L'Ensorceleuse

Chapitre 43

PDV Tristan

Flashback

- Tiens, tiens ta petite sorcière est en bas de l'immeuble, se moque cette peste de Jessica.

- Qu'as-tu dis ?

- Tu as bien entendu, l'Ensorceleuse te cherche.

Jessica saute avec souplesse du rebord de la fenêtre où elle était perchée pour lire un livre et se plante devant moi, les mains sur les hanches. Ses yeux noisettes lancent des éclairs et ses lèvres pincées trahissent sa furie.

- Et dis moi, pourquoi te cherche-t-elle ?

Je sens une boule se former dans mon ventre alors qu'un piège se referme sur moi.

- Et bien, euh... Je ne sais pas, peut être que ce n'est pas moi qu'elle cherche.

Mes excuses sont réellement pathétiques. En fait ce ne sont même pas de vraies excuses.

- Bon Tristan, on arrête de jouer. Je ne sais pas au juste ce qui se passe avec la sorcière mais j'ai ma petite idée. Et ça explique pourquoi tu prends autant de temps à remplir cette mission. Tu es tombé sous son charme, elle sous le tien. Et tu n'agis pas comme si elle t'avais ensorcelé. Alors je ne sais pas par quel prodige tu peux même l'encadrer toi qui détestes par dessus tout les créatures de la nuit. Mais elle, que crois tu qu'elle fera quand elle découvrira la vérité sur toi ? Quand elle comprendra que tu es le Traqueur ? Que ta présence à Benevento n'est justifiée que par le devoir de la tuer ?

J'ai envie de m'éloigner de sa langue toxique mais je n'y parvient pas, c'est comme si j'étais encerclé de sables mouvant. J'aurais beau me débattre, Jessica ne me lâchera pas et elle continuera de me poignarder avec ses paroles vénéneuses.

- Je vais te le dire moi, elle te tuera sans hésitation parce que jamais l'Ensorceleuse n'acceptera d'avoir une relation avec un Chasseur. Alors tu vois la petite romance que tu t'es imaginé va un jour ou l'autre prendre fin. Autant tirer parti de ta trahison Tristan. Il y a encore une chance de te sauver. Ne la gâche pas. Va avec elle et débrouille toi pour placer cette puce derrière son oreille.

Jessica me tend une micro-puce pas plus grande qu'un grain de beauté. Ce genre de gadget coûte extrêmement cher et est quasi indétectable. Il permet de suivre une personne à distance.

- Non mais tu es folle ? Tu veux ma mort ou quoi ?

- Bien sûr que non Tristan, c'est la dernière chose que je veux. Mais sur ma liste la mort de cette maudite sorcière est en première position.

- Si Megan découvre la puce, s'en est fini de moi ! M'insurgé-je.

- Quand elle la découvrira on l'aura déjà tué.

- Mais pourquoi veux tu pister Megan ?

- N'as-tu pas remarqué que la moitié des surnaturels se sont réunis aujourd'hui ? À ton avis qu'est-ce que ça veux dire ?

- Ils préparent quelque chose de très important, répondé-je en fronçant les sourcils.

Un large sourire s'étire sur le beau visage de la blonde.

- Alors, deal ?

Je regarde la Chasseuse droit dans les yeux. Son discours m'a vraiment retourné et je ne sais plus quoi penser. Si le conseil des Chasseurs apprend mon attirance pour Megan ils me banniront comme les traîtres si ils ne me tuent pas et Henri sera extrêmement déçu. Rien que d'imaginer la tête qu'il ferait ça me fait souffrir. Et puis Jessica a raison, Megan ne m'aime pas, elle ne le pourra jamais.

Trois petits coups secs me font sursauter.

"Elle est là"

Je stresse. Que dois-je faire ? Ouvrir ? Faire semblant de ne pas être là ?
Jess arque un sourcil, me défiant du regard. De toute façon cette garce veux la mort de Megan. Si ce n'est pas moi qui le fait elle s'en chargera et j'imagine qu'elle ne lui fera pas de cadeaux.

Enfermant mon cœur à double tour, je referme ma main sur la puce et ouvre la porte d'entrée.

Fin Flashback

Ce baisait aurait pu être parfait. Oui il aurait pu l'être si quelque chose n'avait pas tout gâché.

Je retire ma main de derrière son oreille où la micro-puce s'est accrochée.

"Traître"

C'est le mot qui me vient à l'esprit.
Je trahi tout le monde. Ma nature de Chasseur, Henri et mes parents, Megan et enfin moi même.

Je suis trop lâche pour écouter ce que me dicte mon cœur car j'ai bien trop peur des conséquences. Alors je fuis, je mens et je trahis.

Megan rouvre les yeux et son regard bleu océan plonge dans le mien. Je ne peux en supporter davantage et détourne les yeux.

Et comme le lâche que je suis, je m'enfuis encore.

PDV Megan

J'ai l'impression de flotter. Je suis sur un petit nuage qui semble m'emporter bien loin. Beaucoup trop loin même car j'en oublie le monde de la nuit.
Ce baiser était parfait ! J'en ai encore le vertige.

Mais mon nuage se déchire brusquement lorsque je vois Tristan se lever et tourner les talons.
Je suis tellement abasourdie que je ne pense pas à le rappeler.

"Heu, j'embrasse si mal que ça ?"

Non mais sans déconner pourquoi est-ce qu'il est parti de cette manière ?

C'est tellement frustrant ! C'était mon premier baiser. Et oui je ne suis pas comme ces sorcières qui aiment avoir des esclaves, je n'ai jamais forcé quelqu'un à m'embrasser et jamais quelqu'un ne s'est aventuré aussi près de moi. À part Amarok mais avec lui c'est different. Ce n'est pas comme si il avait envie de m'embrasser.

Donc après mon premier baiser, le garçon se fait la malle. Génial !
Je ne suis pas experte en la matière mais il me semblait qu'après avoir embrasser la fille, le garçon doit la regarder et lui sourire et...

"Et lui faire une belle déclaration d'amour enflammée !" Ironise mon esprit.

Non mais au moins rester avec la fille ! Pas se barrer sans rien dire !

Ça y est je suis vexée et déçue. Non plus que vexée, je suis en colère !
C'est sûrement la dernière fois que je vois Tristan et lui il gâche notre moment magique ! Mais le pire c'est que c'est un humain qui me snobe. C'est moi qui aurait dû partir et lui qui aurait dû rester émerveillé par mon baiser tout en pleurant mon départ.

- Ahhhhhh !

En criant je libère une force qui fait un trou dans le plafond du kiosque où je suis toujours assise.

Laisser ma magie se libérer de la sorte me fait du bien.
Je reste assise sur le banc du kiosque sans réfléchir, me plongeant dans la contemplation de la fontaine devant moi.

Le bruit régulier de l'eau qui coule me berce et me calme.

Je ne sais pas pendant combien de temps je suis restée là à rien faire mais je reprends conscience lorsque la nuit commence à tomber.
Je me lève et me campe sur mes deux pieds.

"C'est l'heure"