L'Ensorceleuse

Chapitre 61

PDV Tristan

Je me réveille avec la sonnerie de mon téléphone. Je le cherche sur la table de nuit en grommelant. Je déteste que l'on me réveille le matin. Il y a un intérêt à ce que ce soit une urgence.
Ouvrant difficilement un œil, je vérifie le nom de celui qui m'appelle. Soudain bien réveillé, je regarde à nouveau le nom qui s'affiche :

Henri

Que dois-je faire ? Je réponds ? Je ne réponds pas ? Après tout qu'est-ce que cela me coûte ?
Sans faire de bruit je sors de la chambre d'ami que Megan a mit à ma disposition. Je descends l'escalier en bois et sors par derrière dans le jardin. Une magnifique roseraie s'étend tout au long du jardin. De magnifiques roses fleurissent partout. Étrangement, il n'y a que des roses blanches. Il faudrait que je demande pourquoi à Megan.
Mon téléphone qui avait arrêté de sonner reprend de plus belle, m'arrachant à la contemplation de la beauté du jardin.

- Qu'est-ce que tu me veux Henri, dis-je en décrochant.

- Te parler. Tristan il faut que tu reviennes.

- Attends quoi ? Tu te fois de moi ?

- Écoute moi attentivement mon garçon. Ton départ a tout chamboulé chez les Chasseurs et avec l'épisode du massacre de l'Ensorceleuse, la population des Chasseurs commencent à avoir peur. Ils ne se sentent plus intouchables dans la forteresse et sont dans un état d'alarme. Ils prennent le fait que tu sois parti pour un abandon. Tu es le Traqueur, un symbole pour tous les Chasseurs et ils ont besoin de toi, de ce que tu représentes.

- Que veux-tu que j'y fasse ? Je ne peux pas revenir après ma trahison. Au mieux le Conseil des Chasseurs me rejettera avec le symbole de la honte. Au pire, ils m'exécuteront pour l'exemple. Je sais que je déshonneur mes parents en aimant une créature contre laquelle ils se sont battus toute leur vie. Mais c'est comme ça, je l'aime. Je ne regrette pas ma décision.

- Tu te trompes Tristan. Le Conseil est tellement désespéré qu'il est prêt à passer outre ta trahison. Ils veulent ton retour, ils ne peuvent se passer de toi mon garçon, tu es notre meilleur Chasseur. Choisis où et quand, ils viendront. Apporte n'importe quelle revendication, ils te l'accorderont.

Sur ces mots Henri raccroche.
M'essayant sur un petit banc sous un arc de roses, je me plonge dans une intense réflexion.
Ainsi le Conseil des Chasseurs ne peut se passer de moi et me supplie de rentrer.
N'importe quelle revendication, hein ? Ça me donne une petite idée. Et comme toutes mes idées sont folles celle-ci ne fait pas exception. Les Chasseurs me riront sûrement au nez en me chassant définitivement. Mais si ils acceptent, je pourrais et rester chez les Chasseurs et avoir Megan.

Me levant d'un coup, je cours presque pour soumettre mon idée au jugement de me belle sorcière brune.

PDV Megan

Lorsque je me suis réveillée je n'ai pas pu m'empêcher de regarder si Tristan était toujours endormi. Mais quand j'ai ouvert silencieusement la porte de la chambre d'ami, je n'ai vu qu'un lit défait. J'ai eu beau le chercher dans toute la maison je ne l'ai pas trouvé.

"Il est peut-être rentré chez lui quand il a vu l'énorme bêtise qu'il avait faite en restant avec moi"

Non je ne veux pas y croire. Ce n'est pas le moment d'être pessimiste. On a traversé beaucoup de choses et on s'est enfin trouvé. Il ne peux pas me laisser maintenant. Pas alors que je dois encore pleurer la mort d'Ella et celle de Rebecca. Sans compter toutes les pertes de la bataille de la plaine sacrée.

Quand je pense à la mort de Rebecca, une question me revient en tête.

"Comment Dave a-t-il pu s'échapper de sa cellule ?"

Le cachot est pourtant protégé par de puissants sortilèges et il est impossible qu'il ai pu en sortir seul.
Je descends donc dans les sous-sols du manoir. Je remarque immédiatement que les sorts de protections ont été désactivés. Quelque chose cloche. Seule une sorcière peut désactiver des sortilèges (mais non les annuler). Mais quelle sorcière apporterait son aide à des vampires tarés et une Chasseuse psychopathe ?

Un petit objet brillant attire soudain mon attention. Je ramasse cet objet qui se trouve être une carte à jouer dorée. Elle représente une belle dame de cœur. Je reconnais cette carte, je sais à quoi elle réfère. Ou plutôt à qui. Elle appartient à cette traîtresse de Morgane Strega, c'est sa marque.
Alors c'est ça ! La sorcière s'est introduite chez moi et à libérée Dave. Le pire c'est qu'elle ne s'est même pas jointe au combat. Elle veut continuer sa petite vie de lâche tranquille.
La colère monte en moi comme un raz-de-marée. Elle ne perd rien pour attendre. Ce n'est pas en se cachant à Venator qu'elle m'échappera. Son règne a assez duré, je vais faire tomber notre dame de cœur.

- Megan ?

Ma colère s'évapore aussitôt quand je reconnais la voix de Tristan et c'est le soulagement qui prend sa place.

"Il ne m'a pas abandonné"

Je remonte quatre à quatre les escaliers puis rejoins Tristan au rez-de-chaussé.

- Je suis là, annoncé-je d'une voix posée.

Il se retourne vers moi et m'adresse un magnifique sourire. Un sourire que je n'avais jamais vu auparavant, le genre de sourire pour lequel je me damnerai. Mon cœur m'envoie une bouffée de chaleur et je sens mes joues rosir stupidement. En voyant ma rougeur son sourire s'accentue encore plus et ses yeux pétillent d'un air narquois.
Je détourne les miens, gênée de lui montrer l'effet qu'il me fait.

- Comment te sens tu ? Lui demandé-je  de nouveau soucieuse pour sa blessure.

- Ça va beaucoup mieux et c'est grâce à toi, alors merci, répond-il avec un clin d'œil.

Ma rougeur ne s'atténue pas aussi j'essaie de changer de sujet.

- Que voulais-tu ?

Il reprend aussitôt son sérieux et me raconte son entrevue téléphonique avec Henri son chef de mission. Je suis à la fois honorée qu'il m'en parle, qu'il me fasse confiance, mais en même temps anxieuse du fait qu'il pourrait rentrer chez lui sans contrainte. Il pourrait reprendre sa vie d'avant, celle qu'il a toujours aimé.

- Henri dit que je peux demander n'importe quoi au Conseil des Chasseurs et qu'ils ne pourront pas me le refuser, continue Tristan d'un air excité.

- Tu pourrais leur demander un grade plus élevé, remarqué-je la mort dans l'âme.

Pourquoi sourit-il cet abruti ? Est-il donc si heureux de me quitter pour reprendre sa place chez les siens ?

Un rire tonitruant résonne dans le grand hall. Je relève la tête et considère Tristan comme si il était fou.

- Tu n'y es pas du tout princesse ! S'exclame-il entre deux rires.

- Il n'y a rien de drôle. Et ne m'appelle pas princesse, l'agressé-je vexée.

- J'ai l'intention de leur demander autre chose Megan, quelque chose qui nous permettrait d'être ensemble sans être hors-la-loi.

Intriguée, je l'incite à continuer tout en relevant avec plaisir qu'il a l'intention de rester avec moi.