Chapitre 21

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PDV Megan

Nous nous approchons à pas de loup vers l'étranger qu'Amarok a repéré. Relevez le jeu de mot : pas de loup, Amarok...
Bon je sais mais blagues laissent à désirer.

Une centaine de mètres plus loin nous arrivons à une intersection de deux chemins tracés dans la forêt. Je continue d'avancer quand Amarok m'attrape par les épaules pour me stopper. Il nous fait nous agenouiller sur l'herbe sèche en nous cachant derrière un buisson.
Puis, il me fait signe de ne pas faire de bruit tout en désignant quelque chose devant nous.

Au début je ne vois rien. Il doit être environ 18 heures et le soleil laisse peu à peu sa place à la lune.
Lorsque mes yeux se sont enfin habitués à la pénombre, je réussis à distinguer une silhouette appuyée contre un arbre. Un faible rayon de soleil rebelle traverse le feuillage des arbres et l'éclaire. Impossible de rater cette longue cape noire qui traîne par terre. Il ne porte pas de capuche je peux donc ainsi admirer son visage. C'est un homme d'environ 35 ans, blond portant une barbe de trois jours. Il pourrait être bel homme si il n'y avait pas cette grande cicatrice qui le défigure le long de sa joue gauche.

J'échange un rapide coup d'œil avec Amarok. Bien, on pense à la même chose.
Ce Chasseur n'a rien à faire sur les terres des loup-garous si ce n'est pour nous espionner.
Je sens mon sang bouillonner, tandis qu'un sourire sadique éclaire mon visage.

Ce Chasseur est à nous. Il va regretter de s'être aventuré si loin sur les terres de Benevento.
Les muscles d'Amarok se contracte en vue de notre prochaine bataille tandis qu'il laisse échapper un grognement d'impatience.

- Y a-t-il d'autres Chasseurs dans le coin ? Soufflé-je discrètement.

- Non, c'est bien trop facile, répond mon ami en souriant.

La perspective de tuer notre ennemi a apparemment rendu sa bonne humeur au loup.

- Tant pis on va se contenter de celui-là, dis-je un peu déçue.

Je me relève gracieusement et silencieusement je contourne la position du Chasseur de manière à me retrouver face à lui mais toujours sous le couvert des buissons. De ce fait je reste dans l'ombre, ne permettant au Chasseur de ne voir que ma silhouette alors que moi je peux l'observer à loisir.
Il a les yeux tournés vers le sol et ne m'a pas entendu venir.

Puis en soufflant, il regarde sa montre à son poignet droit avant de relever les yeux sur la forêt. Ses yeux bruns croisent les miens. Il sursaute violemment en me voyant ce qui fait s'étirer encore plus mon rictus. Sa main agrippe quelque chose dans son dos. Je ne vois pas de quoi il s'agit car l'objet que j'imagine être une arme est caché sous sa cape. Je vois la peur percer dans ses yeux et la perle de sueur qui couvre son visage me prouve son angoisse.

- Qu-qui êtes vous ? Bégaie le Chasseur. Montrez-vous !

- Je ne voudrais pas te faire encore plus peur, susurré-je diaboliquement.

Cependant je sors de l'ombre et m'avance dans la lumière. Je sais que mes yeux ont pris cette teinte grise qui remplace le bleu de mes prunelles lorsque mon pouvoir se manifeste.
Nombreux sont ceux qui ont peur de mes yeux gris qui reflètent la mort et ce Chasseur ne fait pas exception. Face à l'intensité de mon regard il dégluti tout en faisant un pas en arrière.

Pff, les Chasseurs sont tellement lâches !

- Sa-sale sorcière ! Réussit-il à articuler.

Je lève un sourcil tout en m'approchant d'un pas.

- Mon pauvre Chasseur ! Que fais-tu aussi loin de ta maison ? Et tout seul en plus ? Tu t'es perdu ? Et bien ce n'est pas de chance, tu t'es perdu dans la forêt qui te conduira en enfer !

Mon ton insolent à le mérite de le sortir de son état de mollusque trouillard et semble lui redonner un peu de courage.

- Meurt ! Hurle-t-il en dégainant son revolver.

C'est donc un pistolet qu'il cachait sous sa cape. Hum... Je trouve ça décevant. Quand est-ce qu'ils apprendront que les balles sont les plus simples à arrêter pour des sorcières ?

Il tire trois fois, je lève les bras. Les trois balles restent suspendues dans l'air pendant quelques secondes, juste devant mes paumes levées, avant de tomber mollement au sol. Je souris à l'homme fièrement.

- Tu croyais vraiment m'avoir comme ça ? Le nargué-je. Ce que vous pouvez être naïfs vous les Chasseurs !

L'homme se contente de contracter sa mâchoire et de serrer les dents. Puis sans un mot il sort un pieux.

- Tu feras moins la maligne empalée ! Me lance-t-il l'œil fou.

C'est à ce moment qu'Amarok apparaît à mes côtés. Enfin pas vraiment Amarok, disons plutôt au magnifique loup brun de grande taille. Son air menaçant et son grognement sourd font perdre l'espoir de vaincre ainsi que le courage au Chasseur.

- Et bien qu'est-ce qu'il se passe mon grand ? On fait dans sa cape ? Ricané-je.

La tête qu'il tire est tellement drôle ! Un mélange entre l'incompréhension et la terreur. Sans plus me retenir, j'éclate d'un rire sadique. Il sort d'une main tremblante un bouclier anti-sort et le tient devant lui comme si il pouvait sauver sa misérable vie. J'oublie toujours que ces idiots sans courage en porte toujours un sur eux. Mais ce n'est pas la stupide invention de Morgane Strega qui va m'empêcher de le tuer.

- Amarok ?

Mon fidèle loup me regarde comme si il attendait ma permission pour s'élancer sur notre prochaine victime.

- Vas-y mon beau, fais toi plaisir.

C'est mots résonnent comme une sentence de mise à mort, et en vérité s'en est une.
Le Chasseur perd alors toute dignité et commence à s'enfuir, slalomant à travers les arbres à renfort de hurlements pathétiques. Mais sa vitesse et sa vision ne sont rien comparées à celles du loup-garou et en quelques secondes il se fait rattraper par ce dernier.

Ce que vise d'abord Amarok est le petit objet qui m'empêche d'agir sur son porteur. D'un coup de dent, mon ami lui fait lâcher le bouclier anti-sort qui s'écrase par terre et s'enfonce sous les feuilles mortes. Le Chasseur pousse un hurlement mémorable en sentant la morsure du loup-garou. On dit que ces dernières sont les plus douloureuses et que si on ne les soignent pas bien vite on peut y passer.

Mon ennemi regarde en pleurant et en gémissant de douleur sa blessure puis tourne ses yeux haineux vers moi. Et alors que je pensais qu'il allait m'insulter, il fait quelque chose de bien pire. Quelque chose que je ne supporte pas. De tout ce qu'il aurait pu faire ou dire, cet homme a choisit la pire option qui s'offrait à lui.

L'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant