Chapitre 02

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La bouche pâteuse et la langue engourdit, ce sont les seules choses dont je me rendis compte à mon réveil. Osant ouvrir un œil, je le referme immédiatement, haletant bruyamment. Était-ce un cadavre en face de moi ? Mes paupières s'ouvrent une nouvelle fois, voulant à tout prix en avoir la confirmation.

Une sorte d'être humain trône près de moi, à seulement quelques centimètres, le visage -ou ce qu'il en reste- regardant dans ma direction. Une horrible nausée me prend aux tripes lorsque je détaille plus amplement son corps pourrissant à vue d'œil et ce fut encore pire quand l'horrible odeur de la pièce atteint mes narines à son tour. Pourriture, abandon, tristesse, mort. C'était la caractéristique même des odeurs présentes. Mon corps refusait d'obéir, j'étais incapable de bouger le moindre muscle, me condamnant à fixer mon compagnon de cellule. Le corps n'était plus qu'un tas d'os dont la chair semblait se décrocher pour pourrir sur le sol sale et poussiéreux. Mais le pire n'était autre que son visage. Des yeux morne et vitreux d'une couleur non identifiable, dont les vaisseaux sanguins avaient explosé, tintant le blanc de l'œil de tâches rougeâtres. Des asticots cherchant à se repaître de la chair nasale. Une mâchoire partiellement pourrie et une bouche édenté ouverte au maximum comme voulant hurler une dernière fois.

Je réprime mon envie de vomir et me concentre au maximum pour bouger ne serait-ce que ma jambe. Après plusieurs tentatives et une concentration optimum j'arrive à me hisser sur mes guiboles tremblotantes et scanne la petite pièce du regard. A mon plus grand effroi mon compagnon de cellule n'est pas le seul à me tenir compagnie... Plusieurs corps pourrissant à même le sol avaient été abandonné là, homme, femme et même deux ou trois enfants. Mon rythme cardiaque s'accéléra violemment. Je vais finir comme eux ?

Mis à part les cadavres, la salle était petite, dont la seule issue se trouvait être une lourde porte métallique. Une fine bouche d'aération trônait en haut d'un mur au couleur sombre et la pièce n'était éclairée que par une ampoule pendant lamentablement au plafond, crépitant sans cesse. De quoi rendre claustrophobe n'importe qui.

Enjambant prudemment les défunts, ma main atterrit rapidement sur la clanche de la porte, l'actionnant dans un grincement qui me fit serrer les dents. Je fus tout de même surpris que mon échappatoire ne soit pas verrouillé mais ne m'en formalisai pas plus, souhaitant sortir de cette pièce de malheur. Une fois dans le couloir je pris plusieurs minutes pour remplir mes poumons d'un air sain, non contaminé par la décomposition avancée de cadavres. Un nouveau haut de cœur s'empara de moi, et je dus respirer à fond pour éviter de vomir tripes et boyaux sur le bitume qu'était le sol. Titubant à travers l'allée, je finis par arriver plus ou moins vite dans ce qu'il me semblait être une sorte de salon. Tout était moderne, dans les tons blancs, gris et noirs, cela contrastait énormément avec le couloir juste dans mon dos. Au centre de la pièce se trouvaient deux canapés d'un cuir blanc éclatant, où une table basse en verre trônait entre eux. Un lustre noir pendait juste au-dessus, m'intimidant de par sa grosseur. Un tapis en soyeux poils gris était disposé sous la planche de verre, ainsi que sous les canapés.  Une étagère en bois noir, vernis, d'après le brillant de la chose était disposée à ma gauche. De nombreux vases et cadres vides étaient disposés dessus, rendant la décoration de la pièce encore plus froide. Mais ce que j'aurais dû voir, ce qui aurait dû me sauter aux yeux n'était pas la représentation de la pièce mais la sale gamine à l'origine de tout ce bordel, tranquillement assise sur un des sofas, sirotant un verre remplit d'un liquide rougeâtre aux reflets bruns.

- Ravie de te voir réveillé. Souria-t-elle d'une voix enfantine.

- Je peux savoir c'est quoi ce bordel ?! Hurlais-je en marchant jusqu'à elle à grandes enjambées. Je suis où et comment j'ai atterri ici ?!

Elle m'adressa une moue boudeuse et posa sereinement son verre, m'invitant à s'asseoir à ses côtés. Offre que je me fis un plaisir de refuser, réclamant des réponses immédiates.

- Je t'ai amené ici. Commença-t-elle. Je te l'ai dit, j'ai l'intention de faire de toi mon bouffon personnel.

- Toi ? Tu m'as traîné ici ? Avec ta force de fillette de dix ans ?

Elle se foutait de moi, sans aucun doute, et puis c'est quoi ces conneries de « bouffon » ? Elle m'adressa un sourire cynique et reprit son verre en main, le sirotant lentement, me détaillant de ses yeux bleu ciel. Après deux gorgées de sa boisson pâteuse elle se décida enfin à reprendre la parole.

- Dix ans ? C'est l'âge que tu me donnes ?

- Dix ou douze peu m'importe, je m'en tamponne sévère. Dis-moi comment sortir. Maintenant !

- Ne m'as-tu pas écouté ? J'ai dit que tu serais mon bouffon. Mon serviteur si tu préfères. Alors tu vas rester avec moi. Oh et pour information, j'ai six-cent cinquante ans. Me répondit-elle avec un regard malicieux.

- T'as pété les plombs gamine.

- Adresse-moi un peu plus de respect. Je m'appelle Zelmah Perdersen, mais appelle moi seulement  Zelmah.

Elle avait craqué. La gamine avait clairement un fusible cramé au niveau du moteur principal. Six-cent cinquante ans ? Bien-sûr, et moi je suis un hamster péruvien pendant qu'on y est. Je me suis rué sur elle, la saisissant par les épaules et la secouant comme un prunier, beuglant contre cette idiote. Chose que je n'aurais sûrement jamais dû faire.

Elle me saisit violemment les poignées, stoppant nette mes actions sous mes yeux surpris. J'étais dans l'incapacité de mouvoir mes bras alors qu'elle me les entravaient simplement à l'aide de ses doigts. Son regard dur et glacial s'encra dans mes yeux, avant qu'elle ne me propulse contre l'étagère dans un choc qui me coupa momentanément le souffle. Mon corps s'écrasa à terre bruyamment, et une plainte passa la barrière de mes lèvres, suivi d'un gémissement plaintif. Ne me laissant pas le temps de diriger ce soudain élan de force, Zelmah s'approcha de moi, s'accroupissant à mes côtés, posant ses lèvres rougies par son breuvage à la base de mon cou, remontant le long de ma jugulaire.

- Ne t'ai-je pas dit de me montrer un peu plus de respect ?

Sans me permettre de répondre, elle me fit face et ses yeux changèrent radicalement de couleur, passant du doux bleu à un violet métallique captivant. Mes yeux s'écarquillèrent et je crus bien qu'ils allaient sortirent de leurs orbites lorsqu'elle m'adressa un sourire dévoilant ses dents. Ses canines inférieurs et supérieures ainsi que ses secondes incisives supérieurs s'étaient inexplicablement allongées et aiguisées. Avant que la panique ne prenne définitivement possession de moi, elle plongea brutalement dans mon cou, mordant à pleines dents dans ma jugulaire. Tandis que je cherchais à l'arracher de ma gorge, je sentis rapidement que quelque chose s'extirpait de mon corps.

Mon sang était en train de se faire la malle.

Glapissant de peur et gigotant d'inconfort mes yeux se mirent à se voiler légèrement et ma tête semblait peser vingt tonnes avant que cette dernière ne se mette à dangereusement tanguer. Heureusement que j'étais déjà au sol, sinon je pense que je me serais effondré comme une marionnette désarticulée dont on aurait coupé les fils. Au bout d'une minute ou deux, mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes, me laissant le loisir d'admirer la noirceur de la mort. Juste avant de sombrer lourdement un chuchotement parvint à mon esprit.

« Tu revivras sous un nouveau jour, ne t'en fait pas. »

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Bien le bonjour ! J'espère que vous avez passé une bonne semaine. Me revoilà avec un nouveau chapitre, que je trouve -franchement- nul. Mais bon, à chaque fois que j'essayais de le réécrire c'était pire, donc on va rester sur cette version. J'espère qu'il ne vous décevra pas tant que ça...

N'hésitez pas à commenter, je ne mords pas promis !

Sur ce, je vous retrouve la semaine prochaine pour un nouveau chapitre.

~ Nessyaa

JarodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant