même plus les gens de dehors hurler tellement le bruit des flammes et des craquements du bâtiment ont pris le dessus. Un mouchoir couvrant la moitié de mon visage et les yeux embués de larmes, je progresse le plus rapidement possible sans lâcher la main de la princesse. La pauvre a plus dur que moi dans cette purée de poids. De par sa noble naissance mais aussi de par sa maladie. Rien de bien grave sinon ils n'auraient pas fait appel à moi et mes talents de guérisseuse médiocre, mais suffisant pour beaucoup l'affaiblir.

Un grognement sourd retentit derrière nous.

De tous les serviteurs qui m'entouraient pendant que j'auscultai la princesse, il n'en reste que deux qui courent sur nos tallons. L'un armé d'une lance et l'autre d'une épée, ils se retournent pour tenter de faire face au démon qui nous rattrape.

- Hime-sama ! Courez droit devant ! je crie à la princesse par-dessus le brouhaha.

Cachant son visage de sa manche pour ne pas inhaler la fumée, je la vois acquiescer. Elle n'a pas vraiment d'autre choix. Je fais demi-tour et attrape la lance du garde.

- Emmenez la princesse à l'extérieur ! Vous irez plus vite en la portant !

Terrorisé par l'être immonde qui vient de tourner au coin du couloir, il ne chipote pas plus longtemps mais me fait le plaisir de ne pas abandonner sa maîtresse derrière.

L'espèce de grosse larve qui nous fonce dessus ouvre grand la gueule et émet un rugissement à vous glacer le sang. Le château tout entier tremble encore plus sous cette attaque de vibration. Une poutre enflammée se décroche du plafond et s'apprête à lui tomber sur la tête mais la créature l'attrape avec ses énormes crocs et la brise en deux. Je profite qu'elle soit distraite un moment pour l'attaquer par la droite. Suivit de près par le garde qui prend son flan gauche. Mais c'est sans compter les quatre gros yeux du monstre qui ne loupe pas notre approche. Après une rapide analyse, elle décide de se tourner vers moi en premier. Elle ouvre à nouveau grand sa gueule qui aurait pu me gober tout rond et l'abat sur moi. Calculant son point d'impacte, je recule juste assez et elle s'effondre à quelques centimètres de mes pieds, ses dents pointues plantées dans le planché. J'en profite pour enfoncer la lame de ma lance dans son œil le plus proche. La larve hurle en se redressant de toute sa hauteur, embarquant des planches avec. Le garde essaye toujours de planter sa katana dans le corps presque gélatineux mais résistant du monstre. Son troisième œil en sang et visiblement énervé, le yokaï se retourne vers lui comme s'il était un parasite. Je cour et saute le plus haut possible sur le corps flasque n'ayant rien d'autre pour m'accrocher que des petites bosses d'imperfection. Je n'ai pas le temps d'arriver jusqu'au sommet de son crâne en rampant que des flammes jaillissent de la bouche du monstre et carbonisent le garde en quelques secondes.

Dès que les flammes cessent, je plante encore une fois ma lance dans un autre œil. La larve géante gesticule dans tous les sens, manquant de peu de m'expulser dans le décor. Si je veux la tuer, je devrais faire plus que lui crever les yeux.

En sueur et la gorge trop sèche, j'avise la katana, miraculeusement intacte, inerte à côté du corps calciné. Alors que je réfléchi à un moyen de l'attraper sans devoir descendre de ma monture, celle-ci fonce dans un mur et je me retrouve écrasée entre les deux. L'impact est court mais violente à me couper le souffle. Lâchant le peu de prise que j'avais, je m'effondre au sol. Je tousse à en cracher mes boyaux. Le seul bon côté c'est que les fumées montent et que je peux reprendre mon souffle pendant quelques seconde, le nez coller au planché.

Bien que la grosse bête se tourne déjà vers moi. Repliant mes jambes sous moi, j'attends le moment opportun pour m'élancer et foncer sur la katana, à même pas trois mètres.

Rin no monogatariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant