Chapitre 13

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C'est à peine si je n'avais pas les larmes aux yeux. Toute la pression accumulée s'écroula soudainement, faisant flageoler mes jambes doucement. Le sang de mes plaies coulait à flot, la pression que j'exerçais sur mes blessures ne semblait pas suffisante pour retenir cette coulée d'hémoglobine. Ann me lança un regard inquiet, tandis que je lui lançais de légers sourires pour la rassurer... Mais je suis quasiment sûr que cela ressemblait plus à des grimaces qu'autres choses.

A quelques mètres plus loin, Zelmah se redressa des décombres où elle avait été propulsée. Son visage était masqué par ses cheveux la collant, lui donnant un air macabre. Seule sa bouche était visible et cette dernière s'étirait en un étrange rictus qui me donna froid dans le dos. Elle avança vers nous, sa jambe gauche ouverte sur la longueur était retournée, laissant apparaitre son tibia, pointant fièrement vers le ciel. Elle ne semblait pas s'en formaliser mais lorsqu'elle se stoppa, son membre se remit à sa place dans un violent craquement, me donnant un haut de cœur. Elle releva alors son visage vers nous, scrutant du regard les nouveaux arrivants. Ses yeux finirent par se stopper sur Ann et une lueur de surprise comme de doute finit par prendre place sur sa face.

- Raïja Hiukka ? Murmura-t-elle, l'étonnement retentissent dans sa voix.

Ann se figea sur place, ses yeux grossissant sous l'étonnement. Ses lèvres se mirent à trembler et tout son corps se crispa. Ses poings se serrèrent et ce fut comme si de la rage liquide s'écoulait de son corps. Elle semblait sur le point de tout dévaster sur son passage.

De son côté, Zelmah s'était remise de son effet de surprise, et affichait maintenant un air serein, fière et hautain. Un petit ricanement s'échappa de sa gorge alors qu'un rictus supérieur trônait sur ses lèvres.

- Ares. Commença Ann d'un ton dangereusement calme. Emmène Jarod avec toi et barrez-vous d'ici.

Alors que je pensais qu'il allait rechigner, Ares ne fit qu'hocher la tête, un air bien trop sérieux peint sur ses traits. Il me saisit par le bras et commença à détaler aussi vite que possible. C'était presque impossible pour moi de suivre son rythme, je manquais de m'étaler sur le goudron à chaque pas... Derrière nous, Zelmah pestiférait qu'elle ne nous laisserait pas partir. Ce fut sans compter sur l'intervention d'Ann qui l'envoya à nouveau valdinguer quelques mètres plus loin. Nous réussîmes finalement à quitter cette ruelle sordide, laissant les deux femmes se frapper à mort. Nous courrions à travers les rues à une vitesse folle... Enfin presque... Certains passants nous fixaient, ou nous pointaient du doigt sans que nous prenions la peine de soutenir leurs regards jugeurs et accusateurs. A croire que nous étions les pires criminels de la ville. Quelques minutes plus tard, nous nous trouvions dans ma rue, et peu après je faisais claquer la porte d'entrée dans notre dos. Je ne pris pas la peine de jeter un regard à Ares et montai précipitamment les marches, m'engouffrant dans ma chambre, m'étalant de tout mon long sur le planché. Mes jambes ne me tenaient plus, mon corps s'engourdissait. J'avais terriblement mal et c'est à peine si j'entendis le vampire rentrer dans la pièce. Il s'accroupit à mes côtés, me débarrassant de mon haut tâché de sang. Il grimaça légèrement à la vue de la blessure zébrant mon abdomen, serrant les dents lorsqu'il remarqua les entailles le long de mes flans.

- Faut te soigner au plus vite ou tu te videras de ton sang. Lança-t-il avec un calme déconcertant.

- Rassurant... Soupirais-je dans un faible rictus. Appelle une ambulance...

- Tu seras mort avant qu'elle n'arrive.

Dieu que ce type à un don pour me redonner de l'espoir et du courage. Sentez l'ironie cuisante. Il remonta la manche de son t-shirt, observant ma chambre rapidement avant de se saisir d'une paire de ciseau traînant dans un coin de mon bureau. Il s'assit près de moi à nouveau et commença à s'entailler lui-même le bras.

JarodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant