Chapitre 01

130 8 29
                                    

Si je devais être une créature surnaturelle, je serais incontestablement un vampire. Non sans déconner, j'ai vraiment la tête de l'emploi. Des cheveux bruns dont les mèches tombent sur mes yeux, mèches bouclotantes par la même occasion, des iris marrons virant légèrement au noir, une peau pâle comme la mort avec des veines apparentes là où la finesse de l'épiderme est inégalable, de petits cernes sous les yeux et pour finir, un corps un peu trop maigre pour être attirant. Non vraiment, j'ai la tête de l'emploi.

Et puis, ce n'est pas comme si j'aimais particulièrement le soleil, la chaleur ou ce genre de truc. Non, je suis plus du style à rester enfermé dans ma chambre en m'empiffrant de cochonneries en tout genre. Dès que je vois le moindre rayon de lumière naturelle, je suis obligé de plisser les yeux tant la luminosité est forte, c'est pour dire...

M'enfin bon, ce n'est pas comme si ce genre de monstre existait réellement. On en aurait entendu parler sinon, c'est sûr. Auquel cas ça aurait créé un beau bordel... Rien que d'imaginer me retrouver face à face avec une espèce de sangsue aux dents aiguisées comme des rasoirs, j'en frissonne. Dire que de jeunes adolescentes pré-pubères rêvent de se la jouer Bella. De grosses tarées si vous voulez mon avis. Qui rêve de se faire sucer le sang par son pseudo petit copain ? Personne, clairement, personne.

Un éclat de rire m'arrache de mes pensées et ma tête bascule vers la droite, scrutant l'obscurité pour vainement tenter de situer d'où provient cette voix. Haussant les épaules, je continue ma route dans cette ruelle sombre, un sacré raccourci si je veux parvenir à rentrer chez moi avant qu'il ne soit quatre heures du matin. Bon, j'avoue, ce n'est pas la meilleure idée que j'ai eu de marcher tranquillement dans une rue à peine éclairé, le tout au beau milieu de la nuit, et complètement seul pour couronner le tout. Ce n'est pas de ma faute si mes potes sont des lâcheurs... Ces traîtres ont préféré m'abandonner à mon triste sort pour pouvoir retourner faire la fête et se bourrer la gueule, plutôt que de s'inquiéter de ma sûreté alors que je marche dans le froid et la nuit. J'appuie la paume de ma main sur mon cœur et feins un évanouissement dès plus dramatique pour accentuer mes propos -pensées-.

Ouais je pense que je suis pas mal déchiré moi aussi.

Un nouveau ricanement me tire de ma petite scène théâtrale et cette fois un léger frisson monte le long de mon échine jusqu'à parvenir à me faire trembler. De froid ou de peur telle est la question ! Tout en marchant faiblement -manquant de me ramasser sur le bitume à chaque pas- je pars dans un nouveau délire, m'amusant à faire la causette à tout est n'importe quoi. Délire m'ayant entraîné à parler à un sac poubelle pendant belle lurette. Passionnante discussion. Une fois en dehors de la ruelle, mon regard s'encre automatiquement à celui d'une gamine tremblotant de froid, assise sous un lampadaire éclairant à peine la petite rue passante. Titubant jusqu'à elle, j'arrive à m'asseoir à ses côtés sans trop galérer. Elle doit avoir dans les douze ans, à peine, la peau pâle, les lèvres bleuis par le froid, ses long cheveux noirs cachant son visage. Sans trop réfléchir j'enlève mon blouson et le dépose sur ses épaules avec la délicatesse d'un mec bourré -pas très délicat en soit-.

- Tu fous quoi dehors à cette heure ? Demandais-je en tentant d'être le plus cohérent possible.

- J'ai perdu papa et maman... Sanglota la petite, des larmes tombant sur les plis de sa robe rouge.

Ses larmes se transformèrent en véritable sanglots et elle tenta d'expliquer sa situation le plus précisément possible, mais avec les sursauts et les hoquets de panique, le tout restait sacrément flou. Et je n'ai pas l'esprit lucide pour le moment, alors autant apprendre à écrire à un dromadaire -une occupation tout à fait passionnante- ce serait plus utile.

- Tu ne connais pas leurs numéros ? J'peux peut-être les joindre.

- Non je ne sais pas. Pleura-t-elle de plus belle. S'il te plait aide moi à trouver papa et maman !

L'aider ? Pas de problème, je suis un super-héros après tout ! Tout en m'imaginant portant une cape et un collant moulant, un léger rire m'échappe. La petite se tourne alors vers moi, fronçant les sourcils, essuyant ces perles salées coulant encore abondamment sur ses joues.

- Pourquoi tu ris ?

- Tu penses que j'ai une tête de super-héros ? Demandais-je sérieusement devant son air perdu.

- Non... ? Dit-elle finalement, bien que sa réponse ressemblait plus à une question qu'autre chose.

- C'est bien ce que je me disais ! Les collants rose fluo c'est pas un truc qui m'irait.

Tout en réfléchissant à une autre couleur pour mes supers bas en nylon, le ricanement distinctif de la ruelle que j'avais entendu quelques minutes plus tôt, résonna à mes oreilles. Ma tête se mit subitement à tourner violemment et il me fallut plusieurs secondes pour comprendre que j'avais était plaqué au sol, mon crâne cognant brutalement le goudron froid et légèrement enneigé de la rue desserte.

La gamine se tenait à califourchon sur ma taille, un sourire étirant ses lèvres d'une oreille à l'autre. Dans le genre effrayant, elle mérite un oscar. Ses yeux ne reflètent plus aucune tristesse quelconque mais bien un amusement dépassant l'entendement. J'essaie du mieux que je peux de la faire bouger de là, lui demandant ce qu'il lui prend. Seulement sans le moindre effort, elle immobilise mon corps entièrement me fixant de son regard loufoque.

- Je t'aime bien tu sais ? Déclara-t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté. Tu m'amuses, cela fait longtemps que je n'avais pas rie de la sorte.

Aucuns mots ne voulaient sortir, et pourtant Dieu sait que j'ai la répartie facile... Au lieu de répliquer de manière acerbe, comme j'aurais dû le faire depuis un certain temps déjà, ma bouche ne cessait de s'ouvrir et de se fermer. Mon cerveau engourdi analysait les paroles, la signification, et tout le vocabulaire employé, si bien que je me noyais désespérément dans une phrase pourtant simple.

- Tu ne voudrais pas être mon bouffon pour les siècles à venir ? S'enthousiasma l'enfant, d'un sourire laissant apparaître ses dents blanches et bien alignées.

- Bou... Bouffon ? Répétais-je, les yeux vitreux et la respiration lourde.

Ma tête avait peut-être frappé le sol plus durement que prévu, si bien que de légers points noirs tachetaient mon champ de vision, masquant partiellement le visage de la poupée de porcelaine assise à cheval sur moi.

- Oh... Tu t'évanouis déjà ? Ça t'apprendra à trop boire tiens ! Gloussa-t-elle doucement en caressant mes cheveux.

Bizarre ! Bizarre ! Carrément bizarre ! Quand bien même cette situation mérite mûre réflexion, mon cerveau semblait s'amuser à jouer de la batterie sur un air de métal, le tout dans ma boite crânienne, alors les réflexions et autres délires psychanalytiques attendront. Pour le moment mon corps semblait chuter dans des abîmes sans fond, d'un noir ayant une odeur âcre, et un sentiment nauséeux s'empara de mes tripes, si bien que la dernière chose que je fis avant de m'évanouir fut de vomir les relents d'alcool pourrissant dans mon œsophage.

<><><><>

Bien le bonsoir ! Déjà, merci d'avoir lu ce premier chapitre, en espérant que vous l'ayez apprécié.

De plus, je tiens à préciser, l'humour un peu lourd et loufoque est fait exprès ; il n'y en aura pas dans tout les chapitres. Chapitres qui -normalement- seront publiés régulièrement, soit un par semaine, le vendredi ou samedi à voir.

En vérité je suis assez stressée de publier cette histoire, elle me tient à cœur, mais c'est la première fois que je me lance dans le thème "vampirique". Donc j'espère avoir vos avis, positif comme négatif, du moment que c'est constructif y'a pas de soucis !

Ah et dernière petite chose. Pour ceux étant là pour lire du sanglant (comme c'est spécifié dans les tags), y'en aura mais pas dans les premiers chapitres... L'histoire se met en place assez lentement donc... Patience patience !

Sur ce, désolée de blablater autant et je vous dis à la semaine prochaine (ou à bientôt dans les commentaires, ça dépend)

~ Nessyaa

JarodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant