Rin no monogatari

Chapitre 8

Sans qu'on ait besoin de le lui dire, Sesshômaru savait qu'il n'aurait pas du accepter sa présence. Qu'il l'emmène hors du village sur un coup de tête pour un raison tordue, c'était une chose. Mais accepter qu'elle le suive alors que le danger était imminent et qu'elle était encore souffrante était carrément stupide ! Tout ça parce qu'il avait été fier de sa combativité et du courage avec lequel elle lui avait tenu tête. Et que sa partie Yokaï – ou purement masculine – avait voulu la voir à l'action...

Abandonnant sa victime avec un trou à la place du crâne, il traversa le pseudo champ de bataille d'un bond, griffes et crocs sortis. Il atterrit en grognant entre Rin et la larve qui s'apprêtait à la transformer en viande carbonisée. En un tour de main, il en fit de la pâtée pour chien. Avant que d'autres ne chargent, il attrapa Rin sans délicatesse, la passa par-dessus son épaule et décolla.

Rugissant de colère de voir leurs cibles s'échapper, les larves retournèrent dans le sol. S'en suivit le même tremblement de terre qu'à l'allée, puis plus rien. Certain que le danger était écarté, Sesshômaru fit glisser Rin contre son torse pour voir l'étendue des dégâts. Elle empestait le sang. Celui des larves, et le sien. Elle gémit de douleur dans son inconscience. Ca devenait une véritable habitude que Sesshômaru ne supportait pas. Il avait voulu voir jusqu'où est-ce qu'elle saurait se débrouiller. Et voilà le résultat de son égoïsme. Ceci lui rappelait douloureusement la raison pour laquelle il l'avait laissée au village. Même si elle avait appris à se battre, elle restait une humaine. Petite. Faible. Fragile.

Sesshômaru vola jusqu'à l'endroit où il avait laissé A-Un et Jaken. Ce dernier paniqua immédiatement lorsqu'il vit la jeune femme inconsciente dans se bras.

- Regarde si tu sais la soigner, ordonna-t-il en désignant la besace toujours autour de Rin.

Le petit démon la fouilla en marmonnant ses inepties inutiles. Tout ce qu'il en sortit furent de la nourriture écrasée et des débris de pots d'onguents à l'odeur prononcée. Même les jointures de l'outre avaient lâchées sous la pression, rependant son contenu dans tout le sac. Il pinça les lèvres.

- Maitre, je ne crois pas que nous pourrons faire...

- On rentre.

- Hai ! Sesshômaru-sama !

Ne sachant quoi faire en premier, le petit démon tourna en rond comme un poisson dans son bocal. Sesshômaru lui shoota dedans pour avoir de la place et reprendre Rin. Il la déposa en vitesse mais avec plus de douceur sur le dos d'A-Un.

- Jaken.

Il lui laissa sa queue sur laquelle le petit démon s'empressa de grimper juste avant que le Yokaï ne décolle. Sesshômaru fonça à travers le ciel. Le soleil venait à peine de dépasser son zénith. Ils seraient vite de retour mais cela ne dénoua pas le nœud qui s'était créé dans l'estomac de Sesshômaru. Il avait déjà sauvé Rin il y a à peine un peu plus d'une semaine de blessures plus grave. Mais là, la culpabilité le titillait méchamment. Il avait été présent mais n'était pas intervenu à temps. Qu'il le veuille ou non, il était responsable d'elle. Des blessures supplémentaires qui pourront potentiellement laisser des traces définitives cette fois.

Moins de deux heures plus tard, le village fut en vue. Il repéra immédiatement la vieille Kaede.

- Jaken, conduis A-Un à la maison de Kaede.

- Hai ! répondit le démon en sautant sur l'encolure du dragon bicéphale.

Prenant les rênes en mains, il fit dériver sa monture tandis que Sesshômaru fondit droit sur la vielle qui se dirigeait vers la maison d'un autre blessé à plusieurs coins de rue de là.