Chapitre 24

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PDV Megan

Je suis très, très énervée. Et encore c'est faible.
Je suis sortie des toilettes après m'être calmée et avoir passé de l'eau sur le visage et qui est-ce que je trouve reculés dans un coin sombre du parc ? Tristan et Jenna !
Mais ce n'est pas le fait de les voir ensemble qui me met autant en colère, non ! C'est de les voir sur le point de s'embrasser !

Tristan, aussi séduisant qu'à son habitude a la tête légèrement penchée et ses lèvres se rapprochent doucement de celles de la sorcière. Celle-ci le regarde droit dans les yeux. Tristan semble comme hypnotisé par les deux magnifiques yeux violets de la sorcière. Il ne me faut que quelques secondes pour comprendre l'intention de Jenna. Cette garce a l'intention d'en faire son esclave. Si elle le force à l'embrasser, Tristan deviendra son jouet et il fera n'importe quoi pour la satisfaire. Je ne peux pas laisser faire ça.

Rien que d'imaginer ça, j'ai envie de vomir. Je suis donc énervée, très énervée.

"Bas les pattes sorcière !"

- Jenna !

Ces deux imbéciles sursautent et me regardent comme si ils venaient de s'éveiller. Je perçois de l'incompréhension dans le regard de la jeune femme. C'est vrai que c'est la première fois que je me mêle de ses affaires. Mais c'est plus fort que moi je ne peux pas la laisser manipuler Tristan de la sorte.
Lui me jette un regard reconnaissant avant de se rendre compte que la personne qui vient de le sauver est moi et de me regarder durement et avec dégoût.

- Qu'est-ce que tu fout là Megan ? Crache-t-il.

Il a particulièrement appuyé sur mon prénom. Son ton est dur et ne laisse pas de doute quant aux sentiments qu'il me voue.
Et ça me fait mal. Tellement mal que j'en ai le souffle coupé, j'ai l'impression qu'on vient de m'enfoncer une dague dans le cœur. Je suis incapable de répliquer. Je ne peux que le regarder, impuissante, me dépasser sans m'accorder un regard de plus.
Il s'en va nous laissant seules Jenna et moi.

- Euh... Commence la sorcière hésitante. Je peux savoir ce qui t'a pris ?

Je lui adresse un coup d'œil méprisant et me dirige dans la direction opposée à celle qu'a emprunté Tristan.

- Ne refais plus jamais ça avec lui. Plus jamais, la menaçais-je avant de m'en aller.

Je ne prends même pas la peine d'analyser sa réaction. Elle doit être choquée, certes, mais elle ne me désobéira pas. Car elle a beau être une sorcière, je n'hésiterais pas à m'en prendre à elle si elle me manque de respect et me défie. Et je sais que même Jenna redoute ma colère.

Je rejoins Amarok qui s'est assoupit dans l'herbe verte. Ses cheveux châtains mit-longs tombent sur ses paupières clauses et son visage revêt une expression enfantine qui contraste avec son tempérament brusque de loup-garou. Le voir comme ça adoucie ma colère, il a l'air tellement jeune et innocent dans son sommeil !

- Rompf, Rompf...

Cette fois un franc sourire se dessine sur mes lèvres. Ce loup réussira toujours à m'étonner !

- Réveil toi louveteau ! On se fait attaquer ! Hurlais-je dans son oreille.

Les loup-garous ont une ouïe ultra fine et ne supportent donc pas qu'on leur hurle dans les oreilles.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? S'écrit Amarok en se levant d'un coup.
Bah qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu rigoles comme une gogole ?

Je ne peux m'empêcher de rire de plus belle et voyant sa tête. Il a l'air complètement perdu le pauvre !

- Ahahah ! Non, non ce n'est rien ! Je voulais juste te réveiller petite larve. Si tu avais vu ta tête ! Trop marrant !

- C'est ça paie toi ma tête Meg !

- C'est hallucinant ! Tu peux dormir n'importe où !

Il me lance alors un regard de mauvais garçon juste avant de se jeter sur moi et de me faire plein de guili.
Je me tortille sur l'herbe tout en riant à gorge déployée.
Quand je relève la tête, je surprends le regard noir de Tristan qui nous fixe un instant de l'autre bout du parc avant de s'en aller d'un pas énervé.

PDV Tristan

C'est tellement compliqué ! Je ne comprends plus. Je ne me comprends plus.

Il y a quelques minutes je la haïssais encore et voilà que maintenant je n'ai qu'une envie : être avec elle.
Je suis né pour la détester, c'est dans mes gènes et pourtant quand elle m'a sauvé des griffes de Jenna je voulais la serrer dans mes bras.

Pourquoi suis-je obligé de feindre la haine et la colère ?
Ce serait tellement plus simple si elle aussi me détestait, je n'aurais pas à me répéter sans cesse que c'est une meurtrière, une des pires sorcières qui existent. 
Mais mon corps réagit différemment de ma raison. Un simple geste, un simple mot me met dans tous mes états je deviens bipolaire, j'oscille sans arrêt entre haine et... Quelque chose qui me remplit autant de joie que de peine.

Mais le pire c'est quand je la voie avec l'autre chien. Je ne peux tout simplement pas le supporter. À chaque fois que je les vois heureux ensemble, la colère monte. Et pas contre Megan, contre Amarok.
Ce débile est en train de la chatouiller et elle, elle rigole. Elle rit avec lui et lui offre de magnifiques sourires.
Mon cœur se serre mais je commence à avoir l'habitude de ce phénomène.

Son sourire est magique et son rire ensorcelant.
Elle ne m'a jamais souris et ne m'a offert que des ricanements méprisants. J'aimerais être à la place du loup. Et oui je suis en train de tomber très bas.
Moi ! Vouloir être à la place d'un démon ?
Plus rien ne va.

Je décide de détourner mes yeux du spectacle qu'offrent Megan et Amarok qui m'éblouie autant qu'il me tue.
Je tourne les talons, enfourche ma moto et empreinte le chemin de mon appartement. J'en ai rien à faire qu'il reste encore deux heures de cours !

Je ne m'expliquerai jamais l'effet qu'elle me fait. Je n'oserai jamais l'avouer car c'est contre nature. Il faut que je l'enfouisse au plus profond de moi, que je n'en parle à personne. Je ne dois même pas le prononcer.
Et peut être arriverai-je à l'oublier. Car mon job ne permet pas que j'exprime de sentiments autres que la haine pour mes ennemis. Et surtout pas pour elle, pour l'Ensorceleuse.

Je dois passer outre ce sentiment étrange et en finir avec cette meurtrière. Si je n'en fini pas bientôt je vais devenir fou. Et je m'en fiche que Henri ne m'ait pas donné le feu vert, qu'il n'y ai pas de renfort. Je ne vais pas attendre un jour de plus les directives de mon supérieur.

Ma mission. Je vais la remplir. Ce soir je vais en finir. L'Ensorceleuse ne me hantera plus une fois morte.

L'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant