L'Ensorceleuse

Chapitre 58

PDV Megan

Nos loup-garous nous portent depuis plusieurs heures en direction de Benevento.
Je suis désormais libre ! Je n'y croyais plus. Je sens encore la chaleur des flammes me lécher la peau. Je frisonne en pensant à la mort atroce et ancestrale que les Chasseurs me réservaient et réaffirme ma prise sur Amarok. Mes doigts rencontrent le corps froid de Rebecca et mon cœur se serre de nouveau. Le prix de ma liberté a été grand. Mon amie a trouvé la mort en me portant secours. Un sentiment de culpabilité s'ajoute à la tristesse qui m'asiège. Je caresse lentement ses longs cheveux lisses que la brise agite doucement.

"- Meg, je sais que c'est dur mais ce n'est pas de ta faute. Tu sais que tu peux compter sur moi. Je ne te quitterai plus jamais ma sorcière" me réconforte mon loup-garou.

- Oui je sais Amarok. Ensemble dans la vie et dans la mort, récité-je.

"- Dans la vie et dans la mort" Répète celui qui me comprend le mieux.

Je pense ensuite à Tristan qui est parti à moto de son côté. Que va-t-il faire ? Il ne peut retourner chez les Chasseurs après ce qu'il a fait. Il est un fugitif bientôt renié par sa grande famille.
Je me surprends à vouloir qu'il vienne avec nous à Benevento. J'ai envie de le voir en arrivant dans mon petit village. Mais ça m'étonnerait qu'il revienne. Rien ne l'attache à Benevento et ce n'est certainement pas un endroit pour les Chasseurs renié. Néanmoins j'espère au fond de moi qu'il revienne pour moi. Je sais que je me berce d'illusions. Il a tout perdu et doit m'en vouloir pour ça.

"- Bienvenue chez toi Megan" Me murmure soudain Amarok.

Je lève la tête juste à temps pour voir le panneau indiquant que nous entrons dans Benevento. Le soleil est à présent au dans le ciel et mon village ne m'a jamais paru si beau et accueillant. 

PDV Tristan

Je roule sans but sur un chemin de campagne. Maintenant que Venator est loin derrière moi, je ne risque plus rien. Megan est en sécurité probablement chez elle avec Amarok.

"Et moi que dois-je faire ?"

Je suis paumé. Dois-je retourner à Benevento ou continuer ma route comme je l'ai commencé : seul ?
Quel est mon but désormais ? Je ne suis plus un Chasseur, je n'ai plus à chasser. Et puis chasser quoi ? Des sorcières ? Non merci je n'en ai plus la force. Mes parents sont vengés, mon frère mort. Plus rien ne me donne envie de continuer.

"Sauf elle"

Mais veut-elle de moi ?

"Je te hais !"

Sa voix haineuse est comme un petit poignard qui s'enfonce un peu plus dans mon cœur à chaque fois que je me la rappelle. Étrangement, ma colère contre elle et son crime m'a abandonné, je ne ressens plus que de la tristesse d'être si loin d'elle.

Dois-je la laisser ? Elle sera sûrement plus heureuse sans moi, avec Amarok qui l'aime de tout son cœur loyal. Renoncer à elle sera sûrement la pire chose que je ferai mais c'est toujours mieux que de la faire souffrir.

"Et si ton absence la faisait souffrir ?"

Conscience, conscience tu ne m'aides pas ! À part faire faiblir ma détermination tu ne fais rien !

Mais c'est trop tard, l'espoir s'est déjà infiltré dans mon cœur meurtri et lacéré.
Sans réfléchir, je fais demi-tour et prends la route du village des loup-garous.

***

Ce n'est que quelques heures avant le coucher du soleil que j'entre enfin dans Benevento. Je traverse le village d'une traite et ne m'arrête que devant un vieux petit manoir en pierre.
Je descends de ma moto avec hâte et anxiété.
Elle va me rejeter c'est sûr ! Elle va me crier qu'elle me hait, que je n'aurais jamais du revenir.