PDV Tristan
La bâtisse est plutôt impressionnante. Je m'arrête quelques minutes pour contempler l'imposante demeure qui se dresse devant moi.
C'est un vieux manoir en pierre grise qui doit être là depuis plusieurs siècles déjà. La lune l'éclaire de ses rayons argentés et lui donne un côté fantomatique et magique. En réalité je trouve ça très beau.L'importante quantité de magie que je sens dans ces lieux confirme que je me trouve devant un repère de sorcières.
C'est bien ici. C'est ici que vit Megan.Recouvert de ma longue cape noire de Chasseur, je m'avance sans faire le moindre bruit vers les doubles portes qui surplombent un petit perron.
Je gravis les quelques marches qui me séparent de ce perron et contre toute attente, les doubles portes s'ouvrent devant moi.Je marque un temps d'arrêt. M'attendrait-on ?
Je porte pourtant sur moi mon bouclier anti-sort qui devrait me permettre de passer au travers des protections magiques érigées par la sorcière sans me faire repérer.
Mais bon Megan est puissante, je ne devrais pas la sous-estimer.
La perspective d'affronter une aussi puissante créature me fait frissonner de plaisir et d'impatience. Un sourire se dessine lentement sur mes lèvres.Je rentre donc dans le sombre manoir d'un pas sûr et décidé. Une fois à l'intérieur, je dois attendre quelques secondes que ma vue s'habitue à la pénombre de l'habitacle. Une fois ma vision rétablie, je peux examiner les lieux à ma guise.
Le hall est entièrement fait de bois. Un très joli bois d'ailleurs, sûrement du chêne qui est sculpté par endroits. Il est éclairé par un gigantesque lustre composé de bougies toutes allumées. Cette lumière tamisée donne un air chaleureux et accueillant au manoir.Une double porte à ma droite mène dans un magnifique et grand salon où un majestueux feu de cheminée brille. Des bougies éclairent aussi la pièce chaleureuse faisant danser des ombres sur les murs. Des tapisseries représentants le monde de la nuit en tapissent quelques uns.
Sur la gauche du hall une petite porte semblait donner sur une cuisine.Dans le hall, de nombreux portraits décorent les murs boisés. Quand on y prête attention on remarque que tous ces portraits représentent des femmes. Certaines sont peintes avec un ou deux gros loups à leurs côtés. Une cependant est entourée de quatre chiens. Sous le portrait je peux lire l'inscription : Teresa Selma.
Toutes ces femmes sont magnifiques, de cette beauté surréaliste propre aux sorcières.
Une autre sort du lot. C'est la dernière, celle dont le portrait est accroché le plus près des doubles portes d'entrées.
C'est une très belle jeune fille d'environ 16 ans comme toutes les femmes représentées sur les tableaux. Elle a les cheveux auburn bouclés qui lui tombent sur les hanches. Ses yeux bleus intenses donnent l'impression de me transpercer à travers le tableau. Ses traits durs contrastent avec l'innocence de son charmant visage. Elle a l'air sûr d'elle, intransigeante. Elle ne sourie pas et regarde en face d'elle. Elle n'en est pas moins incroyablement belle, mais pas de la même façon que les autres femmes qui ornent les tableaux. Sa beauté est moins angélique et plus réaliste.
Cette fille je l'ai tout de suite reconnu sans avoir besoin de lire le nom inscrit au dessous.
Elle est accompagnée d'un grand loup brun qui semble menaçant et près à tout pour protéger sa sorcière. Là aussi je devine tout de suite de qui il s'agit.J'entends soudain un pas feutré fouler le sol. Je relève les yeux vers l'immense escalier qui domine le hall et d'où le son provient. Sur les plus hautes marches se tient droite cette même fille représentée sur le portrait avec quelques années de plus, une main posée délicatement sur la rampe d'escalier. Elle porte une robe blanche, légère qui épouse ses belles formes à la perfection. Elle est pieds nus sur le tapis ocre qui recouvre l'escalier et qui se divise en deux pour monter à l'étage supérieur. Derrière elle, un vitrail représentant la lune laisse passer la lumière argentée de cette dernière et donne un air magique à la pièce. Megan n'a jamais été aussi belle que bercée par cette lumière argentée qui lui donne cet air à la fois angélique et démoniaque.
J'ai le souffle coupé fasse à la beauté de cette apparition.
- Chasseur tu es venu en ces lieux chercher une sorcière, tu vas donc subir sa colère pour l'avoir dérangé, tonne Megan.
Sa belle voix que je reconnaîtrais entre mille me fait tout à coup douter de ma mission.
"Suis-je capable de la tuer ? Ou plutôt en ais-je envie ?"
Tais-toi conscience ! Tu ne m'aides pas là ! Et bien sûr que j'en ai envie ! Elle a tué tellement des miens...
"Tout comme j'ai tué beaucoup des siens"
Fuyant la voix de mon cœur, je me remémore tous les Chasseurs qui ont été découverts avec un "E" gravé sur leur poitrine qui ne se soulèvera plus. Je me remémore Henri, cet homme qui m'a élevé comme son fils et qui m'a chargé d'une mission. Enfin je me remémore mes parents, morts sous les coups des créatures de la nuit.
Maintenant je me sens suffisamment en colère et je ressens assez de haine en moi pour me battre contre ce démon.
- C'est ce que l'on va voir démon ! Menacé-je de ma voix la plus grave pour ne pas qu'elle me reconnaisse.
Elle sursaute au son de ma voix trafiquée. Elle me regarde avec plus d'insistance et ses yeux bleus me transpercent encore une fois. J'ai l'impression qu'elle me déshabille du regard, qu'elle peut voir à travers ma cape et me reconnaître.
- Toi... Souffle-t-elle.
Pendant un instant je crois être démasqué. Je dégaine mon épée de son fourreau toujours accroché à mon épaule droite. Les yeux de Megan accrochent mon arme argentée légendaire mais ne laissent apparaître aucune émotions. Son beau visage ne change pas de son expression dure et décidée.
- A ce que je vois l'ordre des Chasseurs m'a carrément envoyé le Traqueur ! Serait-ce une flatterie voilée ? Demande-t-elle ironiquement.
Elle ne m'a donc pas reconnu, elle a seulement reconnu le Traqueur.
- Détrompe toi sorcière, ce n'est pas une flatterie mais une promesse. La promesse que tu ne pollueras plus ce monde de ton souffle déchu.
Cette fois ses yeux expriment quelque chose. Ils montrent toute la haine qu'elle voue aux Chasseurs, toute la haine qu'elle me voue...
Encore une fois mon cœur me fait défaut et la sensation d'étouffer me prend de plein fouet.J'aimerais la blâmer pour cela, me dire que c'est l'effet d'un sort qu'elle m'aurait jeté mais je sais que c'est faux. Je touche inconsciemment mon bouclier dans la poche de ma cape. Oui il me protège de ces sorts.
La vérité c'est que je ne peux supporter de la voir me regarder ainsi, avec ses yeux brûlants de haine. Ça me fait mal, vraiment mal. Je dois en finir le plus vite possible, plus j'attends, plus se sera dur de l'éliminer.- Va brûler en enfer Chasseur ! Traqueur ou pas je t'enverrai rejoindre tes copains les cadavres.
- Allons, allons ne nous emballons pas ! Aurait-on oublié qui a gagné lors de notre dernière entrevue ?
- Il me manquait quelque chose ce jour-là, fait-elle avec un sourire sadique au coin.
A peine a-t-elle prononcé ces mots qu'un majestueux loup brun apparaît à ses côtés. Il la contourne par derrière et vient en grognant se positionner devant sa maîtresse, une marche en dessous d'elle. Amarok me regarde avec haine de ses yeux marrons et montre ses crocs tout en poussant des grognements menaçants.
Je dois avouer que ce tableau de l'Ensorceleuse et de son loup-garou est plutôt terrifiant. Mais chez moi, la peur ne me paralyse pas. Elle me rend plus fort. Je suis toujours prêt à relever des défis et je crois bien avoir enfin trouvé des combattants digne de ce nom.

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L'Ensorceleuse
FantasyDeux ennemis de la nature. Un Chasseur et une sorcière. Entre la haine et l'amour, il n'y a qu'un pas. Plagiât interdit. Livre terminé, en réécriture.