Rin no monogatari

Bonus n°8 : Confrontation (1)

Les branches et les feuilles me fouettent le visage quand je ne les écarte pas suffisamment vite de mon chemin. Courant à en perdre haleine, je slalome entre les arbres, les buissons et les troncs morts. Je m'arrête, analyse le sol, repars en changeant légèrement de trajectoire. Il ne doit plus être bien loin. Mais le temps m'est compté. J'accélère, évite un rocher qui m'arrive à la taille de justesse en bondissant dessus. Du haut de mon perchoir, je le vois.

- Je te tiens, je murmure en souriant de satisfaction.

Lorsque j'arrive à l'endroit où je l'ai vu, il a disparu.

- Que... ?

Un mouvement au dessus de moi me fait lever la tête. Je m'écarte juste ce qu'il faut et dégaine, parant in extremis le coup. Le choc de nos deux lames provoque des étincelles.

- Tu en as mis du temps, commente mon adversaire.

- Je croyais que c'était un exercice de traque ?

- Tu espères vraiment qu'un ennemis attende les bras croisés que tu viennes le cueillir ?

Pas faux.

Sans plus de cérémonie et de bavardage, Sesshômaru enchaine les attaques, me faisant reculer. Fatiguée pas ma course, je ne tarde pas à fléchir. D'un coup plus puissant que les autres, il fait valser mon katana dans l'herbe.

- L'endurance, ce n'est pas encore ça, constate-t-il.

- J'y travaille.

Contrairement à ses paroles, une certaine fierté illumine ses yeux. Je n'échangerais ce regard pour rien au monde et il est de mon devoir de tout faire pour que cette lueur persiste.

Le vague sourire qui étire sa bouche se fane et il lève le nez vers le ciel, humant l'air.

- Oh non...

Il n'a pas besoin d'en dire plus pour que mon estomac se torde sous l'effet de la panique.

- Quoi ? je demande impatiente.

La fatigue et l'angoisse ne font pas bon ménage. Surtout pas après l'épisode « Gakuren ». Ca a beau dater d'il y a trois mois, je ne crois pas que c'est le genre d'évènement dont on se remet totalement. Du moins ce n'est pas encore mon cas. J'ai toujours l'impression que lui ou un de ses sbires larvaires pourrait débouler de nulle part.

- Yokaï ? j'insiste en suivant Sesshômaru qui pénètre dans la forêt pour retourner au campement.

Le soleil ne va pas tarder à se coucher et les teintes rouges et or me replongent un instant dans le paysage du village en flamme.

- Pire, me répond enfin Sesshômaru. Ma mère.

***

Les glapissements de Jaken-sama me parviennent bien avant qu'on arrive près du lac où nous avons élu domicile pour la nuit. Se confondant en excuses et compliments, il se prosterne à plat ventre aux pieds de la mère de Sesshômaru.

- Ah ! Si ce n'est pas mon fils ! s'exclame-t-elle joyeusement nous voyant approcher. Et la... « petite » Rin, grands Dieux ce que le temps passe vite pour les humains !

- Bonsoir, Mère.

Elle est toujours aussi belle que dans mes souvenirs, draper dans son imposant kimono aux couleurs flamboyantes.