Chapitre 28

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PDV Megan

Je me lance vers le Traqueur et appuie de toutes mes forces sur son épée déjà recouverte du sang de mon meilleur ami.
Mais au moment où elle allait s'enfoncer dans le ventre du Chasseur, celui-ci se décale de quelques centimètres et attrape mon poignet droit qui tient la garde de l'épée argentée. Avant que je n'ai le temps de réagir, il passe derrière moi et passe son bras gauche autour de mon cou, me plaquant contre lui.

Je ne respire plus. Je n'y arrive plus. Je sens mon cœur battre à toute allure dans ma poitrine et je lui trouve un écho : le cœur du Traqueur a lui aussi subitement accéléré et bat en rythme avec le mien. Comme s'ils étaient connectés, synchronisés. Comme si nous n'avions qu'un seul et même cœur.
J'oublie tout. J'oublie que ma mère me manque terriblement, j'oublie qu'Amarok, mon frère d'arme est en train d'agoniser non loin de moi. J'oublie que ma vie ne tient qu'à un fil et que le Chasseur peut m'expédier pour l'autre monde d'un seul mouvement de bras.

Je ne pense qu'à notre proximité et chose aussi étrange que répugnante, je me sens bien entourée de son bras qui ne force pas sur ma gorge. Une sensation de déjà vue m'envahit. J'ai l'impression d'avoir déjà été dans ces bras, d'avoir déjà éprouvé ce bien être. Mais impossible de me souvenir où.

J'attends qu'il fasse quelque chose, qu'il me brise la nuque mais rien ne vient.
Je tiens toujours son épée et je sens sa main sur la mienne m'empêchant de faire le moindre mouvement. Sa force est plutôt impressionnante, je peux sentir ses muscles développés sous sa cape.

"C'est sûr, il doit avoir un corps de rêve !"

C'est officiel, je suis folle. Je suis à la merci de ce Chasseur et je ne pense qu'à des trucs pervers.

Sous la pression qu'il exerce sur ma main, je finis par lâcher l'arme argentée qui tombe par terre avec un grand bruit qui résonne dans le hall.
L'homme desserre aussitôt sa prise sur mon poignet sans pour autant le lâcher.
Et comme je suis complètement stupide, je ne peux m'empêcher de penser que son contact est doux et agréable.

Ce moment, que je pourrais qualifier de intime, est subitement interrompu par des hurlements de loup-garous provenant du devant de la maison.
Je reviens brutalement à la réalité quand le Traqueur me lâche précipitamment et s'écarte de moi d'au moins deux mètres.
J'ai honte de l'avouer mais je ressens instantanément une sensation de manque.

Avant que je ne puisse esquisser le moindre geste, mon Chasseur se jette sur une grande fenêtre. La vitre explose en centaine de morceaux de verres qui s'éparpillent partout dans le hall. Quand je lève la tête pour le regarder, il a déjà disparu dans la nuit.

Au même instant, deux grands loups font irruption dans le manoir. L'un est gris, l'autre est noir. Jean et Garet.
Le premier se précipite vers Amarok et le second saute à son tour par la fenêtre.

Sortie de mon état de choc, je me tourne vers Amarok qui à cause de sa faiblesse a reprit forme humaine et me rend compte avec horreur qu'il saigne toujours abonnement. S'il n'arrive pas à se guérir c'est que sa blessure est très grave.

- Amarok ! Oh mon Dieu Amarok !

Je cours à ses côtés et appuie de la main sur sa blessure. Pendant ce temps Jean s'est retransformé et trois sorcières accourent chez moi.

- Qu'est-ce qui s'est passé ici ? S'écrit une Jenna rouge parce qu'elle a dû courir.

- On-on s'est fait attaquer par le Traqueur, répondé-je en maintenant les mains sur la blessure de mon ami.

Encore une fois mon esprit me replonge dans mon passé. Je n'appuie plus mes mains sur la blessure de mon ami mais sur celle de ma mère. Je me mets à trembler.

- Megan ? M'appelle gentiment Callie. Ça va aller d'accord ?

Je n'ai pas pu empêcher le sang de s'écouler du corps de ma mère et elle est morte dans mes bras.
Et là non plus, je n'ai aucun moyen d'arrêter le sang de mon ami de couler.

"En fait il y en aurait bien un tu sais..."

- Il est trop faible pour se transformer, explique Jean.

... Et il va mourir lui aussi si je ne fais rien.

- Megan... Murmure Amarok faiblement.

Non ! Non il ne mourra pas. Je ne l'abandonnerai pas comme je l'ai fais avec ma mère. J'étais une petite fille mais maintenant je suis une puissante sorcière. Je peux le faire.

- Megan ! Me pressent mes amis.

- Il part... Pleure Jean.

Je ne réfléchis plus et lève les mains au dessus du trou rouge sur les côtes du jeune homme.
Une lumière blanche aveuglante s'échappe de mes mains tandis que je me concentre pour refermer le trou monstrueux.

- Megan tu sais que c'est dangereux, commence Rebecca.

- Je peux le faire, dis-je en serrant les dents, je vais y arriver.

Peu à peu je sens mes forces me quitter. Guérir quelqu'un avec une blessure aussi importante demande énormément de pouvoir et si je ne suis pas assez forte, si mes pouvoirs ne sont pas assez grands, je risque de mourir en me poussant à bout.

- Non, non Meg, ne fais pas ça. C'est bien trop dangereux. Ne risque jamais ta vie pour moi ma sorcière...

- Chut, chut, Amarok, ne t'inquiètes pas je suis assez puissante pour te sauver. Je ne te laisserai jamais mourir.

Je suis de plus en plus faible, mes forces me manquent, je me sens partir mais je dois tenir.

"Pour Amarok"

Du coin de l'œil je vois Garet revenir sous sa forme d'humain. Il s'avance jusqu'à Callie avant de jeter un regard triste sur le loup grièvement blessé.

- Il s'est échappé. Je suis désolé, je n'ai pas pu le rattraper. C'est comme si il s'était volatilisé. Je n'ai même pas pu le flairer, il doit savoir comment disparaître.

Sa voix me parvient de loin, comme si j'étais en train de rêver. Tout devient flou autour de moi, je ne peux maintenant plus distinguer que les contours des choses. Je ne perçois plus que le trou béant dans le flanc de mon loup-garou. Les larmes me coulent des yeux, je n'ai plus la force de les retenir.
Je suis fatiguée, tellement fatiguée ! Je veux juste me reposer un instant.
La blessure d'Amarok commence finalement à se refermer mais elle reste encore trop grave, je dois encore lui donner de mon pouvoir.

"Allez Megan ! On peut le faire ! Ne t'arrêtes pas avant d'avoir complètement refermé cette foutue blessure. Fais le pour Amarok, pour toi, pour maman"

Je renforce ma concentration, envahit par une force nouvelle. J'ai l'impression de sentir la puissance de ma mère en moi. Comme si elle m'aidait à sauver mon ami.

- Allez Megan ! Tu y es presque ! Encore un petit effort ! M'encourage Callie avec véhémence.

Dans un dernier éclat de lucidité, je vois la blessure d'Amarok se refermer complètement, puis tout devient noir.

L'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant