Rin no monogatari

Bonus 11 : Nouvel An

    - Dépêche-toi Sesshômaru, on va être en retard !

Je lui attrape la main pour le tirer, mais c'est à peine s'il accélère. Cela fait deux jours qu'on fonce pour revenir à temps au village. A-Un nous a lâché il y a moins d'une heure : épuisé, il a atterri en catastrophe – à déraciner un arbre au passage – et s'est endormi sur place. Paniqué, Jaken-sama a préféré rester avec lui.

Sauf que le grand jour, c'est aujourd'hui alors Sesshômaru et moi avons terminé à pied. Même si mon beau kimono pour l'occasion n'est pas ce qu'il y a de mieux pour les longs déplacements. Il fera nuit dans peu de temps, le soleil se couche déjà.

- La fête va commencer sans nous ! je couine.

En sept années de vie au village, je n'ai pas manqué un seul nouvel an. Pas UN ! Je refuse de changer la donne ! Je n'avance pas vite, mais Sesshômaru n'y met pas beaucoup du sien.

- Je ne comprends pas pourquoi tu te dépêches. C'est un jour comme les autres. C'est typiquement humain de trouver des prétextes pour faire la fête...

Je fais la moue et tire encore sur sa main sans regarder où je marche. Un « scritch ! » m'arrête net. Je n'ai pas besoin de regarder pour savoir ce qu'il vient de se passer : une branche morte a déchiré le bas de mon kimono. Mon tout nouveau kimono, celui que je mets pour la première fois. Je ferme les yeux et inspire profondément pour calmer l'énervement qui monte en moi. Je n'ose pas bouger.

- Ah, constate Sesshômaru.

- Oui... « Ah »...

- Tu vois, quand tu précipites.

Il se moque de moi là ?

Il se penche néanmoins et libère mon kimono des griffes de la branche. Sans prévenir, il me soulève du sol et se reprend sa marche tranquille.

- Pourquoi tu ne veux pas y aller ? je lui demande après quelques minutes de silence.

Il est rarement enthousiaste, mais là, il suffirait que je lui annonce que je ne veux plus y aller pour qu'il fasse demi-tour en courant.

- Tu n'aimes pas les fêtes ?

- Participer aux réunions joyeuses inutiles n'est pas dans mes habitudes.

- Trop de monde ?

- Entre autre.

- Et un petit effort pour moi ?

Il me jette un regard rapide.

- Tu crois que je fais quoi là ?

Je souris largement, ma bonne humeur retrouvée.

- Tu me fais une grosse faveur ! dis-je en passant mes bras autour de son cou.

- N'en fais pas trop non plus.

***

- Waaah !

Le village enluminé de lampions est une véritable merveille. Je ne l'ai jamais vu d'aussi loin, une perle de lumière à l'horizon. Sesshômaru me repose sur le chemin à l'entrée du village et remet une distance respectable entre nous. Nous marchons paisiblement dans les rues, jusqu'à la maison. Je salue les habitants, contente de les revoir depuis près de quatre mois d'absence. Sesshômaru les ignore, malgré leurs remerciements pour le sauvetage de l'été dernier. Il refuse les cadeaux de gratitude sans s'inquiéter de les vexer. Passant après lui, je les accepte en m'excusant de son comportement. Ils me sourient, ils se souviennent bien de son comportement rembruni. Heureusement qu'ils ne s'en formalisent pas...