Chapitre 17

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PDV Tristan

Suivant le regard de Dave, je me retourne et mes yeux accrochent une silhouette féminine qui vient d'entrer dans le café. Un manteau bleue nuit l'entoure, et une capuche de la même couleur m'empêche de voir son visage.

- Serait-ce Morgane ? Me hasardé-je confus.

- Non, non elle n'a pas son odeur, répond le vampire qui me sert de frère en fronçant le nez.

Il se lève mais je le retiens par le poignet.

- Qu'est-ce que tu fais ? Sifflé-je méchamment.

- Quoi ? Cela ne t'intrigue pas qu'une sorcière se ballade dans ta ville Traqueur ? Et qui plus est dans le café de Morgane Strega ?

- Si et je vais la tuer dès que j'en aurais fini avec toi, lui réponds-je avec un air moqueur et sadique.

Il se contente de lever un sourcil et de me défier du regard. Il sait parfaitement que je ne peux pas l'attaquer comme ça au beau milieu d'humains. Notre monde doit rester secret.

Un bruit de porte qui s'ouvre nous fait tourner la tête en même temps interrompant notre compétition de regards haineux.
La femme passe le pas de la porte du bistrot mais un vent fort fait tomber sa capuche. De magnifiques cheveux auburn volumineux et bouclés sur les pointes s'en échappent et encadrent un visage d'ange tout aussi magnifique que je ne connais que trop bien.

Mon cœur s'emballe, je ne vois plus que cette fille. Je ne pense plus qu'à elle.
Plus qu'à Megan.

PDV Megan

Après avoir usé de mes dons pour hypnotiser le barman et l'obliger à me révéler où vit sa cliente la plus fidèle, je sors de ce bistrot immonde en rabattant très vite ma capuche sur ma tête qui avait glissé à cause du vent. Je ne comprends vraiment pas comment quelqu'un peut aimer passer du temps dans ce trou à rats répugnant. L'air était suffoquant, l'odeur de transpiration m'avait pris au nez tandis que la saleté avait piqué mes yeux.

Enfin ce mal a entraîné un bien, je sais dorénavant où aller. Je me mets à trottiner en cherchant la rue de Morgane ainsi que son numéro de maison : 34.
Je n'aime pas vraiment traîner dans la ville des Chasseurs en sachant qu'ils peuvent me tomber dessus à tout moment.

28, 30, 32, 36...

Hein ? Où est le numéro 34 ? Je retourne sur mes pas, entre le numéro 32 et 36. Je fronce les sourcils puis ferme les yeux. Je commence à ressentir de la magie autour de moi. Cet endroit est infesté de magie plutôt puissante. Je me concentre et demande à mon pouvoir de faire apparaître à ma vue ce qui a été caché. Une ruelle étroite et noire apparaît devant moi entre les deux maisons. Elle était tout simplement impossible à voir car camouflée par un sort de la sorcière. Je m'avance alors prudemment dedans et ressens comme un picotement au niveau de mes mains alors que je franchis la barrière destinée à protéger Morgane des créatures surnaturelles.

Au bout de cette petite allée peu accueillante une maison à l'apparence moderne se dresse. J'ai le souffle coupé. Je ne m'attendais pas à tomber sur ce genre de maison. C'est tout simplement magnifique.
La saleté et la puanteur de la rue que je viens de traverser ne sont pas reines ici. Morgane a l'air d'avoir un goût prononcé pour la propreté ainsi que pour la beauté.
Effectivement de magnifiques fleurs entourent la belle maison de la sorcière et une petite marre où nagent des poissons rouges s'étend le long d'un bosquet. J'ai l'impression d'être dans un univers totalement différent du misérable quartier dans lequel la maison se trouve pourtant. Nous sommes dans une bulle, dans un petit paradis entouré de soleil et de végétation.

Je marche en direction de la porte d'entrée tout en remarquant de nombreuses plantes cultivées dans une sorte de potager. J'en reconnais la plupart, ce sont des plantes pour fabriquer des potions. Ainsi c'est ici que cette traîtresse crée les antidotes à nos sortilèges pour les Chasseurs. La colère monte en moi et l'envie de détruire ce joli potager me prend.  Pourtant je me retiens. Je suis venue ici en paix afin de sous-tirer des informations à cette sorcière et détruire son joli jardin serait un affront qu'elle me ferait payer en me chassant et en me dénonçant aux Chasseurs et je ne pourrais jamais quitter cette foutue ville vivante.

A bien y réfléchir c'est vrai que c'est complètement stupide d'être venue à Venator ! Mais bon maintenant c'est trop tard, je ne peux faire marche arrière et de toute façon je n'en ai pas l'intention.

Je frappe doucement sur le panneau en bois. J'attends mais rien ne vient, aucun son ne me parvient de l'intérieur de la maison. Je réitère mon geste plus fort, puis impatiente je décide d'ouvrir cette satanée porte grâce à mes pouvoirs. C'est un vrai jeu d'enfants, en trois secondes la porte est ouverte et je m'enfonce prudemment dans cette maison plongée dans le silence.

Je fais rapidement le tour du rez-de-chaussée et ne trouvant pas âme qui vive, je monte à l'étage. Là encore, après avoir passé ma tête par toutes les portes, je constate l'absence de la maîtresse de maison. Etrange. Où est-ce que Morgane Strega peut bien se fourrer ?

Je ressens une pointe de déception, moi qui ai traversé tout Venator pour la trouver elle ainsi que des réponses me voilà on ne peut plus frustrée.
Mais alors que je maudissais silencieusement cette maudite femme, je me sens attirée par une porte au rez-de-chaussée sous l'escalier à laquelle je n'avais tout d'abord pas prêté attention.

Comme possédée, je m'approche de cette porte qui m'attire tant. Je l'ouvre doucement et un long grincement résonne dans toute la maisonnée. La pièce dans laquelle je me trouve est grande, bien plus que je ne l'aurais imaginé. Elle est aussi très sombre car d'épais rideaux empêchent la lumière du soleil de l'éclairer. C'est pourquoi je ne remarque pas tout de suite les imposantes étagères qui tapissent les murs ronds de cette pièce cachée.

Lorsque j'allume la lumière, un grand lustre argenté illumine de sa clarté ces étagères. Sous mon regard ahuri, des centaines de livres font leur apparition. Cette révélation me coupe le souffle : je suis dans la bibliothèque de Morgane Strega. Or la bibliothèque d'une sorcière est sa pièce la plus précieuse, c'est dedans que sont enfermés les grimoires qui nous permettent de découvrir l'étendue de nos pouvoirs. Je suis très étonnée, en général la bibliothèque d'une sorcière est toujours protégée par quelques sorts pour éviter qu'une mauvaise personne ne tombe sur ces livres qui renferment des secrets puissants. J'imagine que Morgane devait se dire qu'elle ne craignait rien cachée à Venator.

Ma surprise passée, je m'avance au centre de la pièce, émerveillée par tous ces grimoires. Certains sont ouverts à même le sol, d'autres sont empilés sur une large table de marbre. Je m'approche afin de décrypter les formules qu'ils contiennent puis pousse un soupir de frustration en m'apercevant que je connais déjà ces bouquins. La bibliothèque d'Ella a beau être très bien garnie, elle ne contient que des grimoires classiques.

Soudain, quelque chose de brillant attire mon regard. A quelques mètres de moi, un livre peu anodin repose sur un pupitre en bois poli. L'attraction qui m'avait emmener dans cette bibliothèque me prend à nouveau. Je ne peux m'empêcher de glisser vers cet ouvrage, il m'attire comme un aimant.

J'arrive enfin devant lui, mes mains le frôlent. Ce contact me fait l'effet d'une décharge électrique tout aussi douloureuse qu'agréable.
C'est un très vieux livre recouvert de poussière, sa couverture marron est ornée du symbole des sorcières. Celui-ci a une teinte bleue étrange, brillante et même fluorescente.

J'ai l'impression d'avoir déjà vu ce livre mais je n'arrive plus à me souvenir où et quand. Tout ce que je sais c'est que j'ai été attirée par lui et ce depuis Benevento. Il est hors de question que je ne reparte sans lui. Je m'apprête à le prendre dans mes mains quand soudain la lumière s'éteint, plongeant la bibliothèque dans le noir. Troublée, je jette un regard circulaire autour de moi. Alors que mes yeux s'habituent petit à petit à l'obscurité, un mouvement sur ma droite confirme mes craintes.

Je ne suis pas toute seule.

L'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant