L'Ensorceleuse

Chapitre 53

PDV Megan

Mon instinct me préviens que c'est l'heure juste avant que la porte de ma cellule plongée dans le noir ne s'ouvre.

- Il est temps de souffrir et de crever sale sorcière ! Ricane le Chasseur blondinet.

- Comment te sens-tu aujourd'hui vermine ? Le provoqué-je en désignant ses parties génitales.

J'avoue que ce n'était pas très malin de ma part, mais je n'ai pas pu m'en empêcher, la tentation était trop forte. L'homme me fonce dessus et me frappe au visage. Le coup m'envoie mordre la poussière et je sens un goût métallique emplir ma bouche. Je me relève sur les coudes et crache un filet de sang. Heureusement aucune dent ne tombe. Je réalise que mon bourreau m'assène de coups de pieds dans le ventre quand une douleur à l'estomac se manifeste. J'ai les intestins en compote quand Blondinet arrête enfin. Un haut-le-cœur me secoue encore l'estomac et je me penche pour vomir le peu d'aliments que j'ai ingurgité ces dernières heures.

- Je te ruerai bien de coups tout de suite mais on m'a ordonné d'attendre, on te veux intacte pour ta séance de torture. Si tu crois avoir déjà souffert le martyr, attend toi à être surprise. C'est en enfer que nous t'envoyons démon. Mais ne t'en fais pas, tu seras encore consciente quand nous te jetteront aux flammes.

Le Chasseur me regarde avec un petit sourire satisfait. Je rêve de faire s'effacer son rire sadique et son regard fier de son visage de monstre.
Mais je ne le dois pas.

"Pas encore, patience, bientôt"

Pendant toute la nuit, j'ai eu le temps de mettre au point un plan d'évasion.
Ma torture et mon exécution auront lieu dans la grande cour à ce que j'ai entendu. Or la grande cour donne accès à la grande porte qui mène au chemin dans la forêt et à l'entrée du domaine. Il me semble que la grande porte est le seul moyen de sortir du château, du moins c'est le seul que je connais. C'est donc par là que je dois m'évader, en espérant qu'elle soit ouverte. Mais il me semble qu'elle l'est toujours. Pour m'échapper il faut bien sûr que je sois en mesure d'utiliser ma magie. Les menottes qu'ils m'ont passé servent à empêcher mes pouvoirs d'agir sur les autres. Mais après de nombreux efforts j'ai réussi à faire agir mes pouvoirs sur les menottes mêmes. Résultat, je les ai fais fondre toute la nuit en concentrant mon pouvoir dans mes poignets. Et ce n'est que quelques heures auparavant seulement que les menottes se sont assez détendus pour que je puisse passer mes fines mains de l'autre côté des maudits bracelets de fer.
Et comme nous sommes dans le château des Chasseurs, ces derniers ne s'encombrent pas d'objet tels que le bouclier anti-sort. Ces petits malins, ne s'attendent pas à se faire mordre par le serpent qu'ils ont eux-mêmes introduit de leur forteresse.

A présent je dois me faire violence pour ne pas utiliser mes pouvoirs destructeurs sur ce monstre de Chasseur. Mais ce serait gâcher ma dernière chance de survie. Alors jouant la femme faible, je suis docilement monsieur désagréable comme résignée quant à mon sort.

Au fur et à mesure que nous remontons des enfers vers la lumière, je guette l'occasion de m'échapper.
Lorsque nous arrivons dans la petite cour devant les cachots je commence réellement à stresser. Je ne peux pas échouer. Si je rate ma sortie, c'est le bûcher qui m'attend après l'infâme torture. Nous traversons rapidement la petite cour et entrons dans un couloir ouvert sur l'extérieur afin de rejoindre la grande cour. J'aperçois à travers les fenêtres de pierre un grand bûcher et dans un recoin plusieurs instruments de tortures. 

"Tout ça est en mon honneur..."

A côté, un homme commence allumer le gros tas de bois. Une bouffée de chaleur m'envahit alors que je contemple l'instrument de ma mort.

"Concentre toi, ne te laisses pas aller à la peur ou au désespoir tant que tu n'es pas entre les flammes"

Écoutant le sage conseil de ma conscience, je respire un grand coup pour essayer de me calmer. Je dois réitérer cet exercice plusieurs fois avant qu'il ne fasse effet. Détournant mes yeux du monstre de feu et de bois, j'analyse la cour. Elle doit faire environ 300 mètres de long. Peu de personne sont présente, il ne doit y avoir que trois Chasseurs et une petite dizaine d'humain adhérant à leur cause et qui sont utilisés comme serviteurs.
Mon exécution n'est pas pour tout de suite, d'abord j'ai le droit de tester les machines à tortures toutes plus atroces et terrifiantes les unes que les autres. Je vais passer par toutes les souffrances possible et imaginable de l'écartèlement à l'électrocution en passant par le broyeur de membre, jusqu'à ce que je finisse par lâcher une informations sur le monde de la nuit. Ensuite, les Chasseurs arriveront pour assister à mon exécution finale. Il faut donc que j'agisse le plus vite possible. 

Je repère ensuite la grande porte qui donne sur la forêt et la liberté. Elle se situe à environ cent mètres du couloir par lequel je vais arriver. Comme je le pensais elle est heureusement ouverte.

Mon geôlier me mène enfin dans cette grande cour et j'entre en scène.
Sans que le Chasseur ne s'y attende, je cesse de traîner des pieds et dégage d'un coup sec mes menottes. Ces dernières tombent en un bruit sourd sur le sol pavé. Avant que blondinet n'est comprit ce qu'il se passe, je libère avec un soupir de soulagement les pouvoirs qui s'accumulaient en moi depuis plusieurs minutes. Traversé par l'intensité de ma magie, le Chasseur me lâche d'un coup comme électrocuté. Il tombe au sol dans un râle de douleur avant de ne plus bouger, son corps ne supportant pas la force de mes pouvoirs. C'est mon moment. Sans me préoccuper par le mort que je viens de causer, je coure comme je n'ai jamais couru dans toute mon existence. Je coure vers la grande porte, vers ma liberté. Je coure pour ma vie. Les autres Chasseurs alertés par le cri de feu le blondinet courent dans tous les sens afin d'appeler du renfort. Certains foncent sur moi. Mais j'ai pris de l'avance et ils sont tellement surpris par ma rébellion et ma résistance qu'ils ne savent pas quoi faire. Ils doivent se demander comment diable j'ai de nouveau mes pouvoirs et si c'est très prudent de s'approcher de moi sans bouclier.

Et moi je continue de courir, voyant mon objectif se rapprocher sensiblement. Soudain une grosse main poilue se pose sur mon épaule et essaie de me stopper.

"Mauvaise idée"

En ralentissant juste un peu mon allure, je me retourne et d'un coup envoie une grosse boule d'énergie sur mon assaillant. Celui-ci est emporté une vingtaine de mètres plus loin et s'écrase dans un bruit d'os brisés désagréable.

La sortie n'est plus qu'à une vingtaine de mètres de moi maintenant. Plus qu'une dizaine, plus que cinq mètres. Mais alors que je m'apprêtais à franchir la grande porte, elle se referme d'un coup sec et avec elle ma liberté m'échappe. Je m'arrête précipitamment devant les portes fermées et tape dessus. J'essaie en vain de les pousser, d'utiliser ma magie pour l'ouvrir mais rien n'y fait. Elles doivent avoir été construites pour résister à une attaque de surnaturels.

Jurant, je me retourne pour faire face aux Chasseurs qui se sont repris et tentent de m'attraper. Poussant un grand cri de rage et de désespoir, je me mets à jeter des sorts sur tout ce qui bouge. Je créée des boules d'énergie, des chocs mentaux et tout ce qui me permet de réduire en miette mes attaquants. Mais j'évite les boules de feu qui me prennent trop d'énergie.

Les Chasseurs s'effondrent les uns après les autres sans qu'aucun ne puisse m'arrêter. Je suis enragée, mes pouvoirs se déchaînent sur eux tel un volcan en irruption. En ce moment je dois vraiment faire peur, je dois ressembler à une créature tout droit sortie de l'enfer mais je m'en fous. Ils veulent ma mort, soit ils l'auront mais j'en emmènerai plus d'un avec moi. C'est ma vengeance.
Malheureusement, des Chasseurs arrivent vite en renfort, et aucun de mes sorts ne les atteints. Je hurle ma frustration et ma démence. Ils se rapprochent trop près de moi, m'agrippent durement les épaules, me jettent à terre et me traînent vers le bûcher dont la chaleur des flammes commence à me brûler.

"Je vais mourir"

Mais finalement, peu importe le nombre de fois où je me le suis dis, je ne suis toujours pas prête.