Chapitre 7

1.4K 69 18
                                    

Au dixième levé de soleil...


Ouvrir les yeux au son de la voix geignarde de Jaken-sama n'aide pas à mettre de bonne humeur. Sesshômaru-sama partage exceptionnellement avec nous, ce qui me réjouirait si ce n'était pas lui qui faisait la tête. Il avale à petites bouchées ce que Kaede-baba lui a servit, toute aussi surprise que moi de ce revirement. Je me coiffe difficilement avec un peigne, privilégient mon bras non brûlé. Alors que je prépare ma besace pour commencer ma tournée d'aide et d'installation, comme les jours précédents, l'atmosphère se fait glaciale. Je me retourne pour voir d'où provient cette animosité perçante. Je ne suis pas si surprise que ça de constater que cela vient de Sesshômaru-sama – une saute d'humeur aussi brutale et démonstrative ne pet provenir que d'un Yokaï.

- Sesshômaru-sama ? interroge Jaken-sama qui est aussi sensible aux phases de son maître.

L'intéressé ne répond pas et se lève brusquement mais sans se départir de sa grâce caractéristique. Et il se dirige droit sur moi. Le cœur battant, de peur et d'expectative, je retiens mon souffle. En un rien de temps, il est à quelques centimètres de moi. Je ferme les yeux pour anticiper la collision.

- Allons-y, dit-il d'une voix où couve une certaine colère qu'il parvient – comme toujours – à maitriser.

Je rouvre un œil et lève le nez vers son visage. Sesshômaru-sama a le bras tendu par-dessus mon épaule et retient la cloison de bambou pour m'inviter à sortir. Rouge de honte, je me retourne pour sortir. Comment ai-je pu espérer ne serais-ce qu'un instant qu'il me prenne dans ses bras ?

Et là je me retrouve nez-à-nez avec Gakuren.

- Yo ! me salue-t-il de la main avec un grand sourire...

...avant de jeter un regard au-dessus de ma tête. Son sourire se fane et il abaisse sa main lentement. A croire qu'un geste brusque lui vaudrait de se la faire manger. Une aura presque meurtrière me brûle le dos.

- Bonjour, balbutie-t-il. Je venais juste dire bonjour, je... euh dois travailler ce matin mais je... (Il baisse les yeux vers moi pour retrouver du courage.) On peut se retrouver ce midi ? Je voudrais t'accompagner comme hier.

Quelque chose – derrière moi – me dit que je ferai mieux de refuser.

- C'est gentil mais...

- Elle sera occupée toute la journée alors du vent. Vermine.

Le ton est sec, sans appel. Gakuren pâlit légèrement, s'incline brièvement avant de partir prestement.

- Jaken, sors de là, on y va.

- Bien Sesshômaru-sama ! Où va-t-on ?

Sans lui répondre, Sesshômaru-sama lui somme de préparer A-Un puis me pousse de quelques pas pour pouvoir sortir. Il me jette un coup d'œil au passage et fronce les sourcils.

- Enlève-moi ce sourire idiot de ta figure et prend ton sac.

- Hein ?

Je me passe une main sur le visage. Oui, ma bouche sourit toute seule. Je me racle la gorge et retourne à l'intérieur pour prendre ma besace que j'avais oubliée à côté de l'entrée. Un gloussement me fait lever la tête vers Kaede-baba, qui se tenait tranquille jusque là. Tout son visage exprime son amusement de la situation. Ce qui ne m'aide pas à reprendre mon sérieux alors que je me mords la lèvre inférieure pour m'empêcher de sourire plus bêtement encore.

- Et ben ça ! Si on m'avait dit qu'un jour Sesshômaru...

La voix de Kagome-sama s'interrompt en pleine phrase – très certainement à cause d'un regard menaçant de la part de l'intéressé.

Rin no monogatariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant